Cloud : les 5 situations dans lesquelles il n’est pas adapté

Cet article examine les cas dans lesquels le cloud ne constitue pas forcément le meilleur choix. À cause de son coût, de son manque d’adéquation avec les applications, de sa gestion compliquée, de la protection de ses données et des besoins particuliers de l’entreprise.

Pour un nombre croissant d’entreprises, l’option par défaut pour les nouveaux projets informatiques est l’exécution en cloud, avec du stockage en cloud. Même les entreprises les moins téméraires ont fini par adopter des stratégies dites « cloud first » ou « préférence au cloud ».

En effet, les startups et les entreprises à croissance rapide peuvent mettre en place une infrastructure dans le cloud qu’il serait difficile de déployer autrement. La promotion du cloud est même faite à présent par les fournisseurs d’infrastructures sur site quand ils voient le moyen de pérenniser leurs licences. Pourtant, le cloud n’est pas toujours le bon choix.

Ce sont les DSI qui ont été les premiers à nuancer leur enthousiasme pour ces infrastructures en ligne, nombre d’entre eux constatant que les offres ne sont pas aussi bon marché – ni même aussi flexibles – qu’on le disait. Dans certaines situations, le cloud présente même suffisamment de défauts pour le rendre inapte au projet d’une entreprise.

Quand l’utilisation des ressources n’est pas maîtrisée

L’un des principaux attraits du cloud est l’économie qu’il est censé permettre de réaliser. Sauf que son modèle économique… ne permet pas toujours de réduire les coûts. En fait, pour certaines charges de travail et certains types d’opérations, le cloud s’avère plus cher que les systèmes sur site, qu’ils soient dans un centre de données en propre ou en colocation.

C’est notamment le cas des machines virtuelles en cloud, dont il est difficile de savoir quand on peut les éteindre. En effet, les entreprises paient un supplément pour la flexibilité du cloud – en l’occurrence la possibilité de décommissionner des ressources pour qu’elles ne soient pas facturées quand personne ne les utilise. Mais, au fil du temps, ces ressources désactivables peuvent se révéler plus chères que celles qui restent opérationnelles en permanence sur site. Et pour cause : elles restent aussi allumées en permanence dans le cloud.

« Parallèlement, l’utilisation du cloud a entraîné une prolifération d’applications, sans que personne n’évalue réellement au départ combien elles allaient coûter en plus. Tout cela a eu pour effet de faire exploser les coûts du cloud. »
Jon CollinsAnalyste, GigaOM

Selon Jon Collins, analyste au bureau d’études GigaOM, le problème réside dans le manque de planification et de discipline quant à l’utilisation par une entreprise des ressources en ligne. « Les ressources en cloud ne permettent pas elles-mêmes d’économiser de l’argent, mais elles ont toujours été perçues et commercialisées comme étant moins chères. Ce sentiment a conduit à un certain laisser aller », explique-t-il.

Et selon lui le problème des ressources jamais éteintes n’est qu’un point de départ. « Il y a aussi des charges de travail peu adaptées qui ont été transférées en cloud non seulement sans générer de gains, mais aussi au prix de migrations (fort) coûteuses. Parallèlement, l’utilisation du cloud a entraîné une prolifération d’applications, sans que personne n’évalue réellement au départ combien elles allaient coûter en plus. Tout cela a eu pour effet de faire exploser les coûts du cloud. »

Il indique que la croissance des solutions FinOps en entreprise témoigne que les DSI essaient de rattraper leur retard en matière de gouvernance budgétaire.

Quand les applications ne sont pas conçues pour le cloud

La migration d’applications qui n’ont pas été conçues pour le cloud entraîne souvent des problèmes de performance et des coûts plus élevés.

Certaines applications sont par nature plus difficiles à exécuter efficacement dans un environnement cloud. Il s’agit notamment des charges de travail qui font un usage intensif de bases de données, qui sont très gourmandes en entrées/sorties (E/S) ou qui nécessitent des connexions en dehors du cloud, qu’il s’agisse d’objets connectés ou de personnels devant faire des manipulations sur une interface.

Les charges de travail qui nécessitent une connectivité très robuste sont généralement mieux exécutées sur un réseau local ou dans un centre de données que via une connexion Internet publique vers le cloud. Il s’agit par exemple des ERP, de logiciels de gestion de la chaîne logistique, ainsi que des applications critiques : financières, de soins de santé, de transport, d’infrastructures.

