LafargeHolcim bétonne sa migration SAP vers Amazon Web Services

« SAP en production sur AWS, c'est possible », dixit LafargeHolcim. Le géant du béton mène tambour battant une migration de son SI vers le Cloud public d’Amazon. Une migration qui devrait s'accélérer en 2018.

C'est en juillet 2015 que Lafarge et Holcim, numéro 1 et 2 du marché du ciment et du béton  fusionnent officiellement. Comme chaque grand projet de fusion industrielle se pose alors le problème des systèmes informatiques. Faut-il maintenir deux SI en parallèle, migrer toutes les applications dans les datacenter de l'une des deux entreprises ?

LafargeHolcim a choisi une troisième voie, celle de basculer vers le Cloud public.

Passer d'une approche "commodity" à une approche service

Ali Gabriel, responsable de la stratégie Cloud globale et de l'architecture des datacenter de LafargeHolcim, résume les enjeux pour l'entreprise franco-suisse : « l'entreprise veut passer du stade de fournisseur de matière brute à celui d'intégrateur de solutions. Passer d'une approche "commodity" à une approche service va créer des opportunités mais cela signifie aussi que nous allons faire face à de nouveaux challenges - comme des sites de production contrôlés à distance, l'optimisation de notre réseau logistique ou encore fournir des plateformes à de franchisés. Nous sommes très impliqués avec les métiers afin de mener ces ruptures à bien et cela implique bien évidement de grandes ruptures au niveau IT. L'IT doit supporter cette transformation des métiers, mais doit aussi se transformer elle-même ».

Initié en 2016, le programme de transformation interne a été baptisé ACE pour Agility, Collaboration et Empowerment.

« Ce besoin d'agilité explique pourquoi nous nous tournons vers le Cloud public : nous voulons être capable de réagir rapidement. La collaboration consiste à faire travailler les différents départements de l'entreprise afin de proposer des solutions cohérentes. L'empowerment, c'est la capacité de prendre des décisions plus rapidement, que ces décisions puissent être exécutées plus rapidement dans l'organisation. »

Finalement, la DSI de LafargeHolcim a souhaité faire de cette fusion une opportunité pour faire évoluer son exploitation informatique vers le Cloud public.

Une migration vers HANA qui a eu valeur de test

Un premier projet de migration vers HANA a ainsi joué le rôle de test afin de monter en compétence sur le Cloud. C'est Vanesa Jimenez Palma, responsable du "Delivery Europe" au sein du centre de services IT de LafargeHolcim qui décrit ce premier projet. « Il nous a été demandé de revoir notre datawarehouse et migrer vers SAP HANA. Nous avions trois objectifs. Garantir la performance afin de fournir les rapports aux métiers dans les délais. S'assurer de l'évolutivité de la solution dans le long terme au delà de la phase de fusion. Et enfin faire des recommandations pour les migrations futures ».

Pour cette première migration, l'équipe de Vanesa Jimenez Palma constitue alors un pool de partenaires. Amazon Web Services est le fournisseur Cloud choisi et les ingénieurs d'AWS Professional ont été sollicités afin de mettre en place l'architecture Cloud du projet.

En outre, l'équipe choisit l'éditeur Linke pour ses solutions console et Elastic SAP qui permettent d'administrer une plateforme SAP sur AWS. Parmi les autres briques de cette architecture, on trouve SoftNAS pour le volet stockage et encore… Microsoft.

Microsoft car outre la migration de SAP BW vers SAP HANA, le projet inclut aussi sur le volet reporting que la plateforme BusinessObjects soit migrée par la même occasion vers SQL Server.

AWS X1

Parmi les contraintes techniques, SAP HANA est une solution qui a besoin d'énormément  de mémoire vive pour délivrer toute sa puissance. Sur ce plan, la disponibilité des nouvelles instances AWS X1 qui peuvent compter jusqu'à 4 processeurs Xeon E7 et 2 To de RAM étaient essentielles. « C'était un point critique. Cela nous a permis de simplifier considérablement l'architecture cible même si, par la suite, nous avons pu réduire la taille mémoire de ces instances à 1 To de manière à réduire les coûts d'exploitation de la plateforme », explique Vanesa Jimenez Palma.

Mené du mois de mai au mois d'octobre 2016, le projet est considéré comme un succès. « Nous avons atteint nos objectifs en délivrant non seulement une performance améliorée mais nous avons pu démontrer la fiabilité de la solution. Nous avons gagné en agilité sur le plan des infrastructures avec la capacité de provisionner/déprovisionner des ressources en quelques minutes ».

Vers 70% de l’IT du groupe sur AWS

Fort de ce succès, la migration du SI de LafargeHolcim vers AWS est lancée. « Ce fut la première étape d'un long voyage pour nous » résume Ali Gabriel. « Nous sommes en train de fermer deux datacenters en Suisse et migrer une vaste partie des workloads vers AWS. Cela représente 200 workloads, ce qui englobent à peu près tout le catalogue des applications SAP, y compris des environnements tels que SAP BusinessObjects Financial Consolidation (BO FC) qui n'était pas certifié sur AWS. Nous avons travaillé avec AWS et SAP pour nous assurer que, lorsque nous aurions migré FC sur AWS, celui-ci serait certifié et bien supporté par SAP ».

Le projet de migration va toutefois bien au-delà de la seule fermeture de deux Datacenters. Toute l'infrastructure de LafargeHolcim est maintenant sur le grill.

« Nous avons déjà lancés certains projets afin de regarder quelles étaient les opportunités sur la plaque Amériques, Asie/Pacifique et Japon. Notre ambition est de déplacer 4 600 workloads dans le Cloud public à l'horizon 2020, soit 70% de notre IT », explique le responsable. « Nous sommes véritablement en trains de changer de modèle. Nous étudions au niveau de chaque application quelle transformation nous souhaitons faire ».

Afin d'évaluer ses forces et ses faiblesses face à un projet de cette ampleur, l'entreprise s'est tournée vers CloudReach. La société de conseil a aidé à benchmarker sa stratégie Cloud. « Suite à cette évaluation, nous savons désormais où nous en sommes et quelles sont les moyens, les connaissances qui nous manquent encore. Sur une échelle à 5 niveaux, 9 mois après le début de la réflexion, nous avons atteint le niveau "Cloud Gouverned" et notre ambition pour la fin de cette année est d'atteindre le niveau "Cloud Enabled". Ce que la signifie, c'est que nous avons un plan détaillé de transformation afin d'aider notre organisation à évoluer. Il ne s'agit pas toujours de migration technique ».

Actuellement, la migration des deux datacenters suisses bât son plein. Entre 650 et 700 workloads ont été migrées vers AWS contre seulement 100 au mois de mars dernier. Ali Gabriel estime que cette migration est conforme avec l'objectif fixé pour 2020. Quel seront les autres datacenters du groupe à subir cette "cloudification" à marche forcée ? Mystère.

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