Ares : la miraculée du tribunal de commerce tarde à retrouver l'équilibre

Les comptes publiés par Ares pour son exercice fiscal 2008-2009 clos fin mars montrent que la SSII n'a pas encore trouvé son point bas. L'année fiscale entamée début avril s'annonce de nouveau déficitaire opérationnellement. Même si la société espère trouver son point d'équilibre fin 2009-début 2010.

Mise à jour le 14/08, à 16h30

Au coeur de l'été, Ares, la SSII qui après une sévère cure d'amaigrissement, est sortie du redressement judiciaire fin mars dernier, a publié les résultats de son exercice annuel 2008-2009. Au cours de cette année fiscale "marquée par une période d'observation de huit mois", souligne la SSII dans un communiqué, le groupe a vu son chiffre d'affaires reculer de 9 % à périmètre comparable (à 90,1 millions d'euros), et enregistre une perte de 38,6 millions. Plusieurs signes inquiétants montrent que la société est loin d'avoir retrouvé l'équilibre. Lors de son second semestre (T4 2008 et T1 2009 sur le plan calendaire), la SSII a ainsi vu son chiffre d'affaires se contracter de nouveau tant par rapport à la période comparable de l'exercice précédent (- 13 %) que par rapport au première semestre 2008-2009 (- 8 %).

Une réduction des coûts de structure toujours insuffisante

Sur ce second semestre, la perte opérationnelle courante atteint 8,3 millions, soit près de 20 % du chiffre d'affaires. Certes, cette perte a été réduite de 38 % par rapport au premier semestre fiscal de la société, mais les efforts menés par Ares pour réduire ses frais de personnel (-3,5 millions par rapport au premier semestre) et ses achats externes sont loin d'être suffisants pour assurer l'équilibre opérationnel de la structure. Malgré les multiples cessions, Ares ne reviendra pas à l'équilibre opérationnel sur l'exercice en cours - débuté le 1er avril 2009 donc - comme la société l'a reconnu en mai dernier lors d'une actualisation de son document de référence... juste après avoir promis l'inverse trois semaines plus tôt.

Dans cette mise à jour, la société avait expliqué que le retour à un fonctionnement "normal" de ses activités - lié à sa sortie de la procédure de redressement judiciaire - n'était "pas aussi rapide que prévu". Juste après avoir écrit dans la première mouture de ce document de référence : "sur le 1er semestre 2008-2009 le redressement judiciaire en cours sur la filiale Ares SA n'a eu que très peu d'impact sur le niveau d'activité de la société en raison de la forte récurrence de son chiffre d'affaires". Bref, l'impact de la procédure de redressement judiciaire est faible, mais suffit à expliquer le déficit qui perdure.

Le point mort fin 2009-début 2010 ?

Après ces contorsions, la société se contente désormais d'indiquer poursuivre ses programmes de réduction de coûts. Tout en prévenant : "Les effets seront visibles de façon progressive au cours de l'exercice d'autant que le groupe anticipe un recul séquentiel de son chiffre d’affaires sur les premiers mois de l’exercice". Bref, l'érosion de l'activité se poursuit et les dirigeants semblent engagés dans une course à la réduction des coûts fixes, en attendant de toucher un point bas qui se fait toujours attendre.

Selon un cadre opérationnel du groupe, l'équilibre opérationnel pourrait toutefois être atteint au second semestre de l'année fiscale 2009-2010. Ce même cadre estime aujourd'hui que 3/4 du plan de redressement de la société a été mis en oeuvre et souligne les effets négatifs ressentis par la société durant la période d'observation (juillet 2008 - mars 2009). "Même si les clients historiques de la société nous ont suivi, nous ne pouvions plus avoir de contrats publics alors que ce secteur est très important pour le groupe", note-t-il pour justifier le trou d'air persistant que traduisent les chiffres publiés par Ares.

Questions autour des fonds propres

Reste que ces pertes abyssales qui s'accumulent soulèvent bien des questions. Notamment sur la reconstitution des fonds propres de la société, comme le signale ChannelNews. Même si, pour l'exercice en cours, Ares pourra compter sur 30 millions d'abandon de créances, qui seront comptabilisés pour partie comme un bénéfice exceptionnel, et sur une augmentation de capital qui, si elle totalement souscrite (pour l'instant elle ne l'est qu'à hauteur d'un peu plus de 40 %), apportera 5,8 millions d'argent frais à la société, c'est à peine suffisant pour revenir à des capitaux propres positifs. Au 31 mars, si on soustrait la perte de l'exercice (38,6 millions) aux fonds propres publiés lors des résultats 2007-2008 (2,6 millions), on aboutit à un total négatif d'environ 36 millions. L'addition pourrait même se corser pour Ares si les recours déposés par certains créanciers de la SSII, qui contestent le plan d'apurement de la dette, sont entendus par le Tribunal de Commerce. Les premières audiences auront lieu fin septembre.

En bourse, l'action se négocie ce 14 août à 0,28 euro, moins de la moitié de la valeur du titre lors de sa réintroduction sur le marché début mai.

Malgré nos demandes, aucun dirigeant du groupe n'a souhaité répondre à nos questions.

Pour approfondir sur SSII, ESN

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