Sylvain Moussé, Cegid : « Le cloud hybride est la voie royale des éditeurs »

L'un des principaux éditeurs français Cegid a pris il y a quelques temps le virage du cloud computing. Et compte déjà déjà plus de 75 000 utilisateurs pour prés 30 000 TPE clientes. Retour sur ce projet de transformation et sur l'avenir de la filière cloud avec Sylvain Moussé, DSI de Cegid.

LeMagIT.fr – StrategiescCloud.fr : Comme certains grands éditeurs américains, Cegid a pris ces derniers mois le virage du Cloud et du Saas, où en êtes-vous actuellement ? 

Sylvain Moussé : le Saas représente aujourd’hui  plus de 10 % du chiffre d’affaires de Cegid et un total de plus de 75 000 utilisateurs. Sur 2012, la  croissance a été de 35 %  et elle s’est  accélérée sur la fin de l’année. 2013 sera encore une année d’accélération. C’est le résultat d’une démarche Go to Cloud amorcée par notre société dès 2009, afin de répondre à la demande des utilisateurs pour une offre simplifiée et flexible.  Le Saas est d’ailleurs le prolongement de notre ADN d’éditeur dont les logiciels sont utilisés par des milliers de PME-PMI françaises.  A ce titre, nous participons pleinement à la transformation de ces entreprises vers le Cloud et les rendons encore plus compétitives grâce aux nouveaux services. 

Au niveau infrastructure, quelle a été la vision de Cegid ? 

Sylvain Moussé : Dès le départ, l’idée du groupe a été d’offrir une infrastructure robuste à un volume important d’utilisateurs. Nous avons déjà plus de 75 000 utilisateurs et, au-delà des 30 000 TPE clientes aujourd’hui, nous visons naturellement les 3 millions d’entreprises françaises avec des niveaux d’engagement de service adaptés à leurs besoins.  Cela nécessite, sur le plan de l’infrastructure, une approche orientée « business critical ».  Notre mutation vers le Cloud s’inscrit donc dans une démarche classique de développement d’infrastructure pour des applications critiques. Cela passait notamment par la mise en place d’un cloud privé. 

Est-ce à dire que vous n’avez pas d’approches sur le Cloud Public ?

Sylvain Moussé : Non pas du tout. Notre approche est centrée sur la mise en place d’un cloud hybride. D’un coté un cloud privé, que nous avons construit à Clichy, avec des engagements de garantie de services adaptés, et de l’autre, le moment venu, un cloud public permettant de proposer d’autres services.

Le SaaS Cegid sur infrastructure IBM

En France, IBM a investi 300 millions d'euros depuis 2009 pour proposer plus de 26 000 m² de capacité informatique dédiée aux Clouds Privés et Public. Ceci a conduit par exemple, en octobre 2012, à l’inauguration du datacenter Cloud public d’IBM en France, près de Montpellier, permettant à ses clients de localiser leurs données sur le territoire français, et ceci au travers d'une solution pouvant s’étendre de manière simple, maitrisée et cohérente partout dans le monde. Depuis plusieurs années, IBM accompagne et développe un écosystème Cloud Computing fort et innovateur en France. A travers la plate-forme IBM SmartCloud, IBM propose à ses clients et notamment les éditeurs, hébergeurs et PME/PMI, une famille de solutions, de technologies et de services d'informatique Cloud intégrés pour créer et utiliser en toute sécurité des Clouds privés, publics et hybrides. Conçu pour les environnements informatiques simples mais aussi à haute performance, IBM SmartCloud fait plus que proposer de nouvelles façons d'utiliser le Cloud et d'économiser, il stimule et rend possible l'innovation pour en tirer du business et un avantage commercial durable. Et aujourd'hui encore, pour renforcer et enrichir le dialogue avec l'écosystème Cloud Computing, IBM France vient de déployer un blog de partage d'expériences Cloud : Thought On Cloud France.

Quelle a été l’approche pour la mise en place de ce Cloud hybride ? 

Sylvain Moussé : Tout d’abord, nous avons décidé, en partenariat avec IBM, de construire une infrastructure IaaS (Infrastructure as a Service) solide et performante au niveau technologique. Bien sûr, le premier objectif était de maitriser la virtualisation et son administration.  C’est passé par la définition et la mise en place d’une nouvelle architecture de la plateforme de production. L’apport d’IBM dans ce domaine a été très important dans l’échange avec nos équipes notamment. Le deuxième objectif a été financier. Dans la mise en place avec IBM, nous avons insisté sur la nécessaire variabilité de tous les postes de dépense de l’infrastructure : l’administration, la sauvegarde, le plan de reprise d’activité (PRA). Ce qui fait l’originalité de notre infrastructure aujourd’hui, c’est la flexibilité. Et  nous avons été plus loin que beaucoup d’autres éditeurs qui concentrent leurs efforts sur la seule flexibilité de l’infrastructure physique. Enfin, le troisième objectif était de créer un environnement très sécurisé. Nos clients, les directions financières et directions des ressources humaines, les experts comptables, sont des professionnels de la sécurité. Il fallait que Cegid puisse garantir cette valeur ajoutée. La sécurité n’est pas seulement l’affaire de notre partenaire. C’est aussi une compétence développée au sein de Cegid. A titre d’exemple, nous contrôlons parfaitement les règles de gestion des sondes qui nous permettent de surveiller le trafic et d’anticiper en matière de sécurité.  Enfin,  nous veillons fortement à la sécurité des données qui sont sauvegardées sur deux sites distincts sur le plan géographique.

Et au niveau du cloud public, que faudra-t-il maîtriser ? 

Sylvain Moussé : Il y a beaucoup de débats autour du Cloud public mais ce qui est sûr, c’est qu’il faudra que la plateforme de gestion et d’administration des services soit chez Cegid. 

Quels ont été les aspects humains et organisationnels pour votre DSI de la transformation vers le cloud ?

Sylvain Moussé : Tout d’abord, en migrant vers une architecture cloud, notamment au niveau de l’IaaS, nous avons fortement évolué sur le plan technologique et nous avons désormais atteint le bon niveau de maturité. Comme je l’ai indiqué précédemment, pour optimiser le passage à la virtualisation, il a fallu énormément échanger et dialoguer avec les équipes d’ingénieurs d’IBM.  Ce transfert technologique nous a été très profitable pour la maîtrise des coûts de notre infrastructure.  Cela nous a aussi obligé à revoir l’organisation de notre équipe Cloud. Nous avons désormais une organisation  reposant sur deux équipes : la première est dédiée au pilotage de l’infrastructure en relation avec IBM et la seconde au pilotage des applications. Et puis il faut aussi embaucher de nouvelles compétences. C’est très important de pouvoir avoir des experts réseaux, télécoms et outils de pilotage, performance et sécurité.  

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