Migration cloud : Poclain Hydraulics préfère mettre son ERP en IaaS

L’industriel a mis son ERP Oracle sur le cloud d’Oracle, mais sans opter pour la version SaaS. Le logiciel est à ce point connecté aux usines qu’il devait rester sur des serveurs. De fait, OCI a plus été choisi pour des raisons techniques.

Poclain Hydraulics, le fabricant des systèmes de transmission hydrostatiques et électrohydrauliques pour les véhicules et engins utilisés dans l’agriculture, le bâtiment ou encore les travaux publics (tracteurs, pelleteuses…), a vu au fil des ans son activité se transformer. Il a compris dans les années 2010 que son passage au cloud serait inéluctable. Client des progiciels d’Oracle depuis des décennies, c’est finalement vers le cloud public de ce même fournisseur qu’il décide de migrer son IT lors de la baisse d’activité imposée par la pandémie de Covid-19.

Pour autant, l’industriel français n’avait pas nécessairement de raison au départ de choisir OCI plutôt que l’un de ses concurrents. Et l’équipe responsable des services IT a même pris le soin d’évaluer scrupuleusement toutes les alternatives qui s’offraient à elle.

« Nous avons une spécificité sur notre marché qui pose des contraintes informatiques particulières. Nous fabriquons la plupart de nos produits à façon. Par exemple, pour telle vendangeuse, nous allons créer des pompes, des valves de puissance particulières qui évitent au véhicule d’endommager le sol et les cultures », raconte François Delys (en photo), responsable du service de fourniture des données et de l’IT chez Poclain. L’industriel est le fournisseur de marques comme Caterpillar, JCB, John Deere, Renault ou encore Mercedes.

L’enjeu d’exécuter en cloud exactement le même ERP que sur site

« Nous fabriquons donc un très, très grand nombre de petites séries de produits. Et il nous faut gérer un très, très grand nombre de références. Et nous devons partager ces références avec toutes nos usines. Cela n’est réalisable qu’avec un logiciel qui intègre toutes les fonctions de l’entreprise. Un ERP connecté en temps réel à toutes nos solutions de conception, via des middlewares précis, qui est très captif de tout ce qui se passe dans nos usines. »

« Un logiciel si critique n’est pas remplaçable, comme ça, en claquant des doigts, par une application en SaaS. Mettre notre ERP en cloud signifiait dès le départ installer le logiciel exact présent sur nos serveurs dans des serveurs équivalents d’une offre IaaS. Nous reproduisons ainsi à l’identique notre ERP et nous obtenons en prime la possibilité de revenir en arrière si quoi que ce soit se passe mal en cloud », ajoute-t-il.

« Ce qui allait déterminer le choix de l’offre IaaS allait être sa faculté à nous rendre agiles. »
François DelysResponsable du service de fourniture des données et de l’IT, Poclain

Exécuter l’ERP et les applications qui lui sont rattachées en IaaS apporte accessoirement une plus grande liberté de choix parmi les fournisseurs de solutions en cloud, puisque tous proposent des briques d’infrastructures payables à la demande. En SaaS, en revanche, le choix du fournisseur de cloud va de pair avec celui de l’application.

François Delys fait remarquer que le ticket d’entrée sur le cloud étant assez élevé, mieux vaut le mutualiser en déployant plusieurs applications sur le pool de serveurs en ligne, pour diminuer le surcoût par application.

« Ce qui allait déterminer le choix de l’offre IaaS allait être sa faculté à nous rendre agiles. Dès lors que nous fabriquons des produits à façon, il est important de réduire les coûts en éteignant les services dès que nous ne nous en servons plus. Il faut aussi, par exemple, que nous puissions répliquer très rapidement sur la région cloud proche de notre usine en Chine une configuration dont elle a momentanément besoin. Et, ce, sans devoir passer du temps à faire un POC », dit encore François Delys.

Le cloud pour accompagner une activité qui ne cesse de grandir

Fondée il y a presque cent ans, d’abord comme un atelier de réparation et de fabrication d’équipements pour machines agricoles, l’entreprise Poclain connaît un succès planétaire dans les années 50 en concevant et fabriquant des pelles hydrauliques pour les travaux publics. Puis, la société se spécialise dans la création de moteurs hydrauliques pour d’autres marques dans les années 60, via sa marque Poclain Hydraulics, ce qui lui permet d’installer des usines et d’ouvrir des filiales à l’international.

Dans les années 80, le groupe est racheté par l’Américain Case, mais l’entité Poclain Hydraulics retrouve rapidement son indépendance. Au cours des années 90, elle décline son savoir-faire à d’autres systèmes hydrauliques : pompes, valves de freinage… Multipliant les filiales commerciales et les usines à l’international – Europe, Amériques, Asie –, l’entreprise parvient à se démarquer d’une concurrence japonaise de plus en plus féroce en misant sur des produits d’excellence, fabriqués à façon en petites séries.

