Externalisations : SFR en donne plus pour économiser plus

10 % d'économies chaque année. C'est l'objectif que SFR a fixé cet été aux trois prestataires retenus pour ses grands contrats d'externalisation : Atos et Wipro dans l'applicatif, Steria pour la gestion des infrastructures. Pour ce dernier, il s'agit du plus gros contrat jamais signé en France.

olivier vallet steria franceRéduire les coûts mais surtout fournir une plus grande réactivité des systèmes pour amener rapidement de nouvelles offres sur le marché : tels sont les objectifs qu'avait fixé SFR aux prestataires pour le contrat de pilotage de ses infrastructures, selon Olivier Vallet, le directeur général pour la France de Steria (en photo ci-contre). La SSII a remporté ce contrat (dit Cap 5) de 100 millions d'euros sur quatre ans. "Le plus gros contrat jamais signé par Steria France", s'était réjoui le gérant de Steria, François Enaud, à l'occasion de la publication des résultats semestriels de la société en début de semaine. La prestation, qui emploiera environ 300 personnes chez Steria, couvre 1 500 serveurs (Unix, Solaris, Wintel) et les environnements grands systèmes (MVS), pour un total de 330 applications.

Le contrat porte sur l'ensemble des systèmes d'information de l'activité mobile de SFR (marketing, ventes, CRM, facturation, systèmes de gestion interne sous SAP...). Et s'applique en réalité à des activités déjà externalisées chez plusieurs prestataires. Dont Steria d'ailleurs : selon Olivier Vallet, la SSII était déjà en place sur environ 30 % du contrat actuel. Cap 5 consiste donc avant tout à regrouper des prestations - donc à écrémer les SSII -, au sein d'un lot plus important. Une tactique que l'opérateur avait déjà employée sur un autre grand volet de son informatique, l'applicatif (développement et maintenance). Comme l'avait révélé La Tribune en août, cet autre contrat de quatre ans - dit Verdi 2 - découpé en quatre lots a été remporté par Atos-Origin (2 lots, pour plus de 50 millions) et l'Indien Wipro (2 lots également, entre 30 et 40 millions d'euros).

80 % sur site, le reste en centres de services

Sur l'appel d'offres touchant le pilotage des infrastructures, SFR avait également initialement découpé la prestation en deux lots (avec schématiquement le front-office d'un côté et le back-office de l'autre). "Nous avons convaincu l'opérateur que regrouper ces deux lots amènerait plus de réactivité et de fiabilité sur l'exploitation des infrastructures", explique Olivier Vallet. La réponse de Steria, préféré par SFR à Capgemini et Atos-Origin, repose sur un mix entre exploitation sur sites et centres de services. "Nous n'avons pas proposé une externalisation totale", explique le dirigeant de la SSII. "Les prestations effectuées sur site représentent même 80 % du total". En appui, interviennent les centres de services de Rennes (supervision et administration des plates-formes de tests) et de Katowice, en Pologne (supervision de la production).

Steria France réorganisée
Pour Olivier Vallet, le directeur général de Steria France, le contrat signé avec SFR illustre la pertinence de la réorganisation de la SSII dans l'Hexagone. Arrivé en décembre dernier à son poste, alors que la filiale traversait une période difficile, qui a conduit au limogeage du précédent DG, Olivier Vallet explique avoir simplifié l'organisation, avec des patrons pour les quatre grands secteurs (finance, utilities, télécoms, secteur public), des responsables pour les 10 comptes clefs et la mise en place de "lignes de service industrielles" indépendantes des secteurs d'activité. "On a supprimé des niveaux de décision. Cette nouvelle organisation est en place depuis le 1er janvier dernier", explique Olivier Vallet. Le conseil, notamment, a été réinjecté dans les entités métier.
Au premier semestre, Steria France a vu son activité reculer de 4,2 %, pour une marge opérationnelle de 6,6 %. "Dès le second trimestre, nos performances étaient en ligne avec celles de Capgemini ou Atos-Origin", plaide Olivier Vallet.
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Bref, ce n'est pas l'offshore qui permettra, en tout cas à lui seul, d'atteindre le niveau d'économies imposé par SFR : - 40 % en quatre ans. S'il se refuse à commenter ce chiffre, Olivier Vallet explique que plusieurs leviers permettront d'atteindre les économies promises. La rationalisation de la prestation d'abord : "en passant à un seul fournisseur, on coupe dans les coûts d'une gouvernance un peu lourde". L'emploi de centres de services au modèle très industriel, donc censés être très efficaces, ensuite. La transformation du SI, notamment via la virtualisation, enfin. Reste que cette partie dépend non pas de Steria, mais de SFR ; le contrat ayant la particularité de n'inclure ni rachat de machines par la SSII (le datacenter reste la propriété de l'opérateur), ni transfert de personnel.

- 10 % par an : plus facile sur l'infrastructure que sur l'applicatif

Cet objectif - environ 10 % de réduction de coûts par an, selon une source souhaitant rester anonyme, tant sur le contrat Cap5 que sur les lots Verdi 2 - apparaît particulièrement élevé, y compris avec des délocalisations offshore. "La direction des achats est puissante chez SFR, mais cette exigence de réduction de coûts vient avant tout d'une pression généralisée dans le monde des télécoms, une pression due à la baisse des tarifs de communication, à la poussée réglementaire et à la forte concurrence", explique notre source. "D'autres opérateurs en Europe suivent ce même chemin".

Le "cas SFR" pourrait notamment inspirer France Télécom. Une hypothèse plausible pour Frédéric Giron, directeur des études au cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC) : "l'écosystème des télécoms, avec sa poignée d'opérateurs et de prestataires, favorise ces contrats fortement axés sur des réductions de prix". Même s'il s'interroge sur les gains qui seront réellement au rendez-vous : "40 % de baisse en quatre ans, c'est un objectif extrêmement ambitieux. SFR aura peut-être moins de mal à l'obtenir sur l'infrastructure, un domaine mieux encadré et plus maîtrisé. Mais, sur l'applicatif, cela me paraît réellement difficile : dans le meilleur des cas, sur les TMA (tierce maintenance applicative, ndlr), les gains sont limités à 6 ou 7 % par an."

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