Jean-Marie Simon, DRH Atos-Origin : "mettre en place un dispositif de partage de la valeur"

Suite à la grève du 4 mars, touchant tous les sites et entités d'Atos-Origin en France, son DRH groupe revient sur les dispositifs en place ou étudiés pour assurer une redistribution des richesses produites par le groupe aux salariés. Tout en réclamant du temps, la SSII n'étant selon lui qu'à l'orée de son redressement.

jmsimonLeMagIT : La grève du 4 mars chez Atos-Origin a réuni quelque 2 000 salariés, plus selon les syndicats. Dans un secteur - les services informatiques - peu habitués aux mobilisations, comment qualifierez-vous ce mouvement ?

Jean-Marie Simon : Je ne veux pas qualifier ce mouvement. Il y a eu moins de 15 % de grévistes chez les salariés français, pendant moins d’une demi-journée. Et on observe des différences importantes entre les différents sites, qui reflètent plutôt des inquiétudes locales sur les bassins d'emploi concernés.

LeMagIT : Ce mouvement porte sur le partage des fruits du redressement de la profitabilité de l'entreprise. Quels sont les dispositifs en place aujourd'hui chez Atos dans ce domaine et vos projets en la matière ?

J.-M.S. : C’est un sujet fondamental et au cœur de notre projet d’entreprise, mais nous ne sommes qu’au début de notre programme de redressement opérationnel. De ce point de vue, certains mettent la charrue avant les bœufs. En 2009, nous avons certes atteints nos objectifs, mais avec 32 M€ - soit 0,6 % du chiffre d'affaires -, notre résultat net reste très modeste et loin de nos meilleurs concurrents, notamment en raison de la brutale faillite de notre premier client allemand (Arcandor, qui a fait faillite mi-2009, NDLR). Je note d’ailleurs que le conseil d’administration a proposé que les actionnaires ne touchent aucun dividende en 2010. 

Je rappelle qu’en France, les salariés bénéficient naturellement déjà d'une participation statutaire et légale, qu'en 2009 la direction a abondé d'une enveloppe de 800 000 euros. En juin 2010, chaque salarié français du groupe percevra environ 330 euros. En plus, les 2 500 salariés de Atos Worldline (filiale spécialisée dans les transactions électroniques, NDLR) bénéficient déjà d'un plan d'intéressement, représentant au total 5,5 M€. Soit en moyenne 2 000 € par personne.

Enfin, dans le cadre du programme Well Being at Work (programme de motivation des salariés lancé fin 2009 et présenté lors de la publication des résultats annuels de la SSII, NDLR), nous lançons un chantier appelé "reconnaissance et rémunération". Parmi ses nombreux axes de réflexion, figurent l'intéressement et la participation. L'objectif est bien de mettre en place, dès 2011, un dispositif clair de partage de la valeur créée par l’entreprise.

LeMagIT : Est-ce que ce programme est en lien avec la décision du groupe de relever l'enveloppe consacrée aux augmentations de salaires de 0,45 à 1 % (sous condition de résultats du groupe en ce début d'année) ?

J.-M.S. : Pas du tout. Ce sont deux projets différents. Je rappelle que la priorité absolue du groupe pour 2010, c’est la préservation de l’emploi et de l’employabilité de nos collaborateurs. S’agissant des salaires, compte tenu de la faible visibilité économique, nous pilotons l’entreprise au semestre. Pour le 1er semestre, nous avons adopté une attitude prudente en limitant l'enveloppe consacrée aux augmentations à 0,45 % conformément à nos anticipations économiques. Si, comme nous le prévoyons, la visibilité sur notre activité s'améliore dans le semestre, nous irons jusqu’à 1% au deuxième semestre. Cela nous situe bien dans la moyenne des augmentations salariales constatées dans notre secteur.

LeMagIT : Alors que le groupe accentue son virage vers l'offshore - ce qui nécessite d'accompagner la mutation des activités -, quels engagements prenez-vous sur la formation des salariés ?

J.-M.S. : Nous nous sommes engagés à multiplier par deux le nombre de jours de formation dont bénéficient les collaborateurs entre 2009 et 2010. En France, nous passerons ainsi de 2,5 jours - moyenne constatée en 2009 - à 5 jours dès cette année. Parce que, encore une fois, notre priorité absolue est l’emploi et l’employabilité de tous nos collaborateurs. C'est un engagement que j'ai pris dans une lettre envoyée à tous les collaborateurs. Peu de groupes l’ont fait dans cet environnement économique incertain. Pour s'assurer de la protection de ces plages dédiées à l'accompagnement de nos salariés, nous avons centralisé la gestion de la formation au sein de la DRH.

Jean-Marie Simon a relu et amendé cet entretien.

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