Les différents visages de l'analytique augmentée

Voici les cinq principaux cas d'utilisations actuels de l'analytique augmentée dont votre entreprise pourrait tirer parti. Ils vont de la préparation des données, aux requêtes en langage naturel en passant par l'automatisation et la réutilisation d'analyses.

« L'analytique augmentĂ©e Â» amĂ©liore le traitement statistique des donnĂ©es, collectĂ©es en continu, grâce Ă  des fonctionnalitĂ©s avancĂ©es qui permettent aux analystes BI et aux utilisateurs mĂ©tier d'accĂ©der plus facilement aux enseignements issus de ces donnĂ©es (les insights). Parmi ces fonctionnalitĂ©s, on trouve Ă©videmment l'intelligence artificielle (dont le Machine Learning), mais aussi l'automatisation et ou l'informatique cognitive avec le traitement du langage naturel (NLP) qui facilite les requĂŞtes.

« Au cours des dix dernières annĂ©es, nous avons assistĂ© Ă  une telle explosion des donnĂ©es provenant de tant de sources diffĂ©rentes que, quelles que soit leurs tailles, les entreprises ont besoin d'aide pour organiser et comprendre ces donnĂ©es Â», avance Ben Gaines, directeur produit Adobe Analytics Cloud.

Et effectivement, ce besoin semble se traduire par une croissance Ă©norme de la demande. Selon Market Research Future, le marchĂ© mondial de l'analytique augmentĂ©e devrait croĂ®tre de 24 % par an jusqu'en 2023, date Ă  laquelle il devrait atteindre les 13 milliards de dollars.

Quoi qu'il en soit, les améliorations concrètes apportées par l'analytique augmentée peuvent se classer en cinq grandes catégories.

I - Data Preparation

« L'analytique augmentĂ©e diminue le nombre de processus laborieux, que nĂ©cessite la prĂ©paration des donnĂ©es et qui doivent ĂŞtre refaits Ă  chaque fois que les analystes reçoivent un nouveaux jeu de donnĂ©es Â», explique Krzysztof Surowiecki, directeur chez Hexe Data.

D'après lui, les analystes passent gĂ©nĂ©ralement 80 % de leur temps Ă  « nettoyer Â» les donnĂ©es dans un ETL.

L'analytique augmentée peut diminuer ce pourcentage en automatisant ces processus. De cette manière, les experts peuvent consacrer plus de leur temps à l'analyse en tant que telle, pour générer de vrais enseignements et proposer des recommandations.

II - AmĂ©lioration de la « questionnabilitĂ© Â» des donnĂ©es

Un autre but de l'intelligence artificielle infusĂ©e dans l'analytique est d'amĂ©liorer la « questionnabilitĂ© Â» des donnĂ©es, selon Ben Gaines (en V.O. « queryability Â»). Ce nĂ©ologisme signifie qu'il est plus facile pour tous les utilisateurs de poser des questions et d'interagir avec les donnĂ©es.

« Le NLP est vraiment utile ici Â», constate Ben Gaines. « Le fait de pouvoir taper une question ou de la poser oralement, dans les deux cas en langage naturel, et de disposer d'un outil qui "traduit" cela en requĂŞte qui elle-mĂŞme gĂ©nère un rĂ©sultat pertinent, signifie que les personnes - qui ne savent pas nĂ©cessairement comment appliquer un filtre ou ajouter une dimension Ă  un rapport - peuvent maintenant commencer Ă  analyser leur activitĂ© en s'appuyant rĂ©ellement sur les donnĂ©es ».

Un bon exemple est la compagnie d'assurance Allianz Italie. Cette sociĂ©tĂ© a construit une plate-forme - appelĂ©e Allianz Virtual Advisor - avec l'analytique augmentĂ©e de la startup iGenius. La plateforme permet aux agents d'interroger leurs smartphones sur des indicateurs - comme le suivi des revenus, la performance d'un produit particulier ou les profils de clients -  en utilisant la voix ou des requĂŞtes textuelles comme s'ils parlaient Ă  leur tĂ©lĂ©phone.

III - Permettre l'avènement des « Citizen Data Scientists Â»

Cette meilleure « questionnabilitĂ© Â» permet Ă  la fois aux professionnels de l'analytique de creuser davantage dans les donnĂ©es tout en Ă©largissant la base utilisateurs de la BI. En d'autres termes, l'analytique augmentĂ©e est essentielle pour permettre la dĂ©mocratisation et donc l'avènement du « Citizen Data Scientist Â».

