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Nutanix prépare son entrée en bourse

Le spécialiste des systèmes hyperconvergés à transmis son document de pré-introduction à la SEC. L'occasion d'en savoir plus sur ses activités et sur sa rentabilité. LeMagIT a étudié le document pour vous.

Nutanix a officiellement fait un pas de plus hier vers l’introduction en bourse en publiant son document de pré-introduction (form S1) qui permet de se faire une idée assez précise de l’économie de la firme et des défis qui l’attendent encore dans les mois à venir. Le champion des architectures hyperconvergées n’a pas précisé quel montant il entendait lever à l’occasion de cette opération, ni quel serait le prix d’introduction de ses actions. La firme se réserve en effet encore la possibilité de faire marche arrière si nécessaire. Mais en toute logique, et si les conditions de marché ne se dégradent pas brutalement, il est vraisemblable que Nutanix sera introduit au Nasdaq sous le symbole NTNX dans le courant du premier semestre 2016.

Nutanix et les infrastructures hyperconvergées : une croissance explosive

Le marché des systèmes hyperconvergés est en très forte croissance. Selon IDC, il a plus que doublé au cours de l’année écoulée pour atteindre 279 M$ au 3e trimestre. Il représente désormais 10,9 % du marché total des systèmes convergés, un marché dont la croissance est atone (+6,2%). On comprend mieux l’intérêt récent porté par les géants des serveurs tels que Dell, EMC/VCE, HP et Lenovo aux architectures hyperconvergées. Le secteur présente des perspectives de croissance importantes, mais il est aussi une menace pour leur pré-carré traditionnel dans les serveurs et le stockage.

Selon les données publiées par Nutanix, la firme a connu une croissance explosive au cours de ses 4 dernières années fiscales (Nutanix clôture ses exercices le 31 juillet). En 2012, la firme ne réalisait que 6,5 millions de dollars de CA. En 2013, ce chiffre était passé à 30,5 millions de dollars et il a explosé la barre des 100 millions en 2014 pour s’établir à 127,1 millions de $ en 2014. En 2015, le chiffre d’affaires de Nutanix a encore bondi de 89 % pour atteindre 241,4 millions de dollars. Enfin, au cours de son premier trimestre fiscal 2016, clos le 31 octobre 2015, Nutanix a réalisé un chiffre d’affaires de 87,7 M$, en hausse de 90 % sur un an.

Des marges brutes proches de celles des géants du stockage

Le plus intéressant, lorsque l’on étudie les chiffres publiés par le constructeur, est que le profil de marge de Nutanix est aligné sur celui d’un acteur du stockage. La marge brute de la firme approche les 60 %. Elle est donc plus proche de celle d’un EMC ou d’un NetApp, que de celle d’un vendeur de serveurs x86 comme Dell ou d’un HP. Ces derniers opèrent en effet à un niveau de marge brute oscillant entre 25 et 30 %. À titre de comparaison, la division systèmes et technologie du « nouvel » IBM, débarrassé de ses serveurs x86, affiche un taux de marge brute d’environ 50 % avec ses mainframes, ses serveurs Unix et sa division stockage. Nutanix a donc le potentiel de devenir extrêmement rentable s’il parvient à poursuivre sa croissance et à atteindre un niveau de chiffre d’affaires lui permettant d’absorber ses coûts de R&D, de vente et de marketing.

Pour l’instant, on en est encore loin. La firme affiche en effet des pertes nettes élevées. Elle a perdu 44,7 M$ en 2013, 84 M$ en 2014 et 126,1 M$ en 2015. Mais la situation semble s’améliorer. Le ratio perte/CA, qui était de 66 % en 2014 n’était plus que de 52 % en 2015 et il s’est encore amélioré lors du premier trimestre fiscal 2016 pour atteindre 36 %. En clair, l’augmentation progressive du CA de Nutanix permet à la firme de mieux absorber ses coûts opérationnels (R&D, vente et marketing, services généraux), ce qui la rapproche mécaniquement de la rentabilité.

Une trésorerie solide et des sorties de cash « raisonnables »

On peut noter aussi que les distributions d’actions et de stock-options fonctionnent encore à plein. Il s’agit d’un mécanisme de rémunération fréquent dans les start-up pré-introduction en bourse et qui permet de limiter les sorties de cash. A fin juillet 2015, près de 27 M de stock-options étaient exerçables et la firme avait aussi distribué plus de 6 millions d’actions restreintes. Surtout le rythme de distribution d’actions s’est accéléré en 2015 avec 17 millions de dollars dépensés par la firme pour la rémunération de ses salariés en actions. Ce type d’accélération est encore une fois traditionnel dans les périodes précédant une introduction en bourse.

La trésorerie est aussi gérée de façon « prudente » (en tout cas pour une start-up américaine de ce type) et la consommation de cash est en baisse. En 2014, Nutanix avait consommé 45,7 M$ de cash pour financer ses activités. En 2015, ce montant est tombé à 25,6 M$. Et la firme dispose encore de près de 150 M$ de trésorerie avant son introduction en bourse. À son rythme actuel de sortie de cash, elle pourrait donc encore fonctionner pendant près de six ans sans nouvelle injection de fonds… (Ses plans sont bien entendus bien plus ambitieux…).

Notons que la firme emploie officiellement un peu moins de 1 400 personnes et compte déjà plus de 2 100 clients. Selon elle, ses principaux concurrents sont les géants du stockage en réseau comme EMC, NetApp et Hitachi Data Systems, mais aussi les géants des serveurs et de l’infrastructure comme HPE, Cisco, Lenovo, Dell, Hitachi et IBM, ainsi que VMware - Microsoft, en retard sur ce marché n'est pas mentionné, pas plus que des concurrents direct comme Simplivity ou Atlantis. Ironiquement, deux de ces « concurrents » sont aussi ses partenaires, à savoir Dell et Lenovo

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