Cet article fait partie de notre guide: PaaS : où en est le marché ?

Cloud : Microsoft ouvre grand les portes de Windows Azure à SAP

Ce nouveau partenariat autour des solutions de SAP en mode SaaS hébergées sur Azure touche également la mobilité, le développement, l’interopérabilité et la BI

Deux des plus importants acteurs du secteur viennent d’annoncer un approfondissement de leur collaboration. SAP et Microsoft ont en effet décidé de proposer des offres communes autour du Cloud, de la BI, de la mobilité et du développement.

Dans le cadre de cet accord, plusieurs applications SAP seront désormais certifiées et disponibles sur le PaaS de Microsoft, Windows Azure. Une manière pour les clients SAP également familiers de Microsoft de s’affranchir de la gestion de l’infrastructure (prise en charge, y compris au niveau du support, par l’éditeur américain). Et une stratégie gagnante-gagnante pour les deux mastodontes de l’IT.

Des ERP et des outils de développements SAP hébergés sur Azure

D’ici l’été, les deux géants prévoient ainsi que Business Suite et Business All-In-One, l’ERP pour les moyennes entreprises de SAP, soient entièrement supportés sur Azure.

Autre produit concerné par cette stratégie : l’outil de développement pour terminaux nomades SAP Mobile Platform (ex- Sybase Unwired Platform) sera lui aussi certifié (les deux acteurs devraient rapidement donner plus de précisions sur ce point). Quant à SAP Adaptive Server Enterprise (ex- Sybase DB), elle est désormais accessible dans le catalogue de base de données pré-packagées sur Azure. « Une offre qui peut intéresser les OEM spécialisés dans les solutions transactionnelles et qui sont par ailleurs utilisateurs d’Azure », analyse Jean-Michel Jurbert, responsable Business Development Big Data et EIM chez SAP, interrogé par LeMagIT.

Au-delà de SAP Mobile Platform et d’ASE, cet accord concerne beaucoup les développeurs. Ceux-ci pourront désormais déployer « en quelques minutes » (dixit l’éditeur allemand) des solutions SAP préconfigurées directement sur Azure grâce à l’outil SAP Cloud Appliance Library.

L’édition développeur de la base de données in Memory SAP HANA, elle aussi , sera certifiée sur Azure. Théoriquement, il sera donc possible de développer et de déployer une application sur Azure - en .NET, C#, voire Java - qui utilise la base in-memory de SAP en mode DBaaS. Dans les faits, les choses sont un peu différentes aujourd’hui puisque l’accord semble toucher dans un premier temps HANA comme plate-forme de développement (et non comme base pure), et ce dans un cadre de prototypages de projet plus que dans des mises en production.

Un accord majeur gagnant-gagnant pour les deux géants

« C’est un peu le même cycle de certification que ce que nous avons fait avec VM Ware dans la virtualisation ou avec HANA One sur AWS, compare Jean-Michel Jurbert, on assure d’abord le portage pour la partie développement, et au fil de l’eau, on élargit à la partie production. » Laissant entendre que pour HANA dans le Cloud de Microsoft, il s’agit bien d’une stratégie au long cours dont l’annonce du jour n’est que le prologue.

Mais un prologue important. Car si Microsoft et SAP collaborent en effet depuis une vingtaine d’années, c’était jusqu’à présent sur Amazon Web Services que SAP avait certifié plusieurs de ses applications et HANA. Et c’est avec Oracle que Microsoft a amorcé récemment un rapprochement.

Cet accord ressemble donc à un coup stratégique gagnant-gagnant. Pour SAP, il s’agit – en plus de répondre à Oracle - de ne pas laisser de côté « l’autre acteur essentiel » du PaaS. Et au contraire, d’en tirer parti. SAP propose lui-même un Cloud 100 % maison (pour mémoire, l’éditeur allemand possède quatre centres de données dans le monde et bientôt six). Mais cette annonce autour d’Azure « permet d’avoir une visibilité maximale dans un secteur où SAP s’est lancé récemment et où il doit encore étendre sa notoriété », nous déchiffre Jean-Michel Jurbert.

D’un point de vue commercial, SAP sait également qu’il n’a aucun intérêt à imposer une seule et unique option de déploiement hébergée de ses produits. « Nous ne souhaitons pas contraindre nos clients à travailler uniquement avec nous », acquiesce son porte-parole au MagIT. Pour une raison simple, « certains ont des affinités Cloud existantes avec Amazon, d’autre avec Microsoft ». Ne proposer que AWS ou que Azure (voire que le cloud SAP), reviendrait à se couper d’une partie du marché.

Pour Microsoft, l’enjeu est tout autre. Bien qu’étant numéro un incontesté du logiciel, la bataille du Cloud reste à gagner. Il s’agit donc de rendre coup pour coup à Amazon, son plus gros concurrent dans le IaaS et le PaaS, et de placer son infrastructure de centre de données, fruit de plusieurs milliards d’investissements, au cœur de la stratégie de « Cloudisation » des éditeurs (comme récemment Infor ou Sage). Ajouter à son catalogue SAP, le quatrième plus gros éditeur mondial d’après PwC – même si certaines de ses offres sont concurrentes de produits Microsoft - est une très bonne nouvelle pour le géant américain. A la fois pour les retombés financières qu’elle représente (SAP devra évidemment verser des royalties pour utiliser les serveurs de Microsoft) mais aussi en terme de prestige pour Azure.

BO, Excel, Office 365 : déjà plus d’interopérabilité

Cette annonce d’accord industriel majeur –en devenir – a déjà quelques retombées très concrètes.

Cette nouvelle étape de collaboration entre SAP et Microsoft touche en effet d’ores et déjà l’interopérabilité des données dans les outils BI des deux éditeurs (entre Excel - au travers de Power BI - et Business Object). Quant au portail SAP Gateway, une nouvelle version est annoncée dans le courant de l’année pour permettre une meilleure intégration entre les solutions SAP et Office 365.

Enfin, côté mobilité et une fois de plus pour les développeurs, un SDK pour Windows Phone 8.1 devrait être ajouté à la prochaine version de SAP Mobile Platform. Une version attendue pour l’année prochaine.

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