Résultats : SAP surjoue la prudence

Prenant prétexte de ventes de licences décevantes au troisième trimestre, SAP ne se dit plus en mesure de maintenir ses objectifs financiers pour l'année 2008. Une façon de se préparer des jours meilleurs pour les trimestres à venir ?

"Dans notre métier, nous signons habituellement les contrats en fin de trimestre. Le fléchissement de nos ventes sur ce trimestre est du aux deux dernières semaines de septembre, alors que l'économie était en pleine incertitude", explique Pascal Rialland, le directeur général de SAP France. Dans les chiffres de l'éditeur allemand, au niveau global, les ventes de licences enregistrent une progression de 7 % à 763 millions d'euros. Mais cette progression intègre l'apport de Business Objects (BO). A périmètre constant, les ventes de licences doivent donc être en recul. Un point sur lequel ni le groupe, dans sa communication, ni Pascal Rialland n'apporte de précision. Au troisième trimestre 2007, alors qu'il était encore indépendant, BO avait vendu pour un peu moins de 100 millions d'euros de licences.

Tout juste Pascal Rialland signale-t-il qu'en France, les ventes de produits de BI et l'activité PME sont restées très dynamiques au troisième trimestre. "Nous avons remporté quelques affaires chez des comptes tenus précédemment par nos concurrents", explique Pascal Rialland. Citant notamment le Club Med ou l'industriel Impress.

Le support tire la croissance

Si les ventes de licences patinent, le chiffre d'affaires global affiche toujours une solide progression, avec des services en croissance de 15 % sur un an. Au troisième trimestre, le groupe a engrangé 2,7 milliards d'euros (+ 14 %), pour un bénéfice de 388 millions en légère diminution (en normes GAAP). Mais 10 points de cette croissance de l'activité proviennent de l'intégration de BO, signale le groupe décidément peu disert sur la part d'activité provenant de son acquisition. Sur les neuf premiers mois de l'année, SAP a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 8 milliards d'euros, contre 7 un an plus tôt. Soit une progression de 15 % en un an, mais là aussi en intégrant des revenus issus de BO.

En dehors de l'activité venant de la location applicative, qui pèse peu (64 millions d'euros), c'est le chiffre provenant du support qui progresse le plus vite, avec une croissance de 20 % (à 1,167 milliard). Récemment, l'éditeur a revu à la hausse le taux de maintenance de son ERP, provoquant un mouvement de grogne dans sa base installée.

"Atterrissage en douceur"

Le brutal ralentissement des ventes qu'a connu l'éditeur l'a poussé à annoncer qu'il renonçait aux objectifs financiers qu'il s'était fixés pour 2008. Jusqu'alors, SAP avait promis une marge opérationnelle comprise entre 28,5 et 29 % (en normes non-GAAP). Si l'éditeur se refuse désormais à donner un objectif de chiffre d'affaires annuel pour la vente de licences et le support, il estime, du fait des mesures de réduction de coûts prises récemment, que sa marge opérationnelle devrait avoisiner 28 %, en excluant 180 millions d'euros de charges relatives à l'acquisition de Business Objects.

La prudence affichée par l'éditeur allemand pour son quatrième trimestre pourrait bien n'être qu'une façon de ménager une bonne surprise aux marchés financiers dans quelques mois. En France, par exemple, Pascal Rialland signale que "depuis le début du quatrième trimestre, les dépenses dans nos logiciels, notamment chez les grands comptes, sont de nouveau examinés sous un angle classique : celui du retour sur investissement". Le retour du business as usual, déjà ? "La prudence reste de mise", ajoute le directeur général. "On assiste à un atterrissage en douceur".

R&D : mieux piloter l'investissement

Déjà, le groupe a multiplié les signaux aux marchés en insistant sur ses mesures de réduction des coûts. Un programme qui comprend plusieurs volets. La vente de la filiale d'hébergement SAP Hosting, notamment. Cette dernière devait proposer à la location le dernier progiciel maison, Business By Design, entre autres. "Nous avions clairement dit que l'hébergement n'est pas notre métier et que nous vendrions cette activité", commente Pascal Rialland. A cette décision, s'ajoute un plan visant à évaluer les investissements du groupe en matière de R&D. Car, sur les trente-six derniers logiciels créés par SAP ces dix dernières années, seuls huit ont plus de cinquante clients. "Ce plan n'est pas nouveau", tempère le directeur général. "Notre volonté consiste à nous focaliser sur les best-sellers".

Enfin, le plan d'économie maison passe par des coupes dans les coûts fixes : recrutements gelés, diminution de la sous-traitance, baisse des frais de déplacements. "Ca représente tout au plus quelques centaines de milliers d'euros pour le budget de fonctionnement de la filiale", explique le directeur général.

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