Conférence itSMF : la production se sent mal-aimée et se fédère autour d'Itil

Faire au moins autant avec toujours moins. Regroupés hier à Paris lors de la conférence annuelle de l'itSMF, l'association de promotion du référentiel Itil dans l'Hexagone, les métiers de la production ont montré un certain désarroi face au nouveau tour de vis budgétaire des directions générales. Tout en assurant qu'Itil pouvait amener des réponses à ces nouvelles (et déraisonnables ?) attentes.

berthou

Devenue au fil des éditions - la 7ème s'est tenue hier à Paris-La-Défense - le rendez-vous annuel de la production informatique, la conférence de l'itSMF, l'association de promotion du référentiel Itil dans l'Hexagone, n'a pas démenti son succès. Avec 1 220 personnes présentes, la manifestation a fait le plein avec une participation du même niveau que celle enregistrée en 2008. Les travées ont réuni de nombreux responsables de production de grands comptes. Et éditeurs, intégrateurs et cabinets de conseil n'ont pas boudé la manifestation, malgré des budgets marketing en berne.

Reste que la manifestation n'a pas échappé à la morosité ambiante. En ouverture, Rémy Berthou (ci-dessus), président de l'association, a appelé l'assistance à réagir face à un contexte où domine la lettre G : "G, comme grosse galère, comme grippe ou comme zone grise, qui décrit le brouillard entourant les budgets IT", a lancé Rémy Berthou. Après des années d'optimisation - souvent orchestrée via le référentiel Itil justement -, la production doit faire face à de nouvelles attentes : faire encore des économies tout en se préparant à répondre à des événements exceptionnels, comme la pandémie grippale. Pour Rémy Berthou, ce défi supplémentaire appelle "une nouvelle approche. Il faut piloter la gestion des services par les risques". Selon lui, Itil amène une solution crédible, et surtout visible du management, pour rebondir dans ce contexte difficile.

Les dirigeants ont une "réaction rustique" face à l'IT

corniouSi les praticiens tentent de s'adapter, les nouvelles coupes claires dans les budgets inspirent à Jean-Pierre Corniou, l'ex-président du Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises) et président de l'instance de coordination du programme TIC PME 2010 au ministère de l'Economie, des commentaires un peu acides. Invité à la tribune par l'itSMF, l'ex-DSI de Renault a flingué des dirigeants d'entreprise qui se contentent de considérer l'IT comme un centre de coûts à pressurer au maximum. "On est dans un pays où les dirigeants peuvent affirmer qu'ils ne comprennent rien à l'informatique. C'est très grave : les DSI font systématiquement face à des sceptiques", a-t-il martelé. Tout en reconnaissant que la DSI n'a pas que des atouts à faire valoir : "les délais sont systématiquement enfoncés sur les projets et 30 % d'entre eux n'arrivent jamais à bon port. Car la construction d'un SI est un processus à haut risque. Face à cette situation, les dirigeants se limitent à une réaction que je qualifierai de rustique, réaction qui consiste à baisser les coûts".

Selon Jean-Pierre Corniou, ces contraintes croissantes pesant sur la DSI interviennent dans un monde où, pourtant, l'IT a gagné. "On assiste à un paradoxe mortifère : une individualisation des coûts dont les DSI font les frais et une socialisation des gains de l'IT pour les métiers", lance-t-il dans une surprenante formule paraphrasant un Olivier Besancenot. La solution ? Pour Jean-Pierre Corniou, les DSI doivent se saisir de "l'énergie du Web" et surfer sur l'explosion annoncée du M2M (Machine-to-Machine).

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Itil v3, ISO 20 000, durée des démarches : lever les interrogations

Au cours des sessions d'échange, les grands comptes ont montré la progression de leur maturité autour d'Itil, mais aussi d'ISO 20 000 (norme de certification des services informatiques vue comme une prolongation de la démarche Itil). Une transition où BNP Paribas, dont le département ITPS a été certifié dès 2007, fait figure de précurseur, mais qui intéresse désormais d'autres acteurs déjà engagés dans Itil depuis quelques mois ou années, comme la Gendarmerie Nationale. "ISO 20 000 nous a permis de préciser la cohérence entre les processus", explique Jean-Michel Monnier, responsable du management de la qualité dans ce service de production informatique mutualisée de la banque.

ITPS intègre aussi peu à peu les pratiques d'Itil v3, la dernière version du référentiel publiée en 2007 et critiquée pour sa complexité lors de sa sortie : "on ne va certes pas faire passer tout le monde à cette version, mais on étudie les éléments intéressants par rapport à nos besoins, par exemple en matière de gestion des requêtes de service. J'ai coutume de dire qu'on travaille en version 2.5". Quelques autres donneurs d'ordre témoignaient de leur intérêt pour la dernière version du référentiel, comme Rhodia ou la Mairie de Rueil-Malmaison. Des témoignages visant à lever les interrogations nées lors des deux dernières éditions de la conférence de l'itSMF. Autour de la complexité de la v3. De l'utilité de la certification ISO 20 000. Ou de la durée nécessaire à la mise en place des processus Itil, la Gendarmerie témoignant par exemple sur la mise en place de 8 processus en 6 mois au sein de son centre de production de Rosny.

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