Malgré RISE with SAP, une tendance au cloud hybride

Selon les observations de Thomas Di Giacomo, CTPO de SUSE, les migrations à travers la souscription RISE with SAP ne sont pas aussi uniformes que le laisse à penser SAP. Dans un paysage hétéroclite, le cloud hybride gagnerait du terrain dans l’écosystème de SAP.

Récemment, Gartner a étudié l’adoption de Rise With SAP. Selon le cabinet d’analystes, au troisième trimestre 2023, l’offre représentait 71 % des ventes en nombre de clients. Au deuxième trimestre 2024, ce nombre serait tombé à 41 %, rapporte The Register.

Une baisse réfutée par SAP qui indique ne pas avoir vérifié les données collectées par Gartner et assure que la croissance de Rise with SAP, en nombre de clients, de prise de commande, de portion de chiffre d’affaires se poursuit.

Est-ce à dire que l’ensemble des clients souscriront à RISE with SAP (1), et (2) migreront tout leur SI SAP vers le cloud ? Rien n’est moins sûr, selon Thomas Di Giacomo, directeur des technologies et des produits chez SUSE.

« SAP est un gros marché pour nous. Ce n’est pas l’unique, mais SUSE Linux est déployé dans 80 à 90 % des déploiements de SAP HANA », note Thomas Di Giacomo. SAP HANA étant la base de l’ERP.

Les entreprises déploient une « partie de RISE », observe SUSE

SUSE a donc une bonne vision des déploiements chez les clients de son « grand partenaire historique ». « Nous participons à RISE with SAP en tant que partenaire premium. Nous avons aussi des offres pour les clients qui migrent vers le cloud avec RISE pour compléter, leur amener de la haute disponibilité, du déploiement “day two”, de l’automatisation de gestion de leur infrastructure SAP », liste-t-il.

Mais la majorité des clients communs de SUSE et de SAP « ont déployé une partie de RISE ».

« En tant que client, nous utilisons également SAP Cloud, mais il manque souvent une personnalisation qui est essentielle pour les besoins métiers. Cette personnalisation est nécessaire, même si elle peut être complexe à gérer », note Thomas Di Giacomo.

Une réalité plus nuancée que celle évoquée par SAP

Ce serait d’ailleurs le manque de prise en charge du « custom » qui empêcherait certains clients de passer le pas.

« Certains clients ne vont pas basculer sur RISE parce qu’ils ont beaucoup investi on premise », poursuit le CTPO. « Il y a plusieurs dynamiques, nous accompagnons les clients vers RISE quand cela semble bénéfique, mais des briques SAP vont rester hors RISE et elles le resteront pendant un moment », résume-t-il.

SAP lui-même se rendrait compte que « la réalité est plus nuancée ».

Et l’une des nuances que SUSE observe n’est autre qu’un attrait pour l’hybridation des environnements SAP.

Chez SAP, cette hybridation passe, entre autres, par un produit récent, lancé le 30 octobre 2023, nommé Edge Integration Cell.

Edge Integration Cell, une modalité récente d’hybridation

Edge Integration Cell est présenté comme un « runtime hybride optionnel » faisant partie de SAP Integration Suite.

Il s’agit, en premier lieu, de déployer et d’exécuter des flux d’intégrations et proxies d’API dans un environnement privé, on premise, mais de les contrôler depuis un control plane en cloud.

SAP le limite aux intégrations de données et applicatives, mais en « termes techniques, l’exécution de la cellule d’intégration Edge est réalisée sous la forme d’un conteneur Kubernetes dans votre environnement privé ».

L’objectif est d’accéder à des données qui ne peuvent quitter un environnement sur site pour des raisons techniques ou réglementaires afin de les intégrer avec les solutions cloud de SAP et tierces.

Pour prendre en charge, ces runtimes conteneurisés, SAP a lancé des partenariats avec Microsoft, AWS, Red Hat et SUSE. Cela permet d’héberger les runtimes AKS, EKS, Red Hat OpenShift et Rancher.

« Nous avons de gros clients en production », signale de son côté Thomas Di Giacomo.

Une autre offre doit permettre l’hybridation de S/4HANA Cloud, voire son déploiement « air-gapped ». L’édition se nomme Rise With SAP S/4HANA Cloud private Edition, customer data center option. Elle est supportée par un petit nombre de partenaires, dont Lenovo, HPE, Dell, ou encore T-Systems.

D’autres clients de SAP ont fait le choix d’une hybridation temporaire, par exemple pour couvrir des besoins de développement ou de tests de spécifiques le temps de migrer vers S/4HANA Cloud Private edition. Les instances sur site servent alors d’archives ou de bac à sable.

Mais cette même population ne se tourne pas forcément vers Microsoft Azure, Google Cloud ou AWS. SAP gère encore ses propres data centers. Alors qu’il semblait vouloir adopter exclusivement des clouds publics, il poursuit la mise à disposition de ses outils depuis ses data centers, notamment la PaaS BTP (Business Technology Platform).

« Plus tôt cette année, nous avons annoncé onze nouvelles régions cloud GCP, Azure et AWS pour la BTP. La plateforme sera également mise à disposition des clients sur les data centers gérés par SAP au premier semestre 2025 », affirme Michael Ameling, EVP et Chief Product Officer BTP chez SAP, lors de l’événement TechEd 2024 le 8 octobre. « Au cours de l’année prochaine, il y aura huit data centers à travers le monde ».

Des centres de données qui sont choisis par certains clients français.

Peu importe la modalité, les clients ne veulent pas subir leur migration, selon l’USF

« À l’USF, nous sommes convaincus que la transition vers le cloud doit être un choix réfléchi, et non subi. »
Gianmaria PerancinPrésident de l'USF

Dans son introduction, lors du lancement de la convention de l’association des utilisateurs français de SAP (USF) qui a lieu du 9 et 10 octobre à Lille, son président, Gianmaria Perancin, est revenu sur les promesses du cloud (évolutivité/flexibilité, accès mondial, accélération de l’innovation et renforcement de la cybersécurité) et ses faiblesses. Il en liste quatre : le manque de réversibilité, de garantie sur la souveraineté des données et des respects des législations en vigueur, la montée en compétence des équipes ainsi que la gestion des délais de livraison par l’éditeur.

« À l’USF, nous sommes convaincus que la transition vers le cloud doit être un choix réfléchi, et non subi », répète-t-il. « Les entreprises doivent composer avec des contraintes technologiques, opérationnelles et budgétaires qui nécessitent une prise de décision éclairée »..

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