IBM entend être présent sur l'ensemble des segments du cloud

Par rapport à ses grands concurrents dans l'infrastructure comme HP ou Dell, IBM a pris une longueur d'avance dans le cloud. Big Blue propose notamment des services de cloud privés dérivés de ses offres d'infogérance, mais propose aussi une offre de cloud IaaS similaire à celle d'Amazon avec SmartCloud. Enfin, la compagnie a aussi un pied dans le Paas et dans le Saas, notamment avec LotusLive.

Ne pas laisser le champ libre aux nouveaux acteurs du Cloud. C’est en ce moment l’obsession des acteurs historiques de l’infrastructure comme HP, Dell, EMC ou IBM. Et à ce jeu c’est Big Blue, avec son large portefeuille de matériels, logiciels et services qui semble avoir les meilleures cartes à jouer dans la bataille qui s’ouvre entre nouveaux acteurs (Amazon AWS, Windows Azure, Force.com…), acteurs des services et de télécoms et fournisseurs historiques de solutions matérielles et logicielles d’infrastructure.

Du fait de son imposante activité dans les services, Big Blue dispose déjà de vastes capacités d’hébergement et d’outsourcing, utilisées par de grands clients comme Carrefour, Michelin, Geodis, BNP Paribas, Sodexho, etc… (pour ne citer que quelques clients français)… Ces capacités d’outsourcing traditionnelles sont progressivement enrichies de nouveaux services d’infrastructure en nuage (IaaS) ou reconverties pour s’adapter aux demandes des clients.

Des offres de cloud privé en mode capex et opex

Comme l’explique Fady El Kaddoum, en charge des offres Cloud d’IBM GTS (Global Technology Services) en France, IBM propose aujourd’hui deux grands types d’offres Cloud. Les premières ont pour but de répondre aux besoins des entreprises qui souhaitent continuer à investir dans l’infrastructure en mode Capex. Dans ce scenario, Big Blue accompagne le client dans la construction de son Cloud privé et fournit l'ensemble des matériels, des logiciels et des services nécessaires à sa mise en oeuvre. La différence entre une offre d’outsourcing traditionnelle et la nouvelle approche est la couche logicielle permettant d’automatiser l’infrastructure et la fourniture de services. Avec sa suite ISDM (IBM service delivery Manager ), récemment mise à jour, Big Blue met à la disposition de ses clients une solution intégrée pour la mise en place d’un catalogue de services, le provisioning automatisé et la mise à disposition des utilisateurs d’un portail de services. Le déploiement d’ISDM peut être appuyé par une partie services pour la création du catalogue de service et l’aide à l’implémentation. Le modèle de tarification est à l’utilisateur qui se connecte sur le portail.

Le second grand type d’offres cloud d’IBM est délivré en mode opex, c’est à dire que l’entreprise n’immobilise pas de capital dans l’infrastructure, mais la consomme en mode locatif, "as a service". Pour ce type d’offre, IBM propose deux modèles, l’un hérité des offres traditionnelles d’outsourcing et un autre inspiré des offres de Cloud mutualisé de type Amazon EC2.

En mode « opex privé », les clients n’ont plus à investir dans l’infrastructure. Ils sont facturé à l’usage sur la base d’un engagement de volume. Comme l’explique Fady El Kaddoum «  Il ne s’agit pas d’un modèle 100%  " pay as you go" ». Les clients intéressés par ce type d’offres sont souvent déjà infogérés et recherchent un peu plus de flexibilité. Ils sont souvent engagés dans un contrat classique où ils consomment un certain nombre de machines virtuelles en mode ETP mais ont besoin d’une capacité additionnelle plus flexible. Mais cette flexibilité n’est pas totale, il leur fait s’engager durablement sur un minimum de VM et sur une durée contractuelle minimale.

SmartCloud, une offre  de cloud public concurrente d'Amazon EC2

A l’opposé en mode cloud de type Amazon, il n’y a ni engagement de durée ni de volume. Le contrat part à la première VM et la facturation est à la consommation réelle. Le prix est établi à l’heure d’utilisation et pas au mois et il est possible de provisionner des ressources pendant quelques heures pour un besoin ponctuel. Dans la pratique, Ibm constate que ses clients se livrent à un jeu de bascule en fonction des tarifs et de la nature de leur workloads.

Typiquement un grand client aura recours aux offres cloud pour des besoins événementiel où pour des configurations de développement et de test. Il est en effet possible dans le mode cloud de disposer de capacités à un coût très abordable. Une configuration de base dans le nuage SmartCloud d’IBM revient ainsi à 9 centimes par heure pour une machine virtuelle  Windows avec un cœur CPU, 2 Go de mémoire vive et 60 Go de Disque  (soit à environ 65 € par mois pour une VM utilisée à temps plein).

Fady El Kaddoum s’avoue toutefois étonné du fait que pour nombre de clients français d’IBM le prix est une considération secondaire : « Sur les centaines de clients avec lesquels on travaille, certains ne nous ont posé la question du prix que très tard ». Ce qui n’empêche pas IBM de veiller à rester aligné sur les prix du marché : « c’est un secteur très compétitif » indique Fady El Kaddoum et IBM benchmarke ses offres régulièrement avec celles de ses concurrents.

Des datacenters répartis à travers le monde

Pour se différencier, le constructeur met toutefois en avant plusieurs avantages tels que le support en français ou l’assistance d’un architecte.  Big Blue insiste aussi sur le fait que ses clients peuvent choisir entre de multiples datacenters pour ses offres de cloud. L’offre s’appuie en effet sur deux centres basés aux Etats-Unis (côte est et côte ouest), un au Canada, un en Allemagne et deux en Asie-Pacifique (à Singapour et au Japon).

Un autre point mis en avant par IBM est la possibilité d’ajoindre des services managé aux offres de cloud public en mode partagé. « Nous avons à ce jour trois ou quatre clients français qui ont demandé ce type de service » indique Fady El Kaddoum. Seul bémol, l’ajout de ce genre de service, si il permet à l’entreprise de confier à IBM certaines tâches, réduit un peu la flexibilité des offres de cloud, notamment parce que toute demande de changement ou de provisionning doit passer par un processus de validation avec les équipes de services d’IBM.

Terminons en signalant que les offres de cloud d’IBM ne se limitent pas à l’infrastructure. Big Blue propose aussi à ses clients de déployer la plupart de ses composants