Résultats : pour ses services, France Télécom préfère la rentabilité à la croissance

L'opérateur historique a atteint ses objectifs financiers pour l'année 2008. L'activité d'intégration et d'infogérance d'Orange Business Services connaît une progression supérieure à la moyenne du marché. Mais reste moins développée que celle d'un BT ou d'un Deutsche Telekom. Un bon calcul ?

Une migration moins rapide que prévu des entreprises vers l'IP et la bonne tenue de son activité de services (Orange Business Services) : c'est ainsi que France Télécom explique la (relative) bonne performance de son activité entreprises en 2008. A l'occasion de la présentation de ses résultats annuels, le groupe a expliqué que la baisse de la téléphonie fixe et des services de données classiques a été limitée à 4,9 % (à base comparable) sur l'année, contre une chute de 9,3 % en 2007. "Jusqu'à fin 2007, on a fait le plein des projets massifs de téléphonie sur IP. Le reste des entreprises ont moins vu l'intérêt de la technologie et allongent la durée de vie de leur matériel", commente Jean-Claude Delcroix, vice-président de la recherche au cabinet Gartner

Stratégie financière plutôt qu'industrielle ?

Cette érosion limitée des activités historiques permet à la branche entreprises d'afficher une croissance modeste de 0,7 % sur l'année (1,9 % en tenant compte des effets de change et les évolutions de périmètre), pour atteindre 7,8 milliards d'euros environ. Soit 14,5 % de l'activité totale du groupe. Surtout, la marge brute d'exploitation progresse significativement passant de 17,4 % du CA en 2007 à 20,1 % en 2008 (1,56 milliard d'euros). "Ce concept de marge brute peu utilisée par les concurrents internationaux de France Télécom rend les comparaisons peu aisées", ajoute Jean-Claude Delcroix. En valeur absolue, la marge réalisée est toutefois sensiblement comparable à celle de BT Services ou de T-Systems, mais ces derniers sont entre 30 et 40 % plus gros. "France Télécom conserve des offres très centrées autour des données et s'est beaucoup moins développé dans l'informatique que ses homologues, en ne parvenant que trop peu à remonter dans l'applicatif des entreprises", ajoute l'analyste.

Deux raisons à cela selon Gartner : l'activité affiche des marges faibles qui risquent de diluer la profitabilité du groupe - le critère numéro un en interne pour Jean-Claude Delcroix - et le marché des services français est très bien fourni avec des acteurs locaux de poids, freinant le développement de France Télécom sur le segment. "Résultat : la part de marché d'Orange Business Services, l'activité services de France Télécom, est un peu faible dans ce domaine. Il me semble toujours souhaitable que le groupe se positionne plus fortement sur l'applicatif, sur des offres à valeur ajoutée", commente Jean-Claude Delcroix. "En adoptant une stratégie financière plutôt qu'une stratégie industrielle, le groupe risque à terme de se marginaliser face à des concurrents comme BT Services, T-Systems, NTT ou ATT".

La 6ème SSII de l'Hexagone

Sur l'exercice, l'activité entreprises est portée par les services de réseau avancé, en hausse de 4,6 %. Ce qui reflète "le développement soutenu des services de réseaux IP et des services d’infrastructure à très haut débit tels que MAN Ethernet et Ethernet LINK", explique l'opérateur historique dans un communiqué. France Télécom précise également avoir ouvert au 31 décembre 318 000 accès VPN dans le monde (+ 7,5 % sur un an) et compter, en France, 683 000 utilisateurs de l'offre de mobilité Business Everywhere (+ 19,5 %).

ftinteg infogMais ce sont avant tout l'intégration et l'infogérance (externalisation de WAN surtout) - regroupés dans l'activité Orange Business Services (OBS) - qui tirent l'activité. Ces lignes de services enregistrent une progression de 18,4 % sur un an (14,6 % à base comparable). La branche services dans son ensemble - intégrant de la revente d'équipements - progresse de 7,3 % sur un an.

Selon le classement établi en mai dernier par Pierre Audoin Consultants, Orange Business Services était en 2007 la 6ème SSII de l'Hexagone, avec un chiffre d'affaires de 780 millions d'euros sur le territoire national (hors revente de matériels).

Les salariés récompensés

Le quatrième trimestre, qui a vu la crise se concrétiser pour de nombreux acteurs du secteur, n'a pas semblé affecter outre mesure l'opérateur. Le groupe explique avoir vu se confirmer les tendances de l'année, avec une hausse de l'activité entreprises de 1,5 % sur un an. Même si l'opérateur note une inflexion de la croissance des services de réseaux avancés, "liée à des baisses de prix intervenues en fin d’année 2008".

Au niveau du groupe tout entier, le chiffre d'affaires progresse de 1 % à 53,5 milliards d'euros (+ 2,9 % en prenant en compte les effets de change et modifications de périmètre). Stable en proportion du chiffre d'affaires (36,3 %), la marge opérationnelle atteint 19,4 milliards d'euros. Le résultat net s'établit à 4,1 milliards d'euros, contre 6,3 milliards en 2007. Un recul que France Télécom attribue à la diminution de son résultat d'exploitation mais surtout à l'augmentation de ses impôts (pour près de 1,5 milliard). Le groupe a poursuivi son désendettement en ramenant sa dette à un peu moins de 36 milliards (plus de 2 milliards de moins en un an).

Satisfait d'avoir atteint ses objectifs financiers sur 2008, le groupe annonce lancer un programme d'attribution d'actions gratuites à ses salariés. L'opérateur leur proposera également un intéressement exceptionnel, mais ce dernier doit encore faire l'objet de négociations avec les partenaires sociaux, précise la société.

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