Alfresco exploite l'antitrust européen pour venir chatouiller SharePoint

En poussant Microsoft à publier ses protocoles de communication, l'Union Européenne ouvre la porte à des produits concurrents venant s'immiscer dans la pile du premier éditeur mondial. Alfresco, éditeur de GED en Open Source, s'engouffre dans la brèche en proposant un référentiel documentaire compatible avec la suite Office.

Le logiciel Open Source d'ECM (Enterprise Content Management ou gestion documentaire) Alfresco s'attaque à la base installée SharePoint. La version Labs 3 (encore en bêta) du moteur est en effet compatible avec le protocole Microsoft Office SharePoint, annonce l'éditeur fondé par des anciens de Documentum (dont John Newton, son cofondateur), et de Business Objects (dont John Powell, son ex-directeur opérationnel).

Une conséquence concrète de la condamnation de Microsoft par L'Europe, décision qui a obligé le premier éditeur mondial à publier certains de ses protocoles, explique Denis Dorval, vice-président pour l'Europe d'Alfresco. Le protocole répliqué par Alfresco a ainsi permis de bâtir une passerelle entre le référentiel documentaire et la suite Office. "Microsoft pense qu'il existe un énorme marché pour venir combler les besoins entre les suites d'ECM traditionnelles, qui ne touchent que 5 à 10 % des utilisateurs, et le grand désordre des fichiers bureautiques. Nous partageons cette vision", assure Denis Dorval. Tout en se positionnant clairement en concurrent direct de l'offre de l'éditeur de Redmond, SharePoint.

SharePoint : "un cheval de Troie"

Comme Microsoft, la suite d'Alfresco comprend un référentiel documentaire (Content Repository pouvant contenir plus de 100 millions de documents), une couche de présentation et de tableaux de bord bâtie sur des architectures REST (Share) et une compatibilité avec Office. "C'est ce qui nous manquait, une couche de compatibilité permettant d'agir sur le référentiel depuis Office." En version 2007 uniquement toutefois.

L'alternative Open Source à SharePoint vise les entreprises qui ne voudraient pas tout miser sur les technologies Microsoft. "Sharepoint est un cheval de Troie destiné à pousser les entreprises à renouveler leurs accords cadre sur les licences Office", estime Denis Dorval. De facto, de nombreux témoignages attestent des efforts du premier éditeur mondial à pousser son produit documentaire, quitte à brader, voire donner les licences. "Mais seule une partie de l'infrastructure est gratuite. Tous les services ne le sont pas. En poussant SharePoint notamment dans des applications départementales, Microsoft vise à créer une situation de fait accompli. Labs 3 offre une liberté de choix technologique, y compris celle de travailler sur une pile logicielle mélangeant Open Source et technologies Microsoft", dit Denis Dorval.

La bêta est disponible en téléchargement sur le site de l'éditeur et sur celui de Canonical, le support commercial de la distribution Linux Ubuntu, avec lequel l'éditeur d'ECM a passé un accord.

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