Avec Bing et ses services avancés, Microsoft veut contourner Google

Fruit d’une stratégie éclair menée depuis plus d’un an après l'échec du rachat de Yahoo, Bing fait figure d’ultime chance pour Microsoft de contrer Google dans la recherche en ligne. Accusant un retard considérable, Redmond veut visiblement contourner l’obstacle en multipliant les services avancés de contextualisation et d’aide à la recherche, là où Google mise tout sur son algorithme.

On en sait désormais un peu plus sur la nouvelle grosse affaire de Microsoft, en attendant un automne chargé avec la sortie de Windows 7. L’éditeur a profité de la conférence All Things Digital pour présenter comme attendu la nouvelle version de son outil de recherche en ligne. Baptisé Bing – après avoir porté longtemps le nom de Kumo (nuage en japonais) –, l'outil constitue un changement relativement radical qui efface Live Search. Ce dernier n'aura, il est vrai, pas fait de grands dégâts, notamment face à l’hégémonique Google, détenteur de 80 % des parts de marché dans la recherche contre 6 % pour Microsoft.

Sans avoir rien vu, Gartner a des doutes
Vive réaction de Gartner – l’un des principaux cabinet d’étude du secteur – à l’annonce de Bing. Dans un billet de blog, Allen Weiner – analyste – promet pour la semaine prochaine une analyse fine du nouvel outil de recherche de Microsoft. Un post qui semble indiquer que Gartner n’a pas fait parti des heureux privilégiés ayant eu accès au service avant sa sortie. Impression confirmée par la suite du billet dans lequel Gartner met en doute les qualités promises par le service. Allen Weiner se demande pourquoi un outil si important et puissant est annoncé lors d’un "petit" événement et enregistre un décalage de six jours entre sa présentation et sa sortie... Ca sent d’autant plus la frustration que des analystes – notamment chez IDC – ont pu tester l’outil et se sont globalement dits relativement impressionnés.
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Avec le lancement de ce service plutôt riche, c’est sans surprise Google et son champ unique qui sont directement visés. Au niveau marketing, Steve Ballmer a présenté Bing – qui devrait seulement être disponible mercredi prochain – comme un moteur de recherche d’aide à la décision. 100 millions de dollars de promotion devraient être consacrés à la publicité pour nous en convaincre. En réalité, l'outil marque surtout le retour en grâce d’une logique de moteur avancé, proposant un accompagnement fin de la recherche là où Google est devenu leader avec un simple champ, un algorithme sophistiqué qui se charge de penser pour l’utilisateur et une puissante grille de serveurs permettant des réponses très rapides.

Les rachats mis à profit

Bing ne déroge toutefois pas à la règle de l’interface simple en première intention – en tout cas si l’on se fie à la présentation qui en est faite -, mais un jeu important d’outils d’aide à la recherche et de navigation apparaît rapidement. Baptisée Explore Pane (panneau d’exploration), cette console ajoute un élément de navigation contextuelle par rapport à la requête, en vue de l’affiner. Microsoft a également intégré un module de « related searches » (qui permet de voir les requêtes associées à la requête de base) et des recherches pré-programmées par catégorie. Bing propose encore un pré-affichage des pages (via Snapshot) et un second niveau de référence sur les sources trouvées avec un panel d’autres pages proposées par les sites (une fonction baptisée Deep Links). Clairement, Microsoft est allé à la pêche aux bonnes idées sur les services Web 2.0, les portails ou encore dans l’univers marchand (sites de vente, comparateurs de prix). Rien d’étonnant sur ce dernier point, Microsoft ayant acquis en août 2008 Greenfield, un moteur de recherche spécialisé dans la comparaison des boutiques en ligne et éditeur du service Ciao. Autre technologie qui devrait s’intégrer à merveille avec Bing et sa logique de recherche avancée : celle de Powerset, moteur sémantique également acquis à l’été dernier pour quelque 100 millions de dollars.

L'hypothèse Yahoo s'éloigne

Stratégiquement, Bing a au moins le mérite de proposer une véritable alternative à Google dont le design et le principe de navigation n’ont jamais vraiment évolué. Le service proposé par Microsoft offre également à première vue des possibilités plus étendues de monétisation publicitaire, en proposant un chemin de recherche très contextualisé. En revanche, en dehors de la seule logique d’accumulation d’audience, on ne voit plus vraiment l’intérêt que pourrait avoir l’éditeur à s’associer à l’autre grand rival de Google sur la recherche, Yahoo. Les développements de Bing-Kumo se sont d’ailleurs fortement accélérés suite au rejet des avances de Redmond par le portail californien, il y a à peine un an.

Cette semaine, alors que la mayonnaise marketing montait autour de Bing, les rumeurs sur un retour des discussions entre les deux sociétés sont opportunément réapparues. Carol Bartz – la patronne de Yahoo – a expliqué que les discussions se poursuivaient bien autour de la cession de l’activité recherche à Microsoft, mais visiblement avec lenteur. Elle a également remis sur le tapis l’idée d’une vente totale, mais seulement à un prix élevé doublé d'une stratégie industrielle claire.

En savoir plus :

La démonstration des fonctionnalités de Bing par Microsoft

La présentation par Steve Ballmer à l’occasion de la conférence All Things Digital

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