Les performances peuvent également être affectées lorsqu’une application réunit les bonnes caractéristiques pour fonctionner en cloud, mais qu’elle n’est pas optimisée pour cela. L’optimisation passe par une réécriture de ces applications en vue d’une utilisation efficace des ressources en cloud. En général, il s’agit de passer d’un fonctionnement en machine virtuelle à un fonctionnement éclaté sur plusieurs containers applicatifs. Cependant, si ces applications fonctionnent déjà très bien sur site, cette réécriture paraîtra fort coûteuse et contraignante.

Quand l’optimisation pointue des ressources est nécessaire

Du point de vue de l’administration des ressources, l’infrastructure en cloud nécessite des outils et des compétences adaptés.

En général, un service informatique dispose des compétences adéquates pour optimiser l’utilisation de son infrastructure de stockage interne. Il connaît en détail le fonctionnement de ses baies SAN et NAS sur site et il sait comment en tirer le meilleur parti.

En cloud, les administrateurs ont un contrôle moins granulaire sur les ressources informatiques qu’ils exploitent. Et si les fournisseurs de cloud ont amélioré leurs outils d’administration, les possibilités d’optimisation offertes se limitent à adapter des charges de travail « moyennes » aux autres services en ligne de ce même fournisseur.

Par conséquent, affiner le fonctionnement de l’infrastructure en cloud revient souvent à multiplier les outils, en allant fouiller dans ce que proposent des prestataires tiers. Mais il faut aussi comprendre comment fonctionnent les niveaux de performance, la disponibilité et la provision de nouvelles ressources chez le fournisseur de cloud. Mais comme les niveaux d’informations peuvent varier d’un outil à l’autre, la gestion dans son ensemble n’en est que plus complexe.

Les analystes soulignent également que les applications « cloud-native » peuvent être plus complexes que les systèmes conventionnels sur site, et donc qu’elles consomment plus de ressources pour être administrées.

Les DSI doivent également faire face à une perte de contrôle sur les ressources informatiques, notamment quand les directions prennent l’initiative de souscrire à des applications en SaaS sans nécessairement en informer le service informatique. Il faut dès lors administrer des ressources…, que l’on ne connaît pas.

Quand la sécurité et la souveraineté ne souffrent d’aucune lacune

La sécurité et la conformité sont des domaines dans lesquels les fournisseurs de cloud ont abondamment comblé leur retard par rapport aux solutions sur site.

Les fournisseurs de cloud ont beaucoup investi dans la sécurité au cours de la dernière décennie. Leur taille et leur envergure leur permettent d’attirer les meilleurs talents et de déployer les meilleures technologies défensives. Ils ne peuvent pas se permettre d’être victimes de cyberattaques et leurs mesures de sécurité sont aujourd’hui équivalentes ou supérieures à celles des entreprises les plus soucieuses de leur sécurité.

Néanmoins, le passage au cloud présente encore des inconvénients du point de vue de la protection des données et de la conformité. Lorsque l’on dit que les services en cloud sont conçus pour la résilience et offrent des niveaux élevés de disponibilité, cela concerne l’infrastructure sous-jacente. En revanche, ces services offrent moins de protection – voire aucune – concernant les fichiers stockés par l’utilisateur, de sorte que les entreprises doivent toujours investir dans la sauvegarde, la récupération et la protection des données.

Les clients doivent également tenir compte de l’endroit où les données sont stockées. Les événements géopolitiques, ainsi que la législation et la réglementation, ont fait de la souveraineté des données un enjeu majeur. Et pas seulement dans des secteurs tels que la santé ou la banque. Bien que les hyperscalers proposent des solutions, il existe des cas pour lesquels le plus simple reste de stocker les données sur site.

Quand le cloud ne répond pas spécifiquement à une stratégie d’entreprise

Le plus grand inconvénient du cloud n’est sans doute pas d’ordre technique. Il réside dans le fait que les entreprises ne parviennent pas à aligner l’utilisation de ressources en ligne et leurs objectifs commerciaux. Cela peut causer ou exacerber des difficultés financières, opérationnelles ou de protection des données.

Ce n’est pas que le cloud ne soit pas une bonne solution, mais il est souvent appliqué aux mauvais problèmes de l’entreprise et de manière à ne pas tirer le meilleur parti de ses avantages.

« Les entreprises ont considéré le cloud comme un moyen de favoriser la transformation numérique », explique Jon Collins. « Cela ne pourra jamais être vrai sans une véritable stratégie de transformation de la part de l’entreprise. Pour que le cloud soit la solution, il doit être adopté pour concrétiser un nouveau processus dans l’entreprise, ce qui signifie que l’entreprise au sens large doit s’impliquer dans la transformation de ses processus. »

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