« Les entreprises vont pouvoir embaucher des profils moins techniques, qui comprennent les mĂ©tiers et qui pourront tout de mĂŞme faire des recommandations en s'appuyant sur les donnĂ©es Â», explique Krzysztof Surowiecki. « C'est un changement très intĂ©ressant que nous allons certainement observer dans un avenir proche Â».

Lorsqu'elle est bien employĂ©e, l'IA devrait offrir aux employĂ©s lambda - non experts de la data - une manière beaucoup plus confortable de consulter les analyses qui ont Ă©tĂ© créées pour eux, ajoute Ben Gaines.

« Les tableaux de bord statiques ne suffisent souvent pas Ă  rĂ©pondre Ă  des questions pointues et complexes Â», constate pour sa part Ben Gaines. « L'Intelligence Artificielle et le Machine Learning contribuent Ă  trouver quelle est la bonne question Ă  se poser dans un deuxième temps pour approfondir l'analyse. [...] D'un coup, les capacitĂ©s analytiques deviennent bien plus que des graphiques Ă  colonnes ou des camemberts - elles se transforment en une conversation entre les mĂ©tiers et la donnĂ©e qui leur permet d'avoir des rĂ©ponses Â».

IV - Exploiter et pérenniser les patrimoines de connaissances

Dans de nombreuses entreprises industrielles, le vieillissement de la main-d'œuvre commence à devenir une préoccupation stratégique, analyse Heena Purohit, chef de produit principal IBM Watson IoT. Une grande partie de cette main-d'œuvre expérimentée prendra sa retraite dans les cinq à dix ans.

« Les entreprises sont Ă  la recherche de moyens pour conserver leurs patrimoines de connaissances et d'expertises. L'intelligence augmentĂ©e peut les aider Â», avance-t-elle.

Dans le secteur de l'industrie, les clients IBM peuvent utiliser les capacités NLP d'un produit Watson baptisé Equipment Maintenance Assistant (Assistant de maintenance des équipements). Watson compulse des données structurées et non structurées contenues dans une multitude de documents qui vont des manuels, aux normes réglementaires et aux procédures de sécurité, en passant par les rapports et les journaux de travail. Sur la base de ces données historiques ingérées, l'assistant est en mesure de répondre aux questions posées par les techniciens de maintenance et d'exploitation.

Une société pétrolière et gazière australienne a par exemple demandé à cette fonction d'analytique augmentée d'ingérer 30 ans de connaissances en ingénierie de forage pour aider ses techniciens novices à prendre de bonnes décisions dans des projets complexes.

V - Automatisation de la production des enseignements

Autre application de l'analytique augmentée : l'automatisation des analyses. L'idée est d'avoir des outils d'apprentissage statistique (Machine Learning) réutilisables dans différents cas connexes. Le but est d'accélérer des processus qui prendraient des mois à refaire depuis une page blanche par une équipe de Data Scientists.

Par exemple, Adobe a dĂ©veloppĂ© un outil appelĂ© Segment IQ qui lance la comparaison de deux groupes de clients sur des centaines de dimensions diffĂ©rentes, et cela en cliquant sur un seul bouton. Cet outil permet de confirmer - ou de rĂ©futer - les intuitions des managers en seulement quelques instants (ce qui prendrait des mois sans rĂ©utilisation du ML). En d'autres termes, ils font du ML sans le savoir.

Ben Gaines raconte qu'une entreprise de services B2B avec laquelle Adobe travaille, envisageait de réduire son budget de publicité numérique en raison d'un mauvais taux de conversion.

« L'Ă©quipe marketing a alors créé un segment qui regroupe les visiteurs qui arrivent sur le site via une recherche sponsorisĂ©e. Elle l'a comparĂ© aux autres segments de visiteurs avec Segment IQ Â», tĂ©moigne le responsable d'Adobe. « Ce qu'ils ont dĂ©couvert c'est que si ces visiteurs "payants" n'Ă©taient effectivement pas enclins Ă  devenir de nouveaux clients, ceux qui Ă©taient dĂ©jĂ  clients Ă©taient trois fois plus enclins Ă  acheter un complĂ©ment de service (upsell). L'Ă©quipe marketing a alors pu concentrer son budget sur les seuls mots-clĂ©s liĂ©s Ă  l'upsell et a constatĂ© une augmentation de 56 % des ventes Â».

Pour approfondir sur Outils décisionnels et analytiques