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Une nouvelle interdiction américaine menace la production de mémoires

L’administration Trump vient d’abroger l’autorisation précédemment accordée à Samsung et SK Hynix d’importer en Chine des équipements pour fabriquer des NAND et des DRAM. 40% de leur production mondiale serait remis en cause. Intel et TSMC sont aussi concernés.

Les fabricants de semiconducteurs Samsung, SK Hynix, Intel et TSMC n’auront plus le droit de transférer dans leurs usines chinoises les équipements industriels des marques américaines Applied Materiels, KLA et Lam Research, signant de fait l’impossibilité de mettre à jour ces chaînes de production. Le ministère du Commerce des USA explique dans une note que cette interdiction prendra effet le 31 décembre prochain.

Les usines chinoises de TSMC et Intel sont principalement des sites qui assemblent des semi-conducteurs, gravés ailleurs, sous la forme de composants prêts à être intégrés sur des cartes électroniques. Ces usines sont facilement déménageables vers un autre territoire. TSMC a bien en Chine des usines de gravure de semi-conducteurs, mais pour des générations obsolètes en 28, 16 et 12 nm.

Pour Samsung et SK Hynix, la situation est en revanche plus préoccupante. Ces usines chinoises représentent 40% de leur production mondiale de composants de DRAM. Elles servent aussi à fabriquer des composants NAND pour les SSD. En particulier, c’est d’elles que sortent tous les produits que SK Hynix revend sous la marque Solidigm, soit 25% de sa production mondiale de SSD. Samsung comptait quant à lui, justement, mettre à jour en 2026 ses usines chinoises de NAND pour produire en exclusivité la nouvelle génération de composants en 236 couches de cellules (contre 128 actuellement).

Transférer ces capacités de production ailleurs dans le monde pourrait, selon certains observateurs, prendre des années et coûter à Samsung et SK Hynix près de 20 milliards de dollars chacun.

Abrogation d’une dérogation accordée par l’administration Biden

L’interdiction d’exporter vers la Chine des équipements américains nécessaires à la fabrication de semiconducteurs remonte une loi votée par l’administration Biden en octobre 2022. À l’époque, néanmoins, le gouvernement américain avait fait une exception pour les usines chinoises d’Intel, Micron, TSMC, Samsung et SK Hynix, dont la production de semi-conducteurs était jugée critique. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il n’y a plus que le fabricant américain de mémoires Micron qui jouisse encore de cette exception, appelée « dérogation VEU » (Validated end-user waiver).

Selon le média spécialisé eetimes, cette interdiction avec un délai de 120 jours avant application est sans doute à interpréter comme un nouveau moyen de pression de l’administration Trump dans ses actuelles négociations commerciales avec la Chine. Le quotidien évoque un impact économique pour les équipementiers américains puisque, selon lui, 37% du chiffre d’affaires d’Applied Materiels proviendrait de ses exportations vers la Chine.

Un scénario alternatif serait que le gouvernement américain cherche à prélever une taxe auprès de tous ces acteurs – fournisseurs comme clients - pour tous les équipements qu’ils font entrer sur le territoire chinois. Une taxe similaire, de 15%, est appliquée depuis cet été aux exportations d’AMD et de Nvidia vers la Chine.

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