Definition

DSI

Le Directeur des Systèmes Informatique et/ou d'Information - en anglais le CIO - correspond à l'intitulé du poste exécutif attribué à la personne chargée de la stratégie IT et des systèmes informatiques nécessaires au soutien des objectifs de l'entreprise.

Au milieu des années 80, le rôle du DSI était essentiellement technique. A mesure que le stockage, la transmission et l'analyse d'informations électroniques gagnaient en importance, le DSI a été perçu comme un contributeur clé dans la formulation des objectifs stratégiques.

Dans nombre d'entreprises, le DSI est directement subordonné au Directeur général ; et parfois, il siège au conseil de direction.

Aspect important du rôle du DSI, il doit sensibiliser les cadres de direction, ainsi que les employés, à la valeur ajoutée des systèmes informatiques et aux risques qu'ils induisent pour l'entreprise.

Conséquence de responsabilités stratégiques croissantes, les DSI des grandes entreprises s'appuient sur une équipe de spécialistes pour gérer des domaines spécifiques de l'informatique, et ils délèguent généralement la supervision de l'exploitation des opérations IT quotidiennes à un assistant technologique. En 2015, un sondage du Gartner révélait que près de la moitié des DSI dans le monde disposent d'un « Directeur des opérations » (COO, Chief Operating Officer) qui remplit cette fonction.

Gartner remarquait toutefois que, sous son intitulé, le rôle du DSI « varie considérablement » en fonction du secteur industriel et géographique. Par exemple, 60 % des DSI en Asie disposeraient d'un Directeur des opérations informatiques, contre seulement 34 % en Amérique du Nord. Près de 70 % des DSI du secteur des communications auraient un COO, contre seulement 30 % dans le secteur de la vente en gros.

La naissance du DSI

Le rôle du DSI remonte à la fin des années 50 lorsque les entreprises commençaient à intégrer l'informatique à leurs opérations. Selon Jeanne W. Ross et David F. Feeny, auteurs en 1999 de l'étude intitulée « The Evolving Role of the CIO », les responsables informatiques de première génération étaient typiquement des cadres moyens ou supérieurs, oeuvrant au sein de ce que les entreprises appelaient le service de traitement des données électroniques et, par la suite, le service informatique (SI).

Publié par le MIT Sloan School of Management, le rapport désigne cette période sous le nom d'ère mainframe ; un segment chronologique qui va, en gros, des années 60 au début des années 80, et qui doit son surnom aux ordinateurs mainframe dont les entreprises s'équipaient pour, entre autre, automatiser des processus administratifs.

Selon Ross et Feeny, ces responsables du service informatique (SI) et du traitement des données de l'ère mainframe étaient rarement impliqués dans la définition de la stratégie informatique (et moins encore de la stratégie globale). L'entreprise préférant laisser le fournisseur dominant (généralement IBM) fixer le cap.

« La principale responsabilité de ces cadres informatiques de la première heure consistait à mettre de nouveaux systèmes à disposition, conformément à un délai et à un budget, et à faire fonctionner les systèmes en place selon un "niveau élevé de fiabilité" », expliquent Ross et Feeny.

A mesure que les entreprises découvraient comment appliquer la technologie mainframe à leur activité, le rôle du responsable informatique gagnait en visibilité. Et en controverse.

Les services informatiques se voyaient confier des projets de plus grande envergure et en plus grand nombre. Mais les retards pris s'accumulaient en parallèle, et induisaient des récriminations quant au manque de réactivité du responsable informatique vis-à-vis des besoins métier.

Côté métiers, ce mécontentement des débuts à l'égard de l'incapacité de l'informatique à tenir le rythme des exigences persiste à ce jour.

La nécessité d'aligner l'informatique sur les besoins de l'activité devient une priorité du nouveau rôle du DSI qui se dessine alors. Un rôle qui implique l'acquisition de nouvelles compétences : parallèlement au savoir-faire technologique, le responsable de l'informatique doit être capable d'administrer efficacement et de communiquer. En outre, il doit, de préférence, disposer d'une formation avancée à la gestion d'entreprise.

Le nouveau rôle du DSI à l'ère du .com et de l'informatique distribuée

L'adoption des ordinateurs personnels dans l'entreprise, au début des années 80, marque la fin de la concentration des systèmes informatiques dans des services de traitement des données administrés aux mains d'experts.

Les systèmes deviennent alors distribués à l'échelle de l'entreprise. Les unités métier commencent à acquérir leurs propres systèmes auprès de tout un panel de fournisseurs spécialisés, notamment Microsoft. Les employés, quant à eux, s'habituent à avoir à portée de main une technologie bureautique puissante.

Pourtant, il devient rapidement évident que la chasse aux « poches » informatiques autonomes (parfois désignées par le terme « Shadow IT ») est inefficace et coûteuse.

Nombre d'entreprises adoptent alors un modèle fédéré, dans lequel certains systèmes et services informatiques restent sous contrôle centralisé, et certaines technologies sous contrôle local.

Déterminer comment et avec quel fournisseur acquérir, architecturer et mettre en réseau de bout en bout des solutions constitue dès lors une part importante du rôle du DSI.

Cette période marque, par ailleurs, l'émergence des suites ERP de grande envergure, qui visent à collecter et à administrer les données produites à différents niveaux de l'entreprise. La mise en oeuvre de ces systèmes complexes est coûteuse et difficile. Elle nécessite une refonte importante de l'ingénierie des processus métier et débouche parfois sur des échecs spectaculaires pour des DSI - dont le poste est alors considéré à haut risque.

Au début des années 90, l'accès au World Wide Web étend encore le rôle de l'informatique au sein de l'entreprise. Le DSI, principale autorité en matière technologique dans l'entreprise, devient une force de proposition pour planifier une stratégie commerciale. C'est ce que Ross et Feeny désignent comme l'ère du Web.

Si les DSI sont alors encore responsables de la supervision et de l'administration des systèmes et du service informatique, on peut avancer que leur principale tâche à l'aube de cette ère consiste plus à envisager dans quelle mesure un usage d'Internet affectera les entreprises qui les emploient. Cette nouvelle tâche requiert une vision, la capacité de refondre l'ingénierie des processus métier pour tirer parti de la nouvelle plateforme, ainsi que des compétences en leadership pour convaincre les autres acteurs que le changement est nécessaire.

Du Directeur des Systèmes Informatiques au Directeur des Systèmes d'Information

Pour déterminer comment l'informatique peut créer de la valeur, le DSI doit désormais appréhender un certain nombre de forces commerciales et réagir rapidement à leur influence. Il s'agit notamment des innovations technologiques, des offres des différents fournisseurs, des technologies de rupture et, de plus en plus, d'une base de clients qui prévoit de commercer par des circuits tant physiques que virtuels.

Selon nombre d'experts, la pression que subissent les DSI pour s'adapter à ces forces commerciales est plus écrasante aujourd'hui qu'elle n'a jamais été au cours des 30 années d'existence du poste.

Le rythme croissant du changement technologique, couplé à une adoption étendue des technologies numériques côté grand public, notamment des médias sociaux, des appareils mobiles et du Cloud computing, a contraint les DSI et les entreprises à repenser le rôle que joue l'informatique dans pratiquement tous les aspects de l'activité : de l'efficacité opérationnelle à la productivité des employés, en passant par le service client, ou les objectifs commerciaux. Voire la survie même de l'entreprise.

A mesure que les processus métier se numérisent et que les clients génèrent des données numériques, la portée et le portefeuille du DSI s'étendent en conséquence. Jusqu'à un point de rupture, aux yeux de certains.

Quoi qu'il en soit, certaines responsabilités du DSI sont transférées à d'autres rôles exécutifs. Parallèlement au Directeur technique et au Directeur de la sécurité des systèmes informatiques (RSSI), on voit poindre tout un panel de nouveaux « Directeurs » arborant des titres tels que Responsable des données (CDO ou Chief Data Officer), Responsable du numérique (Chief Digital Officer) ou encore Responsable analytique.

Selon certains experts, plus les entreprises s'efforcent de rester compétitives sur le marché du numérique, plus les DSI se positionnent pour devenir des Directeurs généraux. D'autres avancent que la mise en place d'une stratégie informatique - et l'approvisionnement en systèmes informatiques -finiront par être absorbés par les fonctions métier.

Les DSI au point d'inflexion ou au point de rupture ?

Vingt ans plus tard, alors que les entreprises de tout type convergent plus que jamais vers le numérique, le défi reste inchangé côté DSI. En outre, les entreprises natives du numérique, telles que Google, Amazon et Facebook, introduisent un nouveau jeu de compétences pour le rôle.

Ces compétences comptent la nécessaire maîtrise du Cloud computing, de l'informatique mobile, du Big Data et des plateformes de collaboration. En termes de puissance informatique, les avancées ouvrent la voie à des applications commerciales de l'intelligence artificielle (IA ou AI) et de l'Internet des objets (IoT).

En outre, certains perturbateurs numériques, tels que le service de taxis Uber, redéfinissent des modèles d'activité, voire des pans entiers de l'économie.

Parallèlement, face à des cyber-attaques incessantes, la responsabilité liée à la protection des données et des systèmes informatiques devient une tâche pratiquement impossible. Une atteinte à la protection des données médiatisée peut coûter sa place au DSI. Ce fut le cas pour celui de Target, Beth Jacobs, qui quitta l'entreprise suite à la violation de la sécurité de 2013 qui affecta 40 millions de clients. (La brèche entraîna également la démission du Directeur général, Gregg Steinhafel.)

Certains observent que l'ubiquité de l'informatique a porté le rôle du DSI au niveau de la création la valeur. Selon des cabinets de recrutement de cadres supérieurs, beaucoup de DSI s'inquiètent de leur manque de formation sur les initiatives qu'on s'attend à les voir conduire. Alors que le flux d'informations conditionne de plus en plus la réussite ou l'échec de l'entreprise, le rôle du DSI rime à la fois avec risques et grandes récompenses.

Budgets et rémunérations

Dans nombre d'entreprises, le budget informatique accordé au DSI est calculé en pourcentage du chiffre d'affaires. Le taux des dépenses informatiques par rapport au chiffre d'affaires varie selon le secteur industriel et sa dépendance à la technologie.

Selon le rapport Gartner Benchmark Analytics « IT Key Metrics Data 2014 », il oscille entre 1 % (secteurs de la construction, des matériaux et des sources naturelles) et 6,7 % (secteurs de l'édition de logiciels et des services Internet).

A l'instar du budget informatique, la rémunération d'un DSI varie aussi considérablement. Elle est fonction des années d'expérience mais aussi, plus spécifiquement, du chiffre d'affaires et de la taille de l'entreprise qui l'embauche.

En France, le salaire d'un DSI va de 70 K€ par an à plus de 150 K€ (selon les estimations de plusieurs cabinets de recrutement spécialisés dans l'IT).

Cette définition a été mise à jour en janvier 2017

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