Sue Barsamian, HP : « Nous sommes avant tout un fournisseur d’infrastructure IT »
Les dernières années ont été paradoxales pour HP. Le groupe a étendu son leadership sur de nombreuses couches IT et dans le même temps la valse des dirigeants et les opérations de croissance externe ont quelque peu troublé la lisibilité du groupe. Désormais dirigé par Meg Whitman, HP se renouvelle et semble décidé à simplifier sa lecture : côté entreprises, HP est d’abord un fournisseur d’infrastructures reposant sur trois piliers : cloud computing, Big Data et sécurité. Sue Barsamian, en charge des ventes et des opérations de la division Enterprise, détaille en exclusivité pour LeMagIT la stratégie du groupe.
LeMagIT : Quelle est la stratégie de HP au moment où de nombreux segments de l’IT connaissent de nouvelles ruptures technologiques autour des concepts de cloud computing ou de Big Data?
Sue Barsamian : Meg Whitman a décidé de simplifier un peu la lisibilité de l’activité du groupe en recentrant le discours autour de ce qui a historiquement fait de la société un leader de l’informatique : l’infrastructure, du poste de travail aux services qui y sont associés. C’est vraiment l’identité forte de HP. On a donc le matériel puis les logiciels d’infrastructure et enfin les services. Notre objectif est de proposer à nos clients cet ensemble complet au travers de trois piliers cohérents : le Big Data, le cloud computing et la sécurité.
LeMagIT : Justement à propos du cloud computing, quelles sont les options choisies par HP?
Sue Barsamian : En termes de cloud computing, notre analyse est qu’il n’y a pas une seule possibilité mais plusieurs. Nous sommes confrontés à des cas très différents en fonction des entreprises et nous nous devons donc de proposer un environnement mixte plutôt qu’une vision figée. L’approche hybride est donc au cœur de notre proposition. Une organisation doit pouvoir, indifféremment selon ses besoins, la criticité des données, ses usages, utiliser une infrastructure de cloud public, un cloud privé ou encore une infrastructure In House. HP cherche à proposer cette opportunité sur l’ensemble de ses lignes d’activité : matériel, logiciel et services.
Pour donner un exemple concret, le mode projet nécessite une flexibilité forte et des besoins en montée en charge plus limités. Dans ce contexte, l’environnement de développement et de tests que nous proposons à travers l’offre HP Software s’intègre parfaitement aux usages IT d’un cloud public. Le passage en production implique une autre approche. Nous souhaitons donc offrir le passage transparent d’un cloud à l’autre, d’une infrastructure à l’autre en fonction du besoin. L’ensemble de notre portefeuille est donc concerné par cette recherche de souplesse donnée à l’utilisateur. Chez HP, cette flexibilité a un nom : nous parlons de Converged Cloud.
LeMagIT : Aux Etats-Unis, le cloud public HP est une réalité. Qu’en est-il de l’arrivée de l’offre en Europe?
Sue Barsamian : Tout d’abord, pour donner un ordre d’idée, aujourd’hui nous recensons 700 Cloud HP dans le monde. C'est-à-dire 700 environnements datacenters opérés sur une architecture cloud computing. Concernant le cloud public, notre offre est totalement opérationnelle avec un portefeuille de services complet aux Etats-Unis et devrait être proposée en Europe et tout particulièrement en France courant 2013. Il s’agira d’un mouvement important tout particulièrement en direction des PME mais les grands comptes sont également concernés. L’un des points clés selon moi, c’est la possibilité offerte par le cloud de consommer en fonction de la saisonnalité, d’octroyer de la puissance informatique en fonction des pics d’usage.
LeMagIT : Vous évoquiez la sécurité comme l’un des piliers de l’offre HP. En France, c’est justement l’un des sujets récurrents invoqué par les DSI dès lors qu’il s’agit d’envisager les ruptures technologiques, notamment celles autour du cloud computing. Quelle est l’approche de HP?
Sue Barsamian : Nous avons en la matière une expertise historique venue de notre activité Software. Aujourd’hui, nous souhaitons que la sécurité soit intégrée à l’ensemble de notre portefeuille non pas comme un produit mais comme un axe clé de toutes nos offres d’infrastructure. Dans ce cadre, nous proposons donc des outils de sécurisation depuis la phase de développement en y intégrant des logiques de tests jusqu’au maintien en conditions opérationnelles. Notre idée est vraiment d’agir de l’intérieur en amont. Nous proposons une plateforme de SIRM ( Security Intelligence & Risk Management) permettant de mettre en place des architectures SOC qui répondent au besoin fort de gouvernance autour du datacenter, un besoin qui devient plus important, en particulier, avec le cloud computing. Nous orientons aujourd’hui cette solution vers une logique prédictive – à travers un module de Cockpit - permettant non seulement de remonter les alertes, de les analyser mais également d’anticiper – par l’étude comportementale au niveau des échanges sur le réseau – les failles potentielles. Sur le SOC, nous avons également cette approche structurante entre logiciel, matériel et services. Sur ce dernier point, nous proposons d’ailleurs une offre de sécurité managée où le SOC est externalisé de l’entreprise.
LeMagIT : Quelle est la stratégie de HP en matière de Big Data, pour répondre à l’explosion du volume de données?
Sue Barsamian : On observe non seulement une explosion du volume mais également un changement de nature des données recherchées. Elles sont désormais structurées, non structurées, multimédias et issues des médias sociaux. La vraie question, c’est surtout quel usage on doit avoir de cette masse d’informations à disposition. HP s’appuie là encore sur l’ensemble de ses lignes. Il faut pouvoir adresser les trois problèmes du Big Data : la puissance nécessaire, la protection et la promotion, le fait de rendre les données accessibles. Mais la clé de voute, c’est la gouvernance des données. Avec Autonomy, on propose un système de mapping des données avec la possibilité d’avoir un niveau de granularité très fin tout en s’appuyant sur Hadoop et sa capacité à gérer un volume très important de données. C’est notamment clé pour les métiers du marketing qui s’ouvrent de plus en plus aux données issues des médias sociaux. Autour d’Autonomy, nous avons également fait un rachat majeur avec Vertica, une technologie de stockage et d’analyse temps réel. Cette notion est un des éléments importants du Big Data avec des clients qui souhaitent non seulement accéder à de nombreuses données mais également pouvoir décider très rapidement dans l’environnement contextuel adéquat.
LeMagIT : Vous dirigez les forces commerciales orientées entreprises. Comment gère-t-on une approche transversale comme celle que vous proposez autour de la sécurité, du Big Data et du cloud au niveau des équipes?
Sue Barsamian : Tout dépend du point d’entrée en fait. Généralement pour le Big Data et la sécurité, on s’appuie plutôt sur l’organisation du groupe Software. Mais sur un projet, le commercial peut être accompagné par un homologue de la division matériel. Nous essayons vraiment d’évoluer avec cette notion de convergence, y compris dans l’approche des équipes de vente. Sur le cloud, c’est un peu différent avec une notion forte de conseil. Les projets sont initiés autour d’un « Cloud Discovery Workshop » organisé avec le client et qui doit nous conduire vers le choix de la meilleure infrastructure possible dans le contexte hybride que je vous ai décrit. C’est ce travail en amont qui doit ensuite nous conduire à allouer les forces commerciales les plus adaptées à la situation.
LeMagIT : Avec le cloud computing justement, le risque est important pour vos partenaires de vous voir travailler plus en direct. Comment s’insèrent-ils dans le dispositif de HP?
Sue Barsamian : Ils sont très importants et nous leur proposons sur le cloud computing différents modes de fonctionnement. Par exemple, Cheops Technology a bâti son offre de services Cloud à destination de ses clients en s’appuyant sur les technologies HP Converged Cloud. En France toujours, avec SFR et l’offre Numergy, nous leur fournissons l’ infrastructure cloud (matériel et logiciel) et nous donnons la possibilité à nos partenaires de revendre cette offre et d’héberger leurs propres services et solutions.
Pour approfondir sur Architectures de Datacenters
-
Florent Raison, Vertiv : « Nous voyons la taille des projets de datacenters augmenter »
-
Nicolas Leroy Fleuriot, Cheops : « La compétitivité du SI devient un élément clé de la compétitivité
-
Philippe Trautmann, HP : "Nous sommes redevenus leaders sur le HPC"
-
Entretien avec Bassem Bouzid, directeur Entreprise Services de HP France