Aconex : Oracle rachète un BIM en mode SaaS

Mais le plan du géant de l’IT pourrait aller au-delà du seul domaine de la construction dans un contexte où la gestion de projets inter-entreprises se généralise, petit à petit, à tous les domaines industriels.

Oracle va racheter Aconex pour 1,2 milliards de dollars. Aconex est l’éditeur australien d’une solution 100% Cloud de gestion de projets pour le secteur de la construction. Ses outils - principalement BIM, gestion de Workflow, gestion documentaire, et PPM - sont utilisés dans plusieurs projets mondiaux dont un des plus emblématiques est l'extension du canal de Panama.

Il revendique un CA de 160 millions de dollars pour une résultat net négatif d’environ 10 millions cette année mais positif l’année passée.

Un marché de 14 billions

Le vote définitif des actionnaires d’Aconex sur l’offre aura lieu en mars, mais on peut penser qu’elle sera acceptée vu le prix proposé.

Même si le prix déboursé n’est pas astronomique pour Oracle, il montre que le géant voit dans sa nouvelle solution SaaS un potentiel très important.

« Avec Aconex, nous faisons progresser considérablement notre offre de gestion de projets Cloud pour une industrie dont le marché s’élève à 14 billions de dollars » se félicite Mike Sicilia, SVP en charge de l’unité Construction & Engineering Global Business d’Oracle.

D’autant plus que le plan d’Oracle pourrait bien être plus large.

L’ère de l’inter-entreprise

Les solutions informatiques se sont, jusqu’ici, concentrées sur la gestion d’une entreprise. Mais l’évolution économique - mondialisation, division des tâches de plus en plus poussée dans la conception des produits - ont amené les organisations à collaborer de plus en plus avec des acteurs extérieurs.

Cette évolution se traduit aujourd’hui par l’avènement de solutions IT qui ne sont plus intra-entreprises (comme un ERP dont le but est de gérer les besoins d’une seule entreprise) mais inter-entreprises.

Ces nouveaux besoins se sont déjà incarnées dans le rachat de Ariba par SAP voire de Concur ou de GT Nexus par Infor. SAP parle même désormais de Business Network.

Le cabinet Gartner évoque pour sa part depuis cette année le concept de Mesh (maillage) pour décrire cette évolution.

Au-delà du BIM ?

S’il y a bien un secteur dans lequel la collaboration inter-entreprise a connu un décollage, c’est celui de la construction avec le concept de BIM. Le Building Information Management permet en effet de centraliser toutes les données sur un bâtiment - de la conception sur plan par l’architecte jusqu’aux interventions d’entretien une fois la construction achevée. Il organise tous les participants du projet et sédimente ensuite les informations pour couvrir tout le « cycle de vie » jusqu’à la destruction de la réalisation.

L’expertise de points dans ce type de gestion de projet pourrait donc s’étendre - sur le papier - à d’autres secteurs. C’est ce explique l’intérêt d’Oracle pour Aconex.

L’australien possède un atout supplémentaire aux yeux d’Oracle - en pleine mutation vers le Cloud : sa solution est 100% SaaS. Comme GT Nexus, Ariba et Concur.

Oracle ne possédait pas jusqu’ici de vraie réponse à ces offres sur le terrain inter-entreprise. Avec ce rachat, Oracle ne tient pas encore totalement sa réponse. Mais il a mis la main sur une plateforme et des experts dont les savoir-faire devraient - s’il le souhaite - lui permettre d’en concevoir une sur le moyen terme.

L’option Blockchain

A l’OpenWorld 2017, le géant de l’IT avait également évoqué la Blockchain comme une solution qui permettrait à terme de connecter des SI de différentes organisations sans que celles-ci n’aient besoin de dévoiler la totalité de leurs données les unes aux autres, ni d’avoir à communiquer les spécificités de leurs systèmes de gestion de données.

Une couche d’intégration agnostique entre entités concurrentes en quelque sorte.

Ceci étant, le problème des technologies blockchain, disait clairement Oracle, est qu’elles ne sont pas encore totalement prêtes pour la mise en production à très grande échelle. Elles sont prometteuses, mais avec une maturité encore lointaine (3 à 5 ans). « C’est la prochaine, prochaine révolution » (sic), résumait Mark Hurd en conférence de presse.

En clair, le délai est beaucoup trop long pour un acteur comme Oracle dont le but est de fournir « hic et nunc » des solutions fonctionnelles aux grands groupes (ceux les plus concernés par l’inter-entreprise). Dans cette optique, Aconex pourrait diminuer le « go to market » d’une solution maison inter-entreprise. A suivre donc.

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