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General Electric continue sa percée dans l’IT

GE veut faire partie du Top 10 de l’IT B2B d’ici 2020. Le groupe, qui génère déjà 7 milliards de CA autour de sa plateforme Predix, a dévoilé son plan d’action lors de sa conférence Minds + Machines et est revenu sur son pilote de maintenance prédictive avec BP.

General Electric a annoncé deux acquisitions : Wise.io, un spécialiste du Machine Learning, et Bit Stew dans l’ingestion de données. Le géant industriel a déjà dépensé 2 milliards de dollars en rachats pour alimenter sa stratégie de croissance, organique ou non. Pour mémoire, GE avait aussi déboursé 915 millions pour ServiceMax - dans les field services (interventions terrain) – et 496 millions pour Meridium - dans la gestion prédictive des biens.

GE n’est pas là pour « faire cool »

Toutes ces acquisitions montrent la volonté GE de renforcer sa plateforme analytique Predix. Dans la présentation d’ouverture de sa conférence Minds + Machines qui s’est tenu à San Francisco, le PDG de GE Jeff Immelt l’a confirmé.

Pour lui, ce concept de plateforme, répandu dans la Silicon Valley, l’est beaucoup moins dans le milieu industriel où les entreprises luttent pour maintenir leurs marges. Désormais à la croisée des deux mondes, GE espère combler ce vide et devenir un fournisseur incontournable de solutions logicielles et de services IT pour le secteur industriel, tout en devenant le cœur d’un écosystème dédié à l’accompagnement de ces entreprises.

« Notre job c’est de créer plus de productivité avec une combinaison de produits physiques et analytiques », résume Jeff Immelt. La concurrence sera rude mais peu importe « Nous sommes là pour gagner ».

La clef du projet sera d’arriver à se positionner comme acteur central dans les machines connectées. Les vraies machines. Pas les gadgets. « Le gagnant [de cette compétition] sera celui qui sera capable de prendre un actif et de le rendre plus efficace. Je ne pense pas que ce sera un monde dominé par des start-ups. Il le sera pas des entreprises industrielles, qu’elles soient grandes ou petites. Il ne s’agit pas d’être cool. Là on parle de productivité, de business, de différencier ses produits pour distancer la concurrence », lance Bill Ruh, Chief Digital Officer de GE, également à la tête de GE Digital- le bras IT armé du groupe.

Des jumeaux numériques

Aujourd’hui, GE se voit comme un concurrent direct des géants de l’IT B2B, en premier lieu IBM et son AI Watson ou SAP et HANA, dont une des applications majeures est la maintenance prédictive.

De son côté Gartner pense que beaucoup d’industriels vont collaborer ou passer des alliances pour créer des plateformes IT et collaboratives pour appuyer leurs transformations numériques. Entre elles mais aussi avec des acteurs spécialisés.

Un peu plus tôt cette année, GE a lancé un programme pour développer son propre écosystème. Parmi ses partenaires : HPE, Dell, des cabinets de conseils et quelques start-ups.

L’approche originale de GE consiste à faire une représentation du réel – un jumeau numérique (ou « Digital Twin ») – et à simuler son environnement. Cette modélisation – d’une turbine ou d’une centrale dans son ensemble par exemple – permet par la suite d’en reproduire virtuellement le fonctionnement et de prédire à l’avance les besoins d’interventions.

Cette méthode proactive diffère sensiblement de celle d’un IBM ou d’un SAP qui analysent les remontées d’informations des machines, dans une optique plus réactive.

BP, poisson pilote de Predix

D’après Bill Ruh, GE opère actuellement plus de 550.000 jumeaux numériques. Dont ceux de la compagnie pétrolière BP venue témoigner tout le bien qu’elle pensait de Predix et de cette méthodologie. Mais en prévenant également que pour bénéficier des atouts du numérique, « il faut voir plus grand, faire évoluer les procédures et changer d’état d’esprit ».

BP n’en est pas à son coup d’essai puisque l’entreprise utilise depuis des années les modélisations 2D et 3D et le HPC pour analyser les mouvements sismiques et trouver des réserves de gaz et de pétrole. L’étape suivant, en cours, est d’optimiser ses actifs. « Aujourd’hui, nous n’utilisons réellement que 5% des données émises par nos plateformes [physiques] » regrette Ahmed Hashmi, Global Vice-President of Upstream Technology chez BP.

Pour y remédier, BP a débuté la semaine dernière un projet pilote sur sa base pétrolière offshore dans le Golf du Mexique. Le projet consiste à utiliser Predix Asset Performance Management, couplé à des tableaux de bord réalisés avec GE.

Le logiciel, baptisé GE Plant Operations Advisor, fonctionne un peu comme un dashboard IT, qui vérifie en temps réels les vulnérabilités ou les menaces. Il permet ainsi d’identifier les problèmes potentiels qui pourraient aboutir à une interruption – ou une diminution - de l’exploitation. « On analyse aujourd’hui toutes les données qu’on a pour trouver des signes cachés qui nous permettront d’agir et d’agir plus vite », espère Ahmed Hashmi.

Si le pilote de maintenance prédictive et de Smart Manufacturing se montre concluant, BP espère généraliser le déploiement de Predix APM à toutes ces bases, ce qui serait le plus gros projet de GE en la matière.

GE Digital, un éditeur à 7 milliards de CA

Plus globalement, GE Digital a généré 5 milliards de chiffre d’affaires en 2015 (+22% par rapport à 2014) et vise les 7 milliards cette année.

A l’horizon 2020, GE prévoit non plus 10 milliards mais 15 milliards de revenus. On est encore loin des 37 milliards d’Oracle ou des 20,7 milliards de SAP en 2015, mais la présence des grands noms IT au Minds + Machines montre que ces acteurs regardent de près GE et ne le prennent surtout pas de haut.

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