Cet article fait partie de notre guide: Smart City : les secrets des projets réussis

Smart City : concevoir la ville comme une plateforme reste l’enjeu numéro un

Si les données collectées restent enfermées dans des silos, les applications IoT d’une ville intelligence resteront aphones. Cet article vous l’explique l’exemple : celui de la gestion des transports.

Les débats autour du concept de Smart City, ces villes intelligentes propulsées par les  technologies de l’Internet des objets, vont bon train. Le transport, l’énergie, la gestion de l’eau et des déchets sont des secteurs ciblés, susceptibles de recevoir le renfort de technologies pour améliorer la vie des résidents. Pourtant, si certes les réseaux de capteurs et autres applications liées à l’IoT peuvent y contribuer, il ne s’agit que d’une partie de ce que peuvent apporter ces villes intelligentes.

D’une façon générale, les analystes et les observateurs du marché prédisent un avenir radieux aux villes connectées ainsi qu’aux technologies associées. Gartner, par exemple, pense qu’ 1,6 milliard d’objets ont été utilisés en 2016 par les Smart Cities. Le nombre de déploiements de technologies IoT dans des bâtiments à usage commercial devrait atteindre le milliard en 2018.

Mais encore une fois, la vraie Smart City va au-delà des feux tricolores et des poubelles connectés ou encore de la réservation d’une place de parking.

Lorsque toutes ces applications connectées, et leurs données, sont en silo, leur pleine valeur, et la capacité de prévision, restent inexploitées. Les urbanistes ainsi que les DSI des villes feraient mieux de considérer la Smart City comme une plateforme de services d’infrastructure pour développer des applications interconnectées. Au lieu de disposer d’une application pour la gestion de l’eau et une autre pour celle du trafic, les villes peuvent développer des applications qui interagissent et exploitent les indicateurs et données fournies par d’autres applications ou verticaux. Il s’agit de croiser la valeur. C’est ainsi que se bâtit une Smart City.

Concevoir la ville comme un OS

Dans la Smart City du futur, la ville doit représenter le réceptacle premier des données collectées. La ville doit donc fournir une plateforme sur laquelle on crée des applications pour améliorer la vie des citoyens.

Quels sont les avantages ? En créant cette plateforme et en exposant les données, la ville capitalise et monétise d’abord ses investissements en faisant payer les accès aux données dites à valeur. Mais elle propose également les technologies capables de stimuler l’innovation et d’enrichir le quotidien des résidents. Et quelle ville ne souhaite pas augmenter ses revenus ? Trop souvent, les villes intelligentes ne font que pomper les ressources de la ville au lieu de les réapprovisionner.

Un cas d’usage : la gestion du trafic

La gestion du trafic, et les données que cela génère, sont l’une des fondations  pour gérer les embouteillages, la qualité de l’air et faire la promotion des commerces locaux.

Les données du contrôle routier issues de caméra. De nombreuses villes ont mis en place des caméras de contrôle dans le but de sécuriser des carrefours réputés dangereux. Ces caméras automatisées prennent des clichés de véhicules qui brûlent un feu rouge. Une amende est ensuite envoyée au propriétaire du véhicule par courrier. Cela est devenu une démarche productive pour contrôler les intersections à fort trafic, améliorer les flux et réduire les victimes.

Toutefois une ville qui dispose déjà de données liées au trafic peut tirer bien plus d’avantages à développer un écosystème, qui repose sur ces informations. Cela peut par exemple prendre la forme de :

  • Péage urbain. Certaines villes, comme Londres ou Singapour, ont mis en place une taxe pendant les périodes de saturation du trafic. Si vous conduisez dans une zone embouteillée de la ville lors d’une période identifiée de fort trafic, et que votre véhicule est capturé par les caméras, vous devez payer la taxe. A Londres, ces fonds servent à alimenter le système de transport de la ville.
  • Promouvoir les transports publics et les parkings. Garez-vous dans un parking (au lieu d’une rue sur-peuplée) et l’application vous attribuera automatiquement un rabais sur le péage urbain. Les résidents ont également la possibilité de recevoir certains bonus s’ils empruntent les transports publics quand de fortes saturations sont prévues (lors d’un match ou d’un concert par exemple).
  • Des réductions chez les commerçants locaux. La ville peut également promouvoir son tissu local tout en gérant le trafic. Les résidents reçoivent des discounts dans des zones précises – liées à des parkings, des restaurants ou du shopping par exemple. Autre exemple : le point de vente du commerçant peut se connecter aux données de transports et proposer des rabais.
  • Sécurité et sureté. Dans cas d’urgence, le parcours le plus efficace peut être proposé aux autorités et secours en prenant en compte les données en temps réel.
  • Qualité de l’air. Des données issues de capteurs en temps réel alertent les citoyens allergiques de la qualité de l’air dans des zones spécifiques et les prévient si le niveau comporte des risques. Des réductions peuvent être attribuées si le résident utilise un véhicule à faible émission de particules.

Et ce ne sont que des exemples de moyens qui permettent de monétiser les données via un écosystème d’applications IoT.

L’un des principaux enjeux de l’Internet des objets est que la valeur ne peut être obtenue que si l’on peut changer la culture et les méthodes de travail avec les données. Les villes et les entreprises peuvent certes collecter des données en volume, mais rien ne dit qu’elles vont en bénéficier. L’innovation ne vient que si les silos sont brisés.

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