L’Europe bénit le rachat de Sun par Oracle

Huit mois après l’annonce tonitruante du rachat de Sun par Oracle pour 7,4 milliards de dollars, les deux groupes vont pouvoir consommer leur mariage. L’Europe – fort de ses études de marché et des gages fournis par le groupe de Larry Ellison – a donné sa bénédiction et Oracle peut désormais avancer ses billes.

La Commission européenne a finalement validé le rachat de Sun par Oracle. Les gages donnés en décembre dernier dans le cadre de l’enquête de l’Union sur les risques d’abus de position dominante sur le marché des bases de données ont donc suffit. Dans un communiqué publié sur le site de la Commission, Neelie Kroes, Commissaire chargée de la concurrence, explique être « convaincue que la concurrence et l’innovation seront préservées sur l’ensemble des marchés en cause ». Ajoutant même que « le rachat de Sun par Oracle est susceptible de redynamiser des actifs importants et de donner naissance à de nouveaux produits innovants».
Elle explique que l’enquête approfondie de la Commission a montré que, bien que MySQL et Oracle soient en concurrence sur certains segments du marché des bases de données, elles ne le sont pas directement sur d’autres. « C’est le cas, par exemple, pour le segment haut de gamme. »
En clair, MySQL est bien la base la plus distribuée dans le monde mais… il y a base et base. Et sur le marché « haut de gamme », les concurrents d’Oracle – IBM et Microsoft – sont suffisamment puissants et dynamiques pour ne pas souffrir du rachat de MySQL. Reste qu’à eux trois, IBM et Microsoft détiennent 85% du marché et ne devraient plus vraiment être inquiétés par le risque d’une montée en gamme de MySQL. On a connu concurrence plus rude.

Si le monde Open Source se cherche une nouvelle base, l’Europe leur propose PostgreSQL

Restait également à régler le problème de la tension entre logiciel libre et logiciel propriétaire.
La Commission a donc également cherché à vérifier si Oracle avait la capacité et pouvait être tenté de faire disparaître la pression exercée par le monde Open Source à travers MySQL. Et de répondre par la négative en expliquant que « l’enquête de la Commission a montré qu’une autre base de données ouverte, PostgreSQL, est considérée par de nombreux utilisateurs de ce type de logiciels comme une alternative crédible à MySQL et pourrait dans une certaine mesure remplacer la force concurrentielle que cette dernière représente actuellement sur le marché des bases de données. »
Vu les spécificités de l’industrie des logiciels ouverts, la Commission a également tenu compte pour rendre son verdict « des diverses promesses faites publiquement par Oracle, le 14 décembre 2009, aux clients, utilisateurs et développeurs de MySQL, notamment de son engagement à continuer à mettre à disposition des versions ultérieures de MySQL sous la licence libre GPL (General Public Licence) ».

Deux inconnues demeurent : quelle roadmap produits et avec quels effectifs ?

Oracle joue donc désormais sur du velours et pourrait finaliser très vite l’opération. Sûr de son fait, l’éditeur a d’ores et déjà annoncé un grand raoût le 27 janvier prochain durant lequel Larry Ellison lui-même présentera la future roadmap des produits Sun, dont MySQL.
Reste à savoir quelle va être la position de Monty Widenius, l’un des fondateurs de MySQL parti en croisade contre Oracle. Sa pétition lancée pour tenter d’orienter – en vain – la décision de la Commission européenne a reçu un accueil mitigé de la communauté MySQL.

Reste aussi à voir comment et avec quels dégâts sur l’emploi les deux groupes vont mettre en œuvre leurs synergies… Les résultats déplorables de Sun ces derniers trimestres laissent craindre le pire pour ses effectifs.
Récemment, Brent Thill, de la banque UBS, estimait, au micro de Bloomberg, que le groupe de Larry Ellison pourrait se séparer de la moitié des 27 000 employés de Sun.
Depuis l’annonce de son rachat par Oracle, Sun a déjà mis en œuvre un plan d’économie le conduisant notamment à supprimer 3 000 postes en octobre dernier. Fin 2008, 5 à 6 000 salariés avaient déjà quitté le groupe californien, qui comptait encore plus de 37 000 salariés en juin 2007. Au début des années 2000, avant l’explosion de la bulle Internet, le constructeur favori des starts-up de l’Internet employait quasiment 50 000 personnes.

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