DBaaS : OVH signe le retour officiel de MongoDB sur son cloud

Le 27 avril, OVHCloud et MongoDB ont annoncé un partenariat afin de porter la base de données orientée documents sur le cloud du fournisseur français. Outre la volonté d’offrir un SGBD NoSQL sur une infrastructure « souveraine », OVH fait le pari que ce service managé poussera les usages de traitement massif de données et de machine learning sur son cloud.

Bis repetita. En 2018, contraint par le changement de licence de MongoDB, OVH avait fermé ses services managés dédiés à la base de données. En 2019, sur ses forums, le fournisseur promettait le retour de MongoDB sous une forme qui respecte la licence SSPL. Ce document empêche la commercialisation du SGBD, autrefois open source, par des éditeurs et des fournisseurs cloud qui ne voudraient pas verser une dîme à MongoDB, l’éditeur. Les clients d’OVH peuvent toujours héberger le SGBD dans son édition communautaire (gratuite) ou entreprise par leur propre moyen, en administrant eux-mêmes les machines virtuelles, les sauvegardes, les backups et autres montées de versions.

Le 27 avril, OVHCloud a officiellement signé le retour d’un service managé pour le SGBD en annonçant un partenariat en bonne et due forme avec MongoDB.

« Nous sommes à une phase de notre développement où nous souhaitons apporter de la valeur sur la couche PaaS, par-dessus l’infrastructure afin de répondre à des usages spécifiques », explique Sylvain Rouri, directeur commercial chez OVHCloud. « Tous les DSI pèsent le pour et le contre du “Make or Buy”, à savoir s’ils doivent faire eux-mêmes ou acheter une solution clé en main. La pandémie a accéléré fortement les décisions autour du “buy”, nous observons une croissance exponentielle du SaaS. Nous voulons monter au niveau PaaS pour offrir des solutions immédiatement activables », vante-t-il.

De prime abord, un tel accord ne va pas de soi. Dans le cloud, l’éditeur américain concentre ses efforts sur sa DBaaS Atlas. La plateforme est disponible sur AWS, Google Cloud et Microsoft Azure. « Nous ne déployons pas MongoDB Atlas », déclare Sylvain Rouri.

L’offre MongoDB-as-a-service correspond à des versions managées des éditions du SGBD NoSQL. « Nous voulons proposer une offre alternative », défend le responsable. « Nous souhaitons permettre à nos clients de traiter leurs données sur des infrastructures qui leur promettent d’être en conformité avec le RGPD et Shrems II, tout en assurant des formes de réversibilité et de contrôle sur ces données-là ».

OVH a pour lui son architecture cloud européenne dont certaines enclaves sont réputées pour leur sécurité.

De son côté, MongoDB a développé plusieurs fonctionnalités dans son édition entreprise à commencer par un RBAC, des intégrations avec le protocole LDAP, et Kerberos. Cette édition contient aussi un moteur de chiffrement des données au repos, le support de TLS/SSL et un framework de chiffrement agissant au niveau d’un champ spécifique d’un fichier JSON. L’éditeur propose par ailleurs plusieurs méthodes de pseudonymisation et une gestion fine des accès aux documents compris dans les collections.

Après une bêta dont le lancement est prévu pour la fin du mois de mai, OVH annoncera la disponibilité générale de MongoDB-as-a-Service en septembre 2021.

« L’offre entreprise arrivera avec beaucoup plus de services et d’accompagnement », promet le directeur commercial. Les deux partenaires entendent répondre aux contraintes des sociétés des secteurs « hautement réglementés tels que les administrations, les marchés financiers ou la défense », selon un communiqué de presse.

Le service managé comprendra la licence MongoDB et les machines virtuelles nécessaires à son exécution. « OVHcloud prendra en charge la maintenance, les mises à jour, les sécurités et les backups du service », précise le fournisseur auprès du MagIT. Ces éléments seront personnalisables suivant « des paramètres tels que la périodicité des backups ou la période de rétention des données » et le forfait choisi par le client.

De la pertinence de MongoDB sur le cloud

Le fournisseur français assure « pouvoir se différencier face à la concurrence » avec une infrastructure performante et des tarifs compétitifs, selon le directeur commercial.

De son côté, MongoDB veut placer partout où il le peut son SGBD, couvrir un large éventail de cas d’usage. Cependant, il est principalement employé à des fins de modernisation d’applications ou de développement web. Par exemple, Adeo recourt à la plateforme Atlas comme un composant du catalogue web de produits de Leroy Merlin.

