Steria : tout pour les marges en 2009, assaut de prudence pour 2010

Créditée d'une bonne fin d'année, la SSII dirigée par François Enaud fait toutefois preuve d'une grande prudence pour 2010. Même si l'objectif affiché est de retrouver le chemin de la croissance, la priorité de 2009 a été donnée, là comme ailleurs, à la défense des marges. Avec succès.

Attitude de prudence pour Steria, qui, lors d'une conférence de presse cette semaine, n'a pas donné d'objectif chiffré pour son année 2010, se contentant d'indiquer détecter de premiers indicateurs encourageants montrant l'amorce d'une reprise (redémarrage du conseil, taux d'activité en amélioration, augmentation du turnover). Seules réelles indications : le ratio prise de commandes sur facturation s'élève à 1,03 sur l'année (contre 1,07 en 2008), et les prises de commandes sur janvier et février sont "conformes aux objectifs", sans plus de précision. Pas totalement rassurant. D'ailleurs, François Enaud, le gérant du groupe, indique : "Nous ne sommes pas sereins, parce que nos clients ne le sont pas tant que ça". Comme le directeur général de Capgemini Paul Hermelin, le dirigeant de Steria fixe comme priorité de retrouver le chemin de la croissance organique. Même si, comme Cap toujours, mais aussi Atos-Origin, Steria prévoit un premier semestre 2010 toujours en contraction, du "fait de la décroissance embarquée".

Sur 2009 en effet, Steria a vu son chiffre d'affaires reculer de 3,1 % à taux de change et périmètre constants, malgré une bonne fin d'année où la SSII est revenue à la croissance. Comme ses homologues, Steria aura surtout passé la fin de 2008 et l'année 2009 à défendre ses marges et à réduire ses dettes contractées lors du rachat de l'Anglais Xansa. De facto, à 7,3 %, la marge opérationnelle ne recule que de 0,4 point sur un an (dont une partie est due à la dépréciation de la livre sterling, qui pèse lourd dans les comptes de la SSII). Ce taux de marge figure dans le bon wagon des SSII, aux côtés de Sopra, Logica ou Capgemini. Même relative stabilité pour le bénéfice, à 48,2 M€. Selon François Enaud, ce bon résultat en temps de crise résulte principalement de la performance de la filiale anglaise (11,3 % de marge) et des efforts de productivité internes (One Steria en jargon, consistant à mieux mutualiser les ressources entre filiales). Dans le même temps, Steria a allégé sa dette de près de 50 M€. Moins qu'en 2008, mais l'effort permet de ramener le ratio de dette nette sur capitaux propres (gearing) en dessous de 30 %.

Effectifs en France en 2009 : 400 personnes de moins

Mesure concrète de ces efforts de productivité : en regard de sa décroissance de 3,1 %, Steria a allégé ses effectifs de 4,4 %. Principaux pays touchés : la France - avec 400 personnes en moins - et l'Inde - avec une décrue du même ordre traduisant un certain attentisme des grands comptes face aux délocalisations en cette année de crise. "En France, la dynamique sur l'offshore est là, estime toutefois Olivier Vallet, le directeur général de Steria France. On a développé des offres basées sur des centres de services en France, qui eux-mêmes s'appuient sur nos implantations offshore." Reste que les effectifs offshore employés sur les contrats français se limitent à 300 personnes. A comparer aux 5 300 personnes que compte Steria en Inde (qui possède aussi des centres offshore en Pologne ou au Maroc). Même difficulté à amener le modèle Xansa (la société anglaise spécialiste de l'outsourcing rachetée fin 2007) dans l'Hexagone en ce qui concerne le BPO (externalisation de processus métier). Pas plus que ceux de Capgemini, les dirigeants de Steria n'ont dévoilé de contrat majeur en France sur le sujet, évoquant un intérêt des grands comptes pour le sujet, mais avec des cycles de décision très longs.

Effectifs en France en 2010 : une hausse si...

Malgré ce point, François Enaud se félicite du retour en grâce de la filiale hexagonale, confiée à Olivier Vallet fin 2008 suite au limogeage du précédent directeur général. Au second semestre, la marge de Steria France a progressé de 0,6 point sur un an, à 6,3 %. Selon Olivier Vallet, si le quatrième trimestre de la filiale est encore en légère décroissance, le mois de décembre a été marqué par une reprise de l'activité. "Je ne pense pas que les effectifs en France seront de nouveau en recul en 2010", assure  d'ailleurs François Enaud, précisant toutefois que cela dépendra de la dynamique de marché. Prudence, prudence...

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