Logiciel : Microsoft domine un marché français qui se structure autour du Saas

Le marché du logiciel est porté par des ténors du secteur qui continuent de se convertir au Saas. Microsoft reste le n°1 en termes de CA, devant SAP et Oracle.

Microsoft, SAP, Oracle : sans surprise, ce trio de ténors du l’IT forme en 2016 les trois premiers éditeurs en France en termes de revenus, a révélé le cabinet d’analystes Pierre Audoin Consultants (groupe CXP), dans son dernier comptage. Aussi dynamique soit-il,  ce marché du logiciel hexagonal, qui a atteint 12,9 milliards d’euros l’année dernière, reste sujet à une mutation évidente de sa structure. Car si aujourd’hui ce sont des éditeurs historiques qui trustent ce segment, c’est bien le Saas qui le tracte, au détriment des activités plus traditionnelles.

Avec une progression de 28% en 2016, le segment du Saas est aujourd’hui le moteur principal du logiciel en France et pousse l’ensemble du marché à lui-seul vers la croissance (+4,1% en 2016), rappelle Olivier Rafal, vice-président Digital Business Innovation chez PAC.  Comme par effet de levier. D’ailleurs, la croissance la plus forte du secteur en 2016 est enregistrée – logiquement – par Salesforce. Avec une hausse de 37% de ses revenus liés au logiciel en France, l’éditeur affiche un CA de 227 millions d’euros. Le groupe se classe 8e du classement PAC. L’autre exemple révélateur vient d’Adobe qui a placé l’ensemble de son portefeuille dans le Cloud. L’éditeur de la Creative Suite affiche une progression de 17% à 232 millions d’euros.

Des gros moins gros

Autre conséquence, avec cette montée du Saas, la part des 10 premiers éditeurs sur le marché du logiciel en France continue de diminuer. Comme rattrapé par des éditeurs certes plus petits, mais dont la transition vers le Cloud a été plus rapide. De 48,8% en 2014, le Top 10 des éditeurs ne compte plus que pour 44,7% en 2017.

Ainsi, si Microsoft domine encore largement le segment du logiciel en France, avec un CA de 2,11 milliards d’euros, l’éditeur recule de 1% en un an. En cause, souligne Olivier Rafal, la chute des logiciels traditionnels d’infrastructure que les ventes de Saas ne compensent pas encore. Le CA associé à SQL Server, Windows Server ainsi que des outils de stockage et d’administration recule de 8% en 2016, alors que le CA du Saas croit de 50% sur la même période. Signe que la transition est bien en cours. « Microsoft se concentre aujourd’hui beaucoup du Azure », commente l’analyste.

Cette mutation est également présente chez SAP, qui n’affiche qu’un petit 3% de croissance dans le logiciel en 2016, pour un CA de 890 millions d’euros. Comme pour les éditeurs historiques du secteur, SAP connait lui aussi une importante mutation et doit gérer la fin de vie de R3 tout en proposant un nouveau modèle, constate encore Olivier Rafal. L’éditeur allemand a investi le Cloud à coup d’acquisitions (Ariba et SuccessFactors par exemple), mais doit encore gérer une base existante qu’il pousse à la migration vers S4/Hana. Une quête difficile, car les entreprises ne considèrent aujourd’hui cette applicatif que « doucement », souligne l’analyste. « On observe beaucoup de PoC, de tests et d’évaluation de S4/Hana, mais peu de déploiements en production. Les entreprises y vont si la contrainte technique est forte. » SAP est donc davantage dans une logique de maintenance évolutive de son parc que dans les projets innovants, ajoute-t-il encore.

Si Oracle, avec un CA en hausse de 10% (721 millions d’euros) en 2016 en France, profite de son empreinte dans la donnée pour entrer dans les projets innovants de transformation numérique, IBM de son côté, subit actuellement sa transformation avec un recul de 4% (pour un CA de 505 millions d’euros). « Si sur le papier, la stratégie est claire, IBM peine dans l’exécution et la mise en œuvre », constate Olivier Rafal, qui rappelle que chez Big Blue, le logiciel s’articule désormais autour de Watson et Bluemix. Toutefois, le groupe parvient encore à limiter son recul avec des activités récurrentes dans des segments historiques, comme les mainframes ou encore la BI (avec Cognos).

Enfin, Dell EMC, 5e, semble profiter de sa fusion dans l’Hexagone, et affiche une croissance de 19% dans le logiciel en France. Le groupe a généré 371 millions d’euros grâce aux logiciels d’infrastructure qui portent notamment le Cloud (stockage, réseau et système) et aux outils de gestion de données et de BI (comme Toad, Boomi ou Statistica, par exemple, chez Dell). Les solutions de virtualisation d’EMC ont fortement contribué à l’ensemble. Notons que ce classement ne prend pas en compte les outils de gestion documentaire de Documentum – revendus à OpenText.

Le Saas va modifier le classement

Reste qu’à terme, ce classement pourrait bien se trouver modifier avec la montée très forte du Saas et des éditeurs qui ont appris à dompter le modèle. Par exemple, note Olivier Rafal,  si Microsoft domine largement le segment du logiciel en France, l’éditeur de Redmond est « au coude à coude » avec Salesforce dans le Saas pur, assure l’analyste - même si l’éditeur enregistre une croissance de 50% de ses revenus liés au Saas dans l’Hexagone.

Autre exemple, Dassault Systèmes, premier éditeur français, se classe 9e du classement avec une hausse de 11%, mais perd 2 places comparé à 2015. L’éditeur n’a que faiblement amorcé une transition vers le Cloud.

En revanche, Cegid, qui a transféré ses activités vers le Cloud, connait une croissance de 13% en 2016 pour un CA de 201 millions d’euros. Encore derrière Dassault Systèmes donc, mais d’ici 1 ou 2 ans, l’éditeur pourrait bien creuser l’écart, note l’analyste.

Parmi les autres français du classement, Sopra Steria se classe à la 12e place avec ses offres HR Access et ses solutions pour le secteur bancaire. GFI profite de son empreinte dans le secteur public pour atteindre la 15e place.

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