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Arista Networks poursuit son développement au-delà du datacenter

Le spécialiste des équipements de commutation pour datacenter a récemment renforcé son offre avec des capacités avancées de routage. Il entend concurrencer Cisco et Juniper sur les marchés des l'interconnexion de datacenter et des réseaux métropolitains.

Arista Networks est en quelques années devenu le numéro deux mondial des équipements de commutation pour Datacenter et la firme devrait allègrement passer la barre des 1,1 Md$ de chiffre d’affaires cette année, après avoir bouclé l’année dernière sur un chiffre d’affaires de près de 860 M$.

Alors qu’Arista Networks poursuit une bataille juridique sans merci avec Cisco aux États-Unis — Cisco a obtenu une injonction visant à stopper l’importation des équipements Arista sur la base de brevets secondaires -, la firme poursuit sereinement son développement en France avec la signature de belles références chez plusieurs grands fournisseurs de services comme OVH, IBM/SoftLayer, Ikoula, Linkbynet ou Colt), dans le secteur public (Gendarmerie Nationale, Météo France,…), mais aussi dans plusieurs grandes entreprises des secteurs de la banque/Assurance, des médias et de l’industrie. 

La firme devrait employer en France près de 10 personnes d’ici la fin de l’année. Elle a patiemment bâti son réseau de distribution en s’appuyant sur des grossistes spécialisés comme Miel et Exclusive et a peu à peu commencé à séduire de grands intégrateurs et mainteneurs comme aciernet, BT, Computacenter, Curvature ou Dimension Data. Elle a aussi noué un partenariat intéressant avec Nutanix qui a largement contribué à populariser ses équipements auprès des PME.

À compter du lundi 7 novembre 2016, elle pourra de plus compter sur un partenaire de poids, puisque HPE a officiellement annoncé qu’il va mettre à son catalogue les équipements réseau de la firme – après les avoir déjà validés, au sein de ses équipements convergés.

Avec ses équipements Universal Spine, Arista étend son emprise hors du datacenter

Au printemps 2016, Arista avait marqué les esprits en dévoilant son châssis de commutation 7500R, qualifié par le constructeur de « Universal Spine ». Le 7500R est plus qu’un simple commutateur de cœur de datacenter. Bâti autour du dernier chipset « Jericho » de Broadcom, il a été conçu pour offrir des fonctions avancées de routage et sa pile logicielle a été enrichie du support de MPLS. Le 7500R est le fer de lance d’une offensive plus générale d’Arista visant à étendre son emprise hors du datacenter.

Marché mondial de la commutation de datacenter - Cisco vs Arista Networks

Clairement, Arista caresse l’idée d’attaquer Cisco plus largement sur le marché de l’interconnexion de datacenter et sur le marché des réseaux métropolitains. Bref, après la commutation, c’est au routage et donc au cœur des revenus de Cisco qu’Arista s’attaque. On comprend mieux l’agacement croissant du numéro un mondial des réseaux.

Le pari d’Arista est de proposer ces fonctions moins chères que ce que peuvent proposer Cisco et Juniper en s’appuyant sur des ASIC standard du marché et en implémentant des fonctions avancées sous forme logicielle dans son système d’exploitation EOS. Par exemple, la fonction FlexRoute du système d’exploitation EOS d’Arista permet au commutateur de gérer jusqu’à 2,5 millions de routes. Selon la firme le 7500R peut aussi gérer jusqu’à 128 000 tunnels MPLS, GRE ou VXLAN. Le switch sait analyser jusqu’à 13 niveaux d’étiquettes MPLS et son temps de reconvergence est de 200 ms, ce qui est bien inférieur à un routeur traditionnel (en général une seconde ou plus). 

Le concept "Universal Spine" d'Arista Networks

Plus récemment, Arista a élargi son offre Universal Spine avec le commutateur 7280R. Ce commutateur rackable s’appuie sur une architecture similaire à celle du 7500R. Il est décliné en plusieurs moutures 1U et 2U. L’entrée de gamme, le 7280TR-48C6 offre 48 ports Ethernet 10G Base-T associés à 6 ports d’uplink à 100G (QSFP100 splittables). Ce modèle à un jumeau « optique », le 7280SR-48C6, avec 48 ports Ethernet 10G SFP+ et 6 ports d’uplink à 100G.

Le 7280QR-C36 propose 24 ports QSFP+ et 12 ports QSFP100 ce qui lui permet selon la façon dont on splitte les ports de supporter jusqu’à 144 ports 10G, ou 48 ports 25G ou 36 ports 40G…

Enfin, en haut de gamme, on trouve le commutateur 2U Arista 7280CR-48 et ses 48 ports QSFP100 associés à 8 ports QSFP+. Ce monstre de densité peut offrir un maximum de 48 ports 100G mais selon la façon dont on splitte ces ports, il peut aussi gérer jusqu’à 224 ports 10G ou 192 ports 25G ou 56 ports 40G…

Comme le 7500R, le 7280R dispose lui aussi de larges quantités de mémoire tampon (4 Go par processeur de paquets) pour fonctionner comme un routeur (ou garantir des performances élevées pour des applications non tolérantes à la perte de paquets comme le stockage IP). Il sait ainsi gérer jusqu’à 1,2 million de routes Ipv4

Le 7280R devrait être à l’aise au cœur d’architectures hyperconvergées massives, mais il pourrait aussi faire de l’ombre aux routeurs de Cisco et Juniper chez certains grands comptes et fournisseurs de services. À terme, Arista pourrait même venir Cisco et Juniper sur le marché des opérateurs télécoms, même s’il faudra sans doute pour cela que sa pile MPLS mûrisse, ce qui sera sans doute l’un des focus de la firme tout au long de 2017.

Des fonctions de télémétrie sophistiquées prévues pour les prochaines semaines

Dans les semaines à venir, Arista devrait aussi renforcer les capacités de diagnostic et de supervision de ses équipements en ajoutant des fonctions avancées de télémétrie dans EOS.

Ces fonctions de télémétrie s’appuieront sur la base NetdB d’EOS, qui répertorie en temps réel les changements d’état du commutateur. En centralisant ces informations et en les analysant via le moteur analytique de l’outil d’administration maison, CloudVision, il sera possible de visualiser en temps réel l’état du réseau et des flux. Selon Arista, il sera aussi bien plus simple de diagnostiquer précisément les problèmes de performances.

L’API Rest fournie par le constructeur permettra également à des tiers d’interfacer leurs outils avec les informations de télémétrie remontées par ses équipements. Ces informations pourront être utilisées à des fins d’analyse forensique ou d’analyse de sécurité, par exemple. Déjà, la firme a annoncé plusieurs partenariats autour de son offre de télémétrie, en particulier avec HPE, VMware (qui va intégrer les informations dans vRealize Network Insight), Veriflow et SAP (qui va incorporer les informations de télémétrie d’Arista dans SAP IT Operations Analytic).

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