Tremblement de terre au Japon : peur sur les semis-conducteurs

Poids lourd du marché des semi-conducteurs, la Japon fait face à un drame susceptible d'affecter ses capacités de production. Les premières annonces de fermetures d'usine ont fait s'envoler les prix de certains composants.

Alors que le Japon continue à se débattre avec la plus grave crise du pays depuis la seconde guerre mondiale, les interrogations s'accumulent sur les conséquences de ce drame pour l'industrie des semis-conducteurs. Selon le cabinet IHS iSupply, les industriels japonais représentaient 20,8 % de la production de semis-conducteurs en 2010. Et une large partie de leurs usines sont localisées sur l'archipel. Selon le cabinet Future Horizons, la moitié de cette production est exportée (à 65 % en Asie du Sud-Est, à 25 % aux Etats-Unis et à 10 % en Europe).

Si les implantations ne sont pas, à quelques exceptions près, directement touchées, IHS iSupply redoute des perturbations dans la chaîne logistique. Sans parler des répercussions des mesures récentes prises par le gouvernement japonais (précautions prises dans la région de Tokyo en raison des fuites radioactives, économies d'électricité).

Toshiba touché, le prix des mémoires NAND s'envole

Déjà, plusieurs difficultés s'annoncent. Deux des fournisseurs majeurs de galettes de silicium (wafer), Shin-Etsu et Sumco, qui à eux deux représentent 60 % du marché mondial, ont annoncé des fermetures de certaines de leurs usines japonaises, le temps d'effectuer des inspections de sécurité. Si Shin-Etsu explique ce matin qu'une des unités a pu redémarrer, la firme s'inquiète des black-out électriques qui s'annoncent.

Autre difficulté d'approvisionnement annoncée : celle sur le marché des mémoires flash NAND, utilisées notamment dans les smartphones et les tablettes. Or, le Japon, à commencer par Toshiba (fournisseur majeur d'Apple), n°2 sur le marché derrière le Coréen Samsung, compte pour 35 % du marché mondial des NAND. Dans ce contexte, l'annonce par Toshiba de la suspension de la production dans une de ses usines majeures (Yokkaichi) a causé une envolée des prix des NAND, qui se sont appréciées de 17 % dans la journée de vendredi. Le groupe a, qui plus est, annoncé aujourd'hui qu'il allait réduire sa production dans l'ensemble de ses activités, afin de limiter sa consommation d'électricité.

"L'Europe doit conserver une certaine forme d'indépendance"

Dans la journée de vendredi, un autre géant nippon, Sony, a également annoncé la fermeture de huit usines produisant une large variété de produits (disques Blu-ray, têtes magnétiques, diodes laser, PlayStation, mais aussi batteries). La firme pèse 10 % du marché mondial de la production de batteries pour ordinateurs portables. Pour IHS iSupply, le poids de l'industrie japonaise dans la production de pièces pour les écrans LCD fait aussi craindre des problèmes d'approvisionnement dans ce secteur.

Interrogé sur les enseignements du drame, Carlos Lee, directeur général de Semi Europe, l'association des industriels du secteur, explique qu'il est "critique pour l'Europe de conserver une certaine forme d'indépendance dans la fabrication des semi-conducteurs. C'est une question de sécurité nationale !"

En complément :

- Record d'investissements dans les usines de semi-conducteurs

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