Alfresco mise sur le standard CMIS pour poursuivre son travail de sape dans l'ECM

Aussitôt sorti, aussitôt implémenté. L'éditeur Open Source Alfresco n'a pas tardé à intégrer le tout frais standard Oasis CMIS, censé amener un langage commun dans le monde très éclaté des référentiels documentaires. Un empressement qui s'explique par l'ambition stratégique de l'éditeur Open Source de petit à petit venir attaquer la base installée de Documentum, FileNet ou OpenText.

Un standard pour la gestion de contenus en entreprise (ECM, pour Enterprise Content Management). En début de semaine, l'organisme international Oasis a approuvé la version 1.0 de CMIS (Content Management Interoperability Services), un standard permettant de partager les données de référentiels de contenus entre les suites d'ECM des différents acteurs du marché. A condition que le standard soit implémenté dans lesdits progiciels. Un pas que l'éditeur Open Source Alfresco n'a pas tardé à franchir, puisque la version 3.3 - dont la version communautaire est disponible en téléchargement depuis quelques jours - intègre déjà le tout frais CMIS 1.0. La version payante devrait suivre tout prochainement. Un empressement pas réellement surprenant quand on considère l'activisme d'Alfresco autour du standard, l'éditeur ayant été le premier à implémenter les spécifications de CMIS, alors que ce dernier était encore à l'état de projet (en version 0.5). Dès décembre 2008, Alfresco avait également annoncé un accord avec JoomlaTools, qui développe le CMS (Content Management System) Open Source Joomla, pour connecter les plates-formes des deux éditeurs via les mêmes spécifications.

S'étendre chez les grands comptes

newtonUn empressement logique surtout au regard de la position actuelle de l'éditeur. "Depuis notre création, nous sommes présents chez des grands comptes qui possèdent déjà d'autres plates-formes de gestion de contenus comme Documentum (dans le giron d'EMC, NDLR), OpenText ou Filenet (racheté par IBM, NDLR). Ils choisissent notre solution pour bâtir de nouvelles applications en raison des coûts moindres que nous proposons et de la rapidité de mise en œuvre de nos solutions", explique John Newton, le directeur technique et président de l'éditeur Open Source, croisé cette semaine à Paris (en photo). "Mais, de plus en plus, notre solution vient en remplacement de celles déjà en place", ajoute-t-il, citant le cas de KLM qui a migré de Documentum vers la plate-forme Open Source. Alfresco doit d'ailleurs prochainement dévoiler des outils permettant de migrer vers ses solutions depuis des référentiels SharePoint (Microsoft), OpenText, Documentum et FileNet. "Et nous pensons que plus les entreprises auront de liberté dans le choix de leur plate-forme ECM, plus elles retiendront nos solutions", ajoute-t-il. Bref, avec CMIS qui amènera un désimbrication des référentiels et des applicatifs, l'Open Source serait mieux armé pour supplanter les solutions en place. A condition que ces plates-formes et leurs utilisateurs migrent vers le standard, bien sûr. Signalons qu'on retrouve tant EMC, qu'IBM ou OpenText dans la liste des entreprises ayant soutenu CMIS.

Remplacement de la licence GPL

L'arrivée de CMIS se traduit par un autre changement pour Alfresco : l'abandon de la licence GPL (choisie depuis la version 2.0). "Nous sommes passés à la LGPL pour permettre à notre écosystème de commercialiser facilement des applications bâties sur CMIS au-dessus de notre plate-forme", explique John Newton. Alfresco a d'ailleurs choisi d'investir dans une extension du framework Spring baptisée Surf - et offrant une approche centrée sur les contenus - pour faciliter le développement d'applications CMIS.

Si, dans le haut du marché, Alfresco lorgne vers la base installée de IBM-FileNet, il collabore également avec Big Blue afin de faire barrage à un ennemi commun : Microsoft. Avec son couple Exchange/SharePoint, le numéro un des logiciels a pris, en quelques années, une position centrale dans les applications de gestion de contenus intranet ou départementales. IBM et Alfresco ont donc travaillé à l'intégration de la plate-forme de gestion de contenus avec les applications collaboratives vendues sous la marque Lotus. Des services disponibles dans la version 3.3 de l'outil de GED Open Source. Même logique pour le rapprochement en cours avec Google Docs (une pré-version de services d'intégration avec le référentiel Alfresco est disponible dans la 3.3 toujours). "Avec SharePoint, vous commencez petit et restez petit. Avec Alfresco, votre application peut suivre la croissance de vos besoins", raille John Newton, ciblant directement le premier éditeur mondial. Un Microsoft qui a décidé d'intégrer le standard CMIS dans SharePoint dès juin prochain. Avec, en tête, des idées probablement très proches de celles de John Newton.

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Alfresco en croissance rapide
Avec plus 30 M$ de chiffre d'affaires, Alfresco reste un petit acteur dans le monde de l'ECM. Mais sa croissance en 2009 - année très difficile dans l'édition de logiciels - a atteint 61 %. Alfresco revendique 1 100 clients souscrivant à ses versions payantes (souvent de très grands comptes comme Alcatel, Airbus, CNP, Maif, Air France, BNP Paribas, Michelin, SG, Saint-Gobain, ou encore La Poste). Et plus de 150 000 membres dans sa communauté. La société, "profitable depuis longtemps", selon son président John Newton, envisage une entrée en bourse d'ici à deux ans.

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