Autre exemple, certains clients d’OVH font appel à des intégrateurs pour déployer l’ERP Sage sur son cloud. MongoDB peut être utilisé pour gérer les données d’administration des applications dépendantes de Sage X3 (identifiants, mots de passe, préférences et paramètres par utilisateur, etc.).

L’éditeur pousse aussi les usages les plus avancés notamment l’IoT, l’analytique en temps réel et le machine learning et l’IA. De fait, la plateforme peut jouer le rôle de data store, voire de data lake, comme le fait Toucan Toco. OVH entend profiter de cette tendance. En ce sens, il a déjà étoffé son catalogue de services de machine learning.

Mais comme les autres fournisseurs, OVH doit convaincre du bien-fondé de cette nouvelle offre.  

« Il y a beaucoup de déploiement on-premise de MongoDB. Notre première contrainte n’est pas tant d’imposer l’usage de MongoDB [MongoDB revendique plus de 155 millions de téléchargements toutes versions confondues N.D.L.R.], mais de le pousser vers le cloud », précise Sylvain Rouri. « Par ailleurs, nous sommes encore aux prémices de la valeur que peuvent en tirer les utilisateurs les plus avancés, tels les data scientists ». Un pari sur l’avenir, donc.

MongoDB rejoint les versions managées de Redis, MySQL et PostgreSQL proposées par OVHCloud. D’autres éditeurs, dont Clever Cloud, proposent des versions managées de Redis, PostgreSQL, Elasticsearch et MongoDB sur la Marketplace d’OVH.

Justement puisque le fournisseur souhaite s’adresser aux acteurs des secteurs hautement régulés, quid de la disponibilité des services managés pour les SGBD Oracle, IBM DB2 ou SAP HANA sur OVHCloud ? La réponse n’est pas simple.

« Le partenariat avec MongoDB est beaucoup plus évident qu’avec un Oracle ou un SAP », indique Sylvain Rouri. « Les éditeurs comme Oracle ou SAP réfléchissent à ne pas perdre, MongoDB cherche à gagner plus. La grosse contrainte des acteurs comme Oracle ou SAP, c’est qu’ils n’ont pas d’offres souveraines ou alors à des prix avec lesquels le marché ne s’y retrouve pas », lâche-t-il.

D’autres solutions propriétaires à attendre sur OVHCloud

Pour autant, cela ne veut pas dire qu’OVH refuse les discussions avec ces acteurs, au contraire. Mais ces partenariats se font en fonction de « stratégie d’entreprise » et de discussions au long terme.  

« Les grands acteurs de l’édition logicielle sont en train de prendre conscience de cette problématique de contrôle de la donnée en Europe. Nous sommes sollicités par beaucoup de sociétés afin de voir s’il est possible de porter leurs produits sur notre cloud », affirme Sylvain Rouri.

« Quand une convergence d’intérêts se présente et que les éditeurs seront prêts à “déraciner” leurs logiciels et les porter sur OVHCloud, nous pourrons ajouter d’autres briques propriétaires à notre catalogue. »
Sylvain RouriDirecteur commercial, OVHCloud

« Notre stratégie est double : nous continuerons à développer à partir de briques open source, et quand une convergence d’intérêts se présente et que les éditeurs seront prêts à “déraciner” leurs logiciels et les porter sur OVHCloud, nous pourrons ajouter d’autres briques propriétaires à notre catalogue », ajoute-t-il. Pour les acteurs déjà convertis, le fournisseur a conçu le programme Open Trusted Cloud. Les éditeurs comme Nutanix, Jamespot, ServiceNow, Platform.sh, ou encore Atempo s’en revendiquent.

Le directeur commercial entend par là qu’OVH refuse la présence de backdoors et se veut particulièrement attentif quant « à la connexion de la solution vers l’extérieur ». Dans le cadre du partenariat avec MongoDB, cet élément semble déterminant pour la suite des développements. « Nous considérons sérieusement le portage de MongoDB-as-a-service sur notre offre Private Cloud », déclare Sylvain Rouri.

Pour rappel, l’hébergement Private Cloud d’OVH dispose de la qualification SecNumCloud desservie par l’ANSSI en janvier dernier.

« Peu importe le service, les clients nous poseront toujours la question de sa disponibilité sous la qualification Secnumcloud, donc de son accessibilité sur notre cloud privé », ajoute le responsable.

Pour autant, Sylvain Rouri indique qu’OVHCloud réalise 60 % de son chiffre d’affaires en dehors du territoire français et que l’offre MongoDB-as-a-Service s’adresse à un marché à l’échelle européenne. En Chine, MongoDB a effectué un pari similaire avec Tencent Cloud.

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