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Avec le rachat de Cavium, Marvell vise le marché des datacenters et des télécoms

Connu pour ses puces de stockage, ses puces de commutation Ethernet et ses processeurs embarqués, Marvell va racheter Cavium pour 5,5 Md$. Une acquisition qui va apporter à la firme les puces serveurs 64 bit ARM Thunder X, les contrôleurs Ethernet QLogic, les cartes CNA d'Emulex ainsi qu'une gamme complète de puces réseau.

Marvell et Cavium ont annoncé cette semaine être parvenus à un accord pour une fusion qui va donner naissance à un nouveau géant des semiconducteurs. Le rachat par Marvell valorise Cavium aux environs de 6 Md$ (dont 5,5 milliards en numéraire et en actions), le solde correspondant à la reprise de la dette du fondeur (environ 640 M$). Après la fusion, les actionnaires actuels de Cavium contrôleront environ un quart du capital de la nouvelle entité.

Marvell s’est fait un nom dans l’industrie des semiconducteurs pour ses contrôleurs de stockage (SATA, SCSI, NVMe). Il est aussi connu pour ses puces de commutation Ethernet (la ligne Prestera née de l’acquisition de Galileo Technology au début des années 2000) et pour ses puces Wi-Fi et Bluetooth. La firme est également active sur le marché des processeurs ARM embarqués avec sa ligne Armada (héritée du rachat de l’activité XScale d’Intel en 2006).

Le stockage représente actuellement plus de 50 % de ses revenus contre 25 % pour les puces Ethernet (contrôleurs et puces de commutation) environ 14 à 15 % pour les puces de communication et 8 à 9 % pour les processeurs embarqués et autres produits.

Un rachat qui devrait transformer Marvell en profondeur

Marvell sort d’une passe difficile liée en partie à sa dépendance vis-à-vis du marché des contrôleurs disques et des puces pour disques durs. La firme a atteint son apogée au cours de son année fiscale 2015 (achevée le 31 janvier 2015) avec un CA de 3,64 Md$ et un bénéfice de 435 M$, avant de connaître une année fiscale 2016 calamiteuse, qui a vu son chiffre d’affaires plonger à 2,65 Md$ et son bénéfice se transformer en une perte massive de 811 M$. L’année fiscale 2017 a été celle de la stabilisation avec un CA de 2,32 Md$ et un maigre bénéfice de 21,1 M$.

Au cours du premier semestre de son année fiscale en cours, Marvell a renoué avec la croissance et a réalisé un CA de 1,17 Md$ pour un bénéfice net de 235 M$.

Le rachat de Cavium est le plus important pour Marvell depuis celui de Galileo Technology en 2000, un rachat à 2,7 Md$, qui lui avait ouvert le marché de la commutation Ethernet. Galileo avait alors conçu le premier Asic de commutation intégré et fournissait par exemple des constructeurs comme Cisco ou HP.

L’opération pourrait transformer en profondeur le profil de la société. Cavium est en effet connu pour ses solutions haut de gamme en matière de processeurs (Thunder X), de puces de commutation Ethernet (gamme XPLiant) et de puces de filtrage (firewall, sécurité, DPI…).

Cavium : un portefeuille complet de composants pour serveurs et équipements réseaux

La firme a aussi développé un portefeuille complet de processeurs ARM 64 bit pour serveurs et appliances. La seconde génération de ses puces Thunder X est par exemple déjà utilisée par HPE, par Atos/Bull (pour le projet Mont-Blanc) ou par Cray dans le monde des serveurs pour le HPC. Plusieurs clouds publics, comme celui du français Online (Scaleway), offrent aussi des services IaaS ARM 64 bit basés sur des puces Thunder X. Enfin, toujours du côté serveur, Cavium apporte aussi un savoir-faire reconnu en matière de contrôleurs réseau et Fibre Channel hérité des rachats de QLogic et Emulex.

La fusion entre les deux sociétés est prévue à la mi-2018 et devrait donc permettre à Marvell d’accélérer son développement sur le marché de l’infrastructure avec deux axes clés : celui des datacenters cloud et des datacenters d’entreprises et celui des infrastructures pour opérateurs télécoms, fixes et mobiles.

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