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Toro Rosso : les données de plus en plus au cœur de la Formule 1

Même étroitement régulée, l’informatique ne cesse de jouer un rôle prépondérant dans la compétition. Jusqu’à représenter un défi supplémentaire pour les pilotes.

L’écurie Toro Rosso vient de signer une extension du partenariat qui la lie à Acronis. L’occasion d’un échange avec Franz Tost, directeur de l’écurie, qui souligne l’importance croissante de l’informatique et des données dans la compétition. Mais les pilotes, Carlos Sainz et Daniil Kvyat relèvent les défis que cela peut représenter, en temps réel, sur la piste.

Alors que les essais venaient tout juste de commencer, Franz Tost s’attendait à ce que, à l’issue des qualifications, les deux voitures de l’écurie « soient très proches l’une de l’autre, à quelques centièmes de seconde près. Si l’on perd deux ou trois dixièmes, c’est peut-être dix places que l’on perd. La Formule 1 est une discipline extrêmement compétitive ». Et tout cela peut se jouer avec l’informatique : « c’est un élément différentiateur. Sans données, vous êtes perdus ».

Des données en masse

Et ce sont quasiment tous les composants des voitures qui génèrent des données, à commencer par le moteur, avec « températures et pressions », mais également les pneumatiques : « les ingénieurs comparent ces données avec les valeurs de référence qui se remontées de la piste au centre opérationnel [situé au Royaume-Uni, près du circuit de Silverstone, NDLR]. Et par exemple, ils peuvent nous dire ‘dans le second virage, vous faites surchauffer le pneu arrière gauche ; attention, cela conduit à une dégradation plus rapide’ […] et si l’on perd trop de matière du pneumatique, on risque la disqualification » ou encore une perte de stabilité du véhicule. Il faudrait compter avec 100 Go de données générées par voiture et par course, transmises chiffrées par liaisons filaires et satellite afin d’assurer fiabilité et rapidité de transfert.

Pour Franz Tost, toutes ces données sont « nécessaires pour configurer la voiture de la manière la plus efficace pour la course », ne serait-ce que trouver le bon compromis entre pression aérodynamique et usure des pneumatiques. Car aucune modification de configuration n’est autorisée à distance lorsque la voiture est sur la piste – hormis des paramètres de cartographie moteur ou encore de différentiel contrôlés directement par le pilote.

Et le patron de l’écurie au taureau rouge de reconnaître avoir une fois perdu une journée de données – alors qu’il utilisait encore une solution de sauvegarde autre que celle d’Acronis – et avoir mis une semaine à se remettre de cette perte.

Un défi pour les pilotes

Mais l’imaginaire classique de la course automobile est rempli de considérations relatives aux trajectoires ou aux distances de freinage, pour Carlos Sainz, le travail d’un pilote va aujourd’hui bien au-delà : « C’est probablement la principale différence entre la Formule 1 et les autres catégories. Dans ces dernières, vous passez un virage à 200 km/h, mais vous savez que vous devriez le passer à 205 km/h, alors au passage suivant, vous essayez d’aller plus vite. En Formule 1, il faut prendre en compte des centaines d’autres paramètres. Au point que cela devient parfois trop compliqué pour le pilote et qu’il faut arrêter de penser aux données pour se reconcentrer sur le pilotage ».

En fait, pour lui, « lorsque l’on arrive en Formule 1, on a peut-être seulement 10 % de tout ce que l’on doit savoir […] Je suis en Formule 1 depuis un an et demi. Et dans ce temps, j’ai probablement dû apprendre autant qu’en quatre an dans les autres catégories ».  

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