Conjoncture : coup de frein pour les TPE des services et du logiciel
Après avoir touché les grandes SSII au printemps 2009, la crise a provoqué un coup de frein chez les TPE des services et du logiciel, selon un sondage du 3SCI, une organisation regroupant 350 structures de ce type. Chez qui, pourtant, la sinistrose est loin de s'installer, avec des perspectives 2010 encourageantes.
Jusqu'alors relativement épargnés, les petits éditeurs et intégrateurs regroupés dans le 3SCI, une association patronale qui compte environ 350 adhérents (pour la plupart de petites structures entre une et 20 personnes), ont été rattrapés par la crise au troisième trimestre 2009. Au cours de l'automne dernier, 48 % des adhérents sondés par l'organisation font en effet état d'un recul de leur activité sur un an (contre 23 % qui déclarent une hausse). "On a été étonné par cette brusque dégradation, commente Olivier Bouderand, le secrétaire général du 3SCI. Cette crise arrive avec un effet retard chez nos adhérents après avoir touché nos grands confrères plus tôt au cours de l'année dernière".
Pourtant, le panel interrogé par le 3SCI (environ 100 sociétés) ne sombre pas dans la sinistrose. D'abord, si 45 % des adhérents de la structure anticipent un CA 2009 en retrait, plus d'un tiers d'entre eux estiment qu'ils resteront en croissance (le solde prévoyant une stagnation). "Avec les mises à jour comptables ou les queues de budget, le quatrième trimestre est souvent porteur pour nos structures", plaide Olivier Bouderand. Selon ce dernier, 2009 n'a pas été marqué par une recrudescence des défaillances d'entreprises parmi ses adhérents.
Licencier ? Une solution pour... 4 % des sociétés
Simple état grippal donc ? C'est en tout cas ce que s'efforcent de croire les TPE des services et du logiciel. Elles sont ainsi plus nombreuses à estimer que 2010 sera un crû favorable qu'une nouvelle année de crise (voir graphique ci-contre). "Nos adhérents sont optimistes, car les prospects sont là, et on sent un frémissement de l'activité en ce début d'année", relève le secrétaire général du 3SCI. Preuve de ce volontarisme : pour affronter la crise, les TPE de l'IT misent avant tout sur leur capacité à trouver de nouveaux débouchés ou à augmenter leur activité commerciale. Elles ne sont que 4 % à affirmer se tourner vers des licenciements ou du chômage partiel pour passer ce mauvais cap.
Selon lui, le principal motif d'inquiétude réside dans les difficultés de trésorerie. "Les banquiers s'appuient sur les bilans précédents pour ouvrir des lignes de crédit. Donc en 2009, sur la base des exercices 2008, tout allait bien. Nous craignions désormais que les banques ne resserrent les boulons alors que, avec la reprise, le besoin en fonds de roulement va aller croissant chez nos adhérents", détaille-t-il. Une sorte de répétition du scénario de 2001, selon Olivier Bouderand, qui appelle tous les acteurs - notamment banquiers et fournisseurs - à "jouer le jeu de la reprise".
LME, Oseo : des mesures inefficaces ou mal connues
D'autant que, parmi les TPE des logiciels et des services, les mesures prises par le gouvernement montrent leur inefficacité. Ainsi de la Loi de modernisation de l'économie (LME), dont un volet prévoyait de raccourcir les délais de paiement afin de protéger la trésorerie des petites structures notamment. "Cette loi a été inefficace. Quand un de nos adhérents réalise 3 ou 4 % de son CA avec un client, il évite de le braquer en lui demandant un raccourcissement de délais de paiement, observe Olivier Bouderand. La loi a même eu des effets pervers, en incitant des clients qui payaient rapidement à rallonger leurs délais". De facto, lors du sondage effectué à l'automne, 51 % des entreprises interrogées affirmaient observer un allongement des délais de paiement par rapport à 2008. Elles n'étaient que 7 % dans le cas contraire ! Remarquons d'ailleurs que le Syntec Informatique, le syndicat patronal qui représente plutôt les "grandes" SSII et les éditeurs, s'était lui aussi élevé contre les effets pervers de cette loi.
Coup d'épée dans l'eau également pour Oseo, qui dans le cadre du plan de relance gouvernemental a ouvert des lignes de crédit aux entreprises du secteur pour leurs besoins en trésorerie. "Le dispositif reste mal connu. Les entreprises de notre organisation ont tendance à se tourner directement vers leur banquier, qui très souvent demande alors une caution", analyse Olivier Bouderand, qui conseille aux TPE de se rapprocher de leur cellule Oseo locale. Lors du dernier sondage du 3SCI, seuls 5 % des adhérents avaient fait appel à l'organisme public pour leur besoin d'argent frais.
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