« À la fin des années 2010 est apparu le besoin de remonter quantité de données IoT, de les partager avec nos clients, de permettre à nos fournisseurs d’accéder à nos systèmes. »
François Delys Responsable du service de fourniture des données et de l’IT, Poclain

Durant les années 2000, elle renforce sa bonne image de marque avec des services de livraison express, ce qui suppose une coordination de pointe au niveau de sa logistique. Dans le même temps, elle commence à équiper ses produits de contrôleurs électroniques.

« À la fin des années 2010 est apparu le besoin de remonter quantité de données IoT, de les partager avec nos clients, de permettre à nos fournisseurs d’accéder à nos systèmes. Cela a fait exploser les coûts au niveau de notre datacenter, car nous avions besoin de démultiplier nos capacités de calcul, de stockage. L’idée de basculer en cloud a fait son chemin et notre objectif initial, avant la pandémie de Covid-19, était de migrer en cloud d’ici à 2021 », se souvient François Delys.

OCI, une offre plus pertinente qu’elle n’en a l’air

Lorsque l’équipe IT de Poclain Hydraulics évalue toutes les options possibles, vers la fin des années 2010, Oracle, l’éditeur de ses progiciels, démarre à peine ses activités de cloud public et on peut penser qu’il n’a pas encore la maturité d’un AWS ou d’un Azure. Mais ceux-ci ne sont pas exempts de défauts : l’entreprise doit exécuter certaines applications qui fonctionnent sur des systèmes d’exploitation vieux de dix ans ne pouvant pas être virtualisés chez ces hyperscalers.

« Nous avons fait des tests en incluant OCI, l’offre de cloud public d’Oracle. Il s’est avéré que le cloud d’Oracle était moins cher sur les données – notamment parce que nous ne sommes pas obligés d’acheter une capacité de stockage proportionnelle au nombre de CPUs – et qu’il nous offrait deux fois plus de puissance CPU pour le même prix, comparativement à AWS et Azure ».

L’offre est d’autant plus séduisante qu’Oracle est depuis plusieurs années un partenaire de confiance. « Ils sont très arrangeants. Ils partagent avec nous leur roadmap. Et puis, comme ils sont aussi les éditeurs de nos applications, si quelque chose ne fonctionne pas en cloud, que ce soit au niveau de l’infrastructure comme de l’applicatif, il suffit de les appeler et ils s’occupent du problème dans son intégralité », dit François Delys.

Il s’avère rapidement que le problème supposé de la jeunesse d’OCI n’en est pas un. OCI dispose déjà de régions dans le monde à côté des usines de Poclain Hydraulics, y compris en Corée près de ses entités chinoises. Il a les ressources d’un SOC, qui permet de soulager l’entreprise de ses efforts en termes de prévention et de curation des problèmes de cybersécurité, lesquels occupent 15 % du temps de travail de la DSI. Et puis, il dispose de suffisamment de services IoT interopérables pour intégrer tous les processus actuellement nécessaires à l’activité de l’industriel.

« OCI a accès a plus de moyens que nous n’en aurons jamais sur ces questions de cybersécurité. Nous n’avons rien besoin de construire. C’est un service que nous pouvons configurer et étendre automatiquement à l’échelle mondiale », se félicite François Delys, qui constate dans le même temps qu’aucun temps de DSI n’est nécessaire pour répliquer les applications entre les régions OCI proches des usines de Poclain Hydraulics.

Vers une IT totalement en cloud d’ici à 2025

François Delys et son équipe analysent les offres de cloud pendant six mois, puis effectuent des tests grandeur nature pendant encore quatre mois. Fin 2021, la décision est prise d’adopter OCI. Oracle affecte une équipe qui accompagnera Poclain Hydraulics tout au long de sa migration, d’autant que le fournisseur propose un service Lift qui permet de migrer de manière transparente vers OCI, en déployant en cloud des ressources similaires à celles du data center.

Pour l’heure, Poclain Hydraulics n’a déployé que deux régions OCI : la principale est à Marseille, où les connexions Internet partent vers l’Asie, la secondaire est à Paris. Ses infrastructures comprennent des serveurs bare metal, c’est-à-dire non virtualisés, de 36 OCPU (les cœurs de processeurs, dans la nomenclature d’OCI) et 512 Go de RAM chacun pour exécuter l’ERP PeopleSoft, mais aussi effectuer ses sauvegardes. On trouve également des serveurs virtuels pour Oracle DB comprenant 24 cœurs virtuels et 198 Go de RAM chacun. Au total, Poclain Hydraulics souscrit aujourd’hui à 50 ressources IaaS. Elles sont utilisées par 700 collaborateurs, au travers de 40 connexions VPN.

L’enjeu est à présent que tous les produits Oracle et une grande partie des données de l’entreprise soient sur OCI d’ici à 2025 et qu’il soit possible de passer des applications en machines virtuelles à des applications en SaaS. D’ici là, Poclain Hydraulics commencera à tester dès mars prochain les nouveaux services d’IA disponibles sur OCI pour étendre encore le champ de ses activités commerciales.

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