Cet article fait partie de notre guide: Cloud hybride : l'avenir du Cloud se dessine

Comment et pourquoi Chèque-Déjeuner pousse ses AS/400 dans le Cloud

Si la carte à puce n’a pas encore remplacé le ticket restaurant dans le portefeuille des Français, tous les émetteurs de titres restaurants doivent aujourd’hui accompagner ce mouvement de dématérialisation. Chèque-Déjeuner a opté pour le Cloud pour réaliser cette transformation de son SI.

Depuis le décret du 7 mars 2014, les titres restaurants, que ce soit les tickets restaurants, les chèques déjeuner ou encore les chèques restaurants, peuvent être dématérialisés sous la forme d’une carte à puce. Un an après ce feu vert du gouvernement, 120 000 cartes titres-restaurants avaient été diffusées contre encore 3,5 millions d’utilisateurs de tickets papier.

C’est peu, mais tous les acteurs de ce marché, que ce soit Chèque-Déjeuner, Edenred, Natixis et Sodexo ont dû intégrer cette dématérialisation à leur stratégie, notamment pour faire face aux nouveaux entrants tels que Moneo et Resto Flash.

Le SI devient le cœur du Business Model d’Up Group

Son nom est inconnu du grand public mais Up Group est l’un des poids lourds du secteur. Connu sous le nom de son produit phare, Chèque-Déjeuner, l’entreprise compte 27 millions de bénéficiaires et 1,7 million de commerces affiliés acceptent aujourd’hui ses titres. Le volume d’émission atteint aujourd’hui 6 milliards d’euros et tout le monde connait le chèque déjeuner, le chèque cadeau, le chèque culture, etc.

Cette dématérialisation des titres restaurants a une conséquence très directe sur le système d’information des émetteurs de titres, comme le souligne Jérôme Kevers-Pascallis, DSI d’Up Group. « Jusqu’à maintenant, ces titres de service étaient essentiellement distribués au format papier et notre système d’information n’était qu’un support aux métiers, avec du CRM, de l’ERP, etc. Ce système d’information ne desservait pas nos clients finaux. Aujourd’hui, nos produits évoluent, nos supports évoluent. Nous passons du papier aux supports numériques avec une dématérialisation sur les supports cartes et le paiement via Internet. Cela veut dire que les utilisateurs de nos produits vont utiliser un moyen technologique qui va s’appuyer sur notre système d’information. »

Cette évolution est de taille car si Up Group est n°3 mondial sur ce marché des titres de services, le groupe ne compte que 2 500 collaborateurs et son système d’information est taillé à cette échelle. Il ne pouvait pas servir 27 millions d’utilisateurs 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

« Notre système d’information avait vraiment besoin d’évoluer, car nous avons besoin d’une puissance de traitement bien supérieure et d’un système d’information sans faille en termes de qualité de services avec un très haut niveau de disponibilité. Quand un client veut utiliser un chèque-déjeuner, il ne faut pas que le système d’information ne fonctionne plus. Nous avons besoin d’une disponibilité 24h/24 et 7 jours sur 7. »

Outre cette problématique de disponibilité continue, l’activité même d’Up Group l’expose à de très forts pics de trafic dans la journée. Ainsi, pour la France, tous les salariés vont solliciter leur carte Chèque-Déjeuner au même moment, entre 13h et 14h. Pour le nouveau DSI d’Up Group, une solution s’est imposée d’elle-même pour ses avantages : le Cloud Computing.

Passer dans le Cloud pour… améliorer la qualité de service

Parmi les nombreux projets de refonte de l’informatique d’Up Group que mène le DSI, le premier d’entre eux porte sur l’externalisation d’une partie de l’infrastructure dans le Cloud, et plus précisément vers le Iaas. « Nous avons fait ce choix pour des raisons de fiabilité et cette nécessité que nous avons de bénéficier d’une puissance supplémentaire avec des investissements faibles. »

Comme bon nombre d’entreprises françaises de taille moyenne, l’informatique d’Up Group a été bâtie sur la plateforme AS/400. Une architecture qui, à l’heure où la puissance des machines x86 s’est envolée, s’avère bien plus couteuse à faire monter en puissance. « Une grosse partie de notre système d’information est basée sur de l’AS/400. Or, acheter un AS/400, ce n’est pas acheter un x86. Ce sont des investissements conséquents et nos filiales n’ont pas la capacité d’aller investir sans cesse dans ce matériel. »

L’externalisation de l’AS/400 va permettre à l’entreprise de faire face à l’augmentation des besoins de puissance au fur et à mesure de l’adoption de la carte à puce par les utilisateurs de chèques déjeuners.

Elle permet aussi à la DSI d’améliorer la qualité de service de son exploitation informatique : « L’externalisation fait que l’on va louer de la puissance chez un grand acteur et avoir simplement un coût récurrent pour un service qui intègre un niveau de SLA qui n’a rien à voir avec ce que l’on pouvait avoir en interne. La disponibilité est un avantage qui est fondamental. Nous sommes une entreprise de taille intermédiaire et nous n’avons pas la capacité de mettre en place des équipes en 24/7 avec les bons niveaux d’expertise sur nos différentes infrastructures et solutions. »

Même constat du DSI sur le volet PCI/PRI. L’entreprise n’avait pas mis en place de solution pour assurer sa continuité de service en cas de désastre majeur. Le Cloud lui a apporté cette sécurité qui devient indispensable dès lors que le business model de l’entreprise va reposer sur la disponibilité de son système d’information.

« Les entreprises peuvent avoir du mal à calculer le ROI sur ce type de bascule vers le Cloud, mais pour moi, il est évident. A service équivalent, pour atteindre la même qualité de service au sein du groupe, cela nous coûterait beaucoup plus cher, non pas en termes d’infrastructures, mais en termes de services. Sur ce plan, le ROI est évident. »

S’il existe quelques spécialistes à proposer des services de type « iSeries as-a-Service », c’est vers IBM qu’est allé le choix de Jérôme Kevers-Pascallis. « Nous avons choisi IBM pour ce projet. Il n’y a pas des centaines d’acteurs qui font du Cloud privé AS/400. Parmi ceux que nous avons consultés, celui qui nous a paru le plus fiable, présentait le meilleur niveau d’expertise, avait la capacité d’offrir le meilleur niveau de service, le meilleur niveau de sécurité, cela nous a semblé être IBM. Nous externalisons progressivement. Les premières partitions AS/400 vont démarrer dans les jours qui viennent. »

Le Cloud, un moyen d’harmoniser un SI

Si la bascule de l’AS/400 d’Up Group chez IBM est le choix le plus structurant réalisé par Jérôme Kevers-Pascallis, celui-ci mène la transformation du système d’information du groupe au pas de charge.

Celui qui a eu en charge le volet exploitation du nouveau siège du ministère de la Défense à Ballard, a quitté Thales pour gérer cette transformation et il s’attaque désormais à la messagerie du groupe. « Nous avions entre 13 et 14 systèmes de messagerie différents au sein du groupe. Nous avons décidé d’harmoniser tout cela et n’avoir plus qu’un système de messagerie commun pour l’ensemble de nos collaborateurs. Techniquement, c’est compliqué à réaliser si on conserve en interne le système de messagerie avec des datacenters dans tous les pays. Nous avons fait le choix d’externaliser ; ce qui permet d’harmoniser le système de messagerie très facilement, mais aussi d’offrir des nouveaux outils collaboratifs dont on ne bénéficiait pas auparavant. Nous avons mené une longue évaluation entre Microsoft et Google et notre choix s’est finalement porté sur Office 365. »

Le Cloud est ici utilisé comme un moyen de concentrer les besoins, mais aussi d’unifier et d’harmoniser les outils à l’échelle d’un groupe.

Enfin, le DSI mène d’autres projets Cloud comme celui de la mise en place d’une plateforme décisionnelle pour collecter les remontées financières de l’ensemble des filiales.

Là encore, le projet va s’appuyer sur des solutions Cloud, mais plutôt que de choisir une solution chez un éditeur de solutions de BI en mode Saas, le DSI a préféré composer sa solution avec plusieurs services Cloud. « Nous allons partir sur des solutions externalisées en sachant que nous ne nous appuyons pas sur un seul acteur, mais sur plusieurs pour ce projet. Nous sommes dans un mode hybride avec Azure en mode Paas sur la partie data warehouse SQL et nous nous appuyons sur un autre acteur, Adaptive Insights pour le volet EPM (Enterprise Performance Management), cubes d’analyse et restitution. L’un des points durs de ce projet sont ces interconnexions entre plusieurs environnements Cloud. »

Migrer vers le Cloud, pas aussi simple qu’il n’y paraît !

Si le DSI souligne les nombreux avantages qui le poussent à privilégier les solutions Cloud dans la transformation du système d’information d’Up Group, il souligne aussi un certain nombre de points sur lesquels il faut accorder de l’attention : « Faire évoluer des infrastructures vers le Cloud, cela n’a rien de simple. Nous n’avions pas bien évalué l’impact que cette externalisation aurait sur notre écosystème. Même s’il n’y a pas d’investissement en termes de matériel, cela représente un gros investissement en termes de projet, d’études et analyses. Il ne faut pas le négliger. »

Autre évolution à anticiper dans ce mouvement vers le Cloud, celle du profil des informaticiens de la DSI. « Il y a un impact humain à prévoir. Aujourd’hui, la valeur ajoutée d’une DSI n’est pas d’avoir des personnels très techniques, capables d’aller changer des disques durs, etc. Certains acteurs savent très bien le faire. Ces métiers qui sont encore au sein des DSI vont petit à petit disparaitre au profit de nouveaux profils tels que les Services Delivery Managers, pas totalement bien sûr, mais c’est la tendance. »

Sur l'évolution des services IT

Ces nouveaux profils sont en charge de la gestion des contrats avec les fournisseurs Cloud pour le compte des métiers. « Ce sont eux qui s’assurent que le niveau de service que l’on a contracté avec le fournisseur Cloud est respecté, qui travaillent auprès des métiers pour bien comprendre les besoins et trouver les bons fournisseurs, etc. Il va falloir gérer ces changements d’un point de vue RH et c’est une grosse évolution organisationnelle au niveau des DSI », ajoute Jérôme Kevers-Pascallis.

Le DSI y voit aussi un moyen de réduire le phénomène du Shadow IT qui a vu les métiers acheter en direct leurs solutions Saas sans passer par la case DSI. « Avoir une stratégie d’externalisation permet d’apporter un certain niveau de confiance aux métiers qui fait que ceux-ci viendront plus naturellement vers nous pour leurs projets. On commence à être un peu moins perçu comme une contrainte. Avant, quand les métiers voulaient mettre en œuvre très rapidement une solution RH en mode Saas, ils allaient traiter eux-mêmes avec les fournisseurs, mais ils ne voyaient les offres Cloud que sous leurs aspects fonctionnels, en oubliant les aspects sécurité, qualité de service, réactivité et interconnexions. Maintenant, ils passent beaucoup par nous. Nous nous sommes rapprochés d’eux et nous maitrisons mieux quels sont leurs besoins et nous pouvons les accompagner dans leur choix. »

Up group est désormais en ordre de bataille pour accompagner la dématérialisation de ses Chèques-Déjeuner. Aux salariés désormais de régler leurs repas avec leur cartes plutôt que leurs carnets de titres restaurants.

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