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Bloomberg met ses données de trading dans le cloud

Les nouvelles ambitions de ses clients en matière de Machine Learning et leur nouvelle attitude face au cloud sont en train de changer la façon dont Bloomberg veut mettre à disposition ses données de trading – historiques et temps réel – dans ses offres de services financiers.

Bloomberg se prépare à transférer tout l’historique de ses données de marché vers le cloud. Le but ? Que les clients de ses services financiers puissent les utiliser pour tester plus simplement leurs algorithmes de Machine Learning (ML) existants et pour alimenter l’apprentissage de nouveaux modèles.

Tony McManus, DSI du spécialiste de la donnée financière (concurrent des opérateurs de marchés comme Euronexet qui sont aussi des « data dealers »), explique que Bloomberg doit de plus en plus répondre à des demandes de clients qui veulent accéder à toutes ses données historiques dans une démarche d’analytique Big Data.

Pour y répondre, Bloomberg a envisagé depuis un an une nouvelle option avec le cloud. D’autant plus que les infrastructures IT des clients évoluent aussi, lentement mais sûrement.

« C’est notre prochaine grosse priorité », résume Tony McManus, lors d’une table ronde sur l’utilisation du cloud dans le secteur des services financiers. « Nos clients veulent que les [données] de pricing remontent aussi loin que possible, que ce soit pour les actions, pour les données de références sur les valeurs mobilières ou pour tout autre produit ».

« Aujourd’hui, quand nous parlons de jeux de données à un fonds, la première question qu’il nous pose presque toujours est la suivante : avez-vous tout l’historique ? Quelle est la qualité de cet historique ? Y a-t-il beaucoup d’anomalies dans les données ? Pouvez-vous nous aider à évaluer si ce jeu de données est approprié pour tel ou tel cas de ML ? C’est le gros sujet, on ne parle plus que de cela ».

Tony McManus ne dit pas quand la totalité du projet sera opérationnelle, mais pour lui le cloud devient un élément de plus en plus important de la proposition technologique de Bloomberg du fait que ses clients regardent, pour eux-mêmes, de plus en plus le « hors site » (cloud, cloud privé, cloud managé).

« Les marchés financiers ont été un peu plus lents que d’autres à s’intéresser au cloud. Il y a eu des réticences culturelles. Mais nous voyons un changement », constate-t-il.

Une partie de changement de mentalité tiendrait au fait que les préoccupations sur la sécurité du cloud ont été largement dissipées. Côté pratique, le secteur a aussi vu qu’il était faisable – à défaut d’être simple – de migrer une infrastructure et des applications vers le cloud.

« Trouver comment transférer les [workloads] et évaluer la masse d’efforts que représente [un lift and shift] a probablement ralenti un peu les choses », ajoute Tony McManus à son diagnostic.

Bloomberg dans AWS

Bloomberg a fait sa première incursion dans le cloud public en novembre 2018, avec le lancement, pour ses clients américains, d’une version de B-Pipe – son produit phare en matière de données de trading – sur Amazon Web Services (AWS).

« Il y a encore des obstacles structurels qui ralentissent le mouvement vers le cloud public, mais le changement dans la rhétorique et dans son appréhension est absolument clair », continue Tony McManus.

« Nous voulions faire cette évolution et cet investissement [un peu en avance] pour être prêts au moment où nos clients commenceront à migrer. Nous ne voulions pas qu’ils viennent nous dire “on veut y aller maintenant”, et devoir lancer un projet de deux ans pour les soutenir dans ce processus ».

L’offre B-Pipe fait partie du large portefeuille de produits « data » de Bloomberg qui est utilisée par les organisations financières et les investisseurs pour accéder en temps réel aux données et aux informations de marché – données qui proviennent de 330 bourses et 5 000 contributeurs externes.

Auparavant, les utilisateurs de B-Pipe avaient accès à deux variantes du service : sur site ou hébergée. Mais depuis novembre 2018, les clients peuvent utiliser l’application via AWS PrivateLink. Ce qui signifie concrètement qu’ils ne passent plus par une connexion Internet publique.

« Du point de vue du client, le service est exactement le même que celui qu’il aurait avec un modèle de déploiement [sur site] », assure Tony McManus.

« Et si un client a aujourd’hui une application qui consomme des données temps réel de Bloomberg, hébergée dans son centre de données, et qu’il veut migrer vers le cloud : alors du point de vue de l’intégration, très peu de choses changent », promet le DSI en charge de la donnée.

« C’est très important pour nous parce que nous ne voulons pas que nos clients pensent qu’il y a une sorte de compromis sur le service à la suite de leur migration vers le cloud. Ce n’est, en aucune façon, plus lent ».

Le cloud de Bloomberg arrive en Europe (et chez d’autres prestataires)

À présent, Bloomberg va étendre la disponibilité de B-Pipe sur AWS à ses clients en Europe et en Asie.

« Dans un premier temps, nous nous sommes dit : déployons cela dans une région, voyons l’adoption, éliminons les freins et accompagnons ensuite la demande des clients dans d’autres régions » retrace Tony McManus.

Dans la même optique progressive, Bloomberg travaille à porter B-Pipe sur les plates-formes d’autres grands du cloud, complète Andrey Rybka, responsable de l’architecture IT de la société.

« Il se trouve que les demandes des clients concernaient surtout AWS [à l’époque]. C’est donc par là que nous avons commencé », justifie-t-il. « Mais, oui, nous investissons dans toutes les grandes plates-formes cloud du marché. Nous serons présents partout où le client le voudra ».

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