Cet article fait partie de notre guide: Guide 2023 des alternatives locales à Office 365

Collaboratif souverain : « L’État répond à son devoir de protéger les intérêts nationaux »

Après l’annonce par Bpifrance du financement d’alternatives à Office 365, des voix ont dénoncé une initiative « dépassée » qui dilapiderait l’argent public. Raja Chiky, d’OUTSCALE, explique pourquoi elle estime au contraire que le projet est stratégique.

DÉBAT – Début avril, Bpifrance annonçait qu’il retenait trois projets de suites collaboratives souveraines. Ces « attelages » de plusieurs éditeurs français recevront un soutien financier d’une dizaine de millions d’euros et bénéficieront d’un accompagnement vers la nouvelle version de la qualification SecNumCloud. Une étape indispensable pour vendre, dans un second temps, au secteur public et parapublic français.

Mais cette volonté de ne pas dépendre des suites de Microsoft (Office 365) et de Google (Workspace) n’a pas que des supporters. Dans l’écosystème des deux éditeurs en particulier, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer une initiative qui a plusieurs « guerres de retard » et qui serait un gaspillage d’argent public.

OUTSCALE, la branche cloud (souverain) de Dassault Systèmes, participe à deux des trois projets sélectionnés par Bpifrance. Sa Directrice Alliances & RSE, Raja Chiky, s’est entretenue avec LeMagIT pour défendre l’intérêt de cette initiative.

LeMagIT : Quel sera le rôle exact d’OUTSCALE dans les projets de suites collaboratives souveraines auxquels vous participez ?

Raja Chiky : OUTSCALE interviendra dans la définition des architectures cloud de ces projets. Elles seront conçues pour répondre aux besoins spécifiques de leurs modèles et de leurs composants.

Ce partenariat stratégique permettra de répondre aux exigences particulières en matière de cloud, de renforcer ainsi l’effort collectif, et de développer des alternatives crédibles, souveraines et adaptées aux enjeux du numérique de confiance face aux géants extra-européens.

LeMagIT : Qu’entendez-vous précisément par « exigences particulières » ?

Raja Chiky : Des solutions cloud de confiance, développées et déployées en France par des acteurs de confiance. C’est précisément ce que nous cherchons à accomplir avec nos partenaires dans le cadre de ces projets collaboratifs.

LeMagIT : Plusieurs personnes critiquent ces futures suites collaboratives souveraines (trop chères, trop compliquées, qui ne pourront jamais lutter fonctionnellement avec Office, disent-ils). Quel est, d’après vous, l’intérêt pour l’État de subventionner ce type de projets ? 

Raja Chiky : Le financement de ces projets s’inscrit dans l’objectif plus large de l’État de renforcer la souveraineté numérique de la France.

Les offres collaboratives et bureautiques dominantes sur le marché sont largement contrôlées par des géants extra-européens. Cela présente des risques pour la sécurité et la confidentialité des données sensibles de l’administration publique et des entreprises françaises.

« Le financement de ces projets s’inscrit dans l’objectif plus large de l’État de renforcer la souveraineté numérique de la France. »
Raja Chiky

En traçant vers SecNumCloud, ces projets visent à renforcer cette sécurité et cette confidentialité des données sensibles. L’État répond donc à son devoir de protéger les intérêts nationaux et de garantir la sécurité de ses citoyens et de ses entreprises.

En finançant des projets portés par des acteurs français de la Tech, l’État cherche également à stimuler l’innovation et à favoriser l’émergence d’alternatives crédibles et souveraines à ces offres dominantes. Il a un rôle clé à jouer en tant que soutien et facilitateur.

Cela permettra non seulement de réduire la dépendance de la France vis-à-vis des acteurs étrangers, mais aussi de dynamiser l’économie nationale et européenne en favorisant le développement de compétences et d’emplois dans le secteur du numérique.

LeMagIT : Le but général est-il prioritairement d’amener à maturité des solutions qui pourront être achetées par l’État et les OIV ? Ou est-il plus vaste ?

Raja Chiky : L’aide financière apportée par l’État à travers Bpifrance permettra aux lauréats de passer à l’échelle et d’accélérer leur qualification SecNumCloud, ce qui est indispensable pour être considéré comme une offre « de confiance ».

Mais l’objectif n’est pas seulement d’amener des solutions à maturité pour les vendre à l’État et aux OIV. C’est de proposer des alternatives crédibles et compétitives sur le marché mondial des solutions bureautiques et collaboratives. Nous sommes convaincus que nous pouvons y parvenir. Nous travaillons sans relâche pour offrir à la France et l’Europe ces solutions de confiance qui répondent aux besoins de notre économie et de notre société.

Pour approfondir sur Réglementations et Souveraineté

Close