Le rachat de Satyam est sur les rails

Le détail de la procédure de rachat de Satyam est désormais connu. Des entreprises étrangères pourront se porter acquéreur. IBM et Oracle auraient déjà manifesté leur intérêt. Big Blue y gagnerait notamment un renforcement significatif de sa présence sur le marché intérieur indien. Mais la question de la confiance reste posée.

C’est fait : les détails de la procédure de rachat de Satyam sont connus. L’acquéreur pourra obtenir au moins 51 % du capital de la SSII, dans la tourmente depuis le mois de décembre dernier. Pour cela, il devra acquérir une première tranche de 31 % du capital avant de lancer une offre publique d’achat pour au moins 20 % du capital. La participation de l’acquéreur sera bloquée pendant 3 ans.

IBM, nouveau géant IT indien ?

On connaissait déjà les noms de quelques acquéreurs potentiels, notamment Larsen & Toubro, Spice, Tech Mahindra et Hinduja Global Solutions. Mais IBM et Oracle, qui figurent par les 50 principaux clients étrangers de Satyam, auraient également manifesté leur intérêt. Une telle opération permettrait à IBM de se ménager une place de choix sur le marché intérieur indien. Big Blue, qui vient de remporter le contrat de mise à niveau des infrastructures IT de Torrent Pharmateuticals, dans l’état du Gujarat, s’impose déjà comme l'un des leader du marché local, avec 10,8 % de parts de marché en 2008. Selon des experts cités par nos confrères de The Economic Times, IBM disposerait déjà d’une confortable part de marché de 36 % - en valeur - sur l’externalisation des développements logiciels en Inde, un chiffre qui pourrait monter à 50 % d’ici à 2010.

Sur le plan des effectifs, IBM fait déjà figure de géant local : la barre des 50 000 collaborateurs en Inde a été passée en mars 2007 ; fin 2006, Big Blue prévoyait d’atteindre celle des 100 000 en 2010. Avec les 44 000 collaborateurs de Satyam, IBM profiterait d’une forte accélération de ses projets.

A moins que ce chiffre n’ait été sensiblement réduit d’ici la vente effective de Satyam sous l’effet conjugué des suppressions de postes qui y seraient en préparation, et de l’effet potentiellement répulsif de l’introduction d’une part variable dans la rémunération des collaborateurs, à compter du 1er avril.

Des conséquences lourdes

Mais, même si elle trouve une issue rapide, l’affaire Satyam pourrait bien laisser des traces. SanDisk a ainsi récemment indiqué à l’autorité américaine de régulation des marchés boursiers que son activité est menacée par la crise que traverse la SSII indienne : le spécialiste de la mémoire flash lui a commandé la mise en œuvre d’un nouveau PGI, un projet susceptible d’être retardé. SanDisk précise ainsi que les difficultés financières de Satyam ont été la source « de certains retards dans des projets et de pertes de productivité. » Et de prévenir que si la SSII perd des personnels clés ou fait faillite, SanDisk pourrait être amener à faire appel à nouvel intégrateur. Le fabricant de cartes mémoire s’ajoute ainsi à la liste des clients inquiets de Satyam, liste sur laquelle figurent notamment Visa, la National Australian Bank, Coca-Cola – un projet, à 100 M$ sur 7 ans, a été récupéré par Cap Gemini –, GlaxoSmithKline – qui a décidé de faire confiance à Cognizant pour un contrat à 35 M$ – ou encore Assurant. Selon le Financial Express, il faudrait aussi compter avec Nestlé, BP et Tesco. Selon The Economic Times, Citigroup, Merrill Lynch, Novartis seraient en train de négocier leur départ.

On peut comprendre leur inquiétude : nos confrères indiens font état de défections parmi les effectifs de Satyam et même de tentatives de « sabotage » de la part de dirigeants cherchant à quitter la SSII pour des concurrents, en emportant des clients dans leurs bagages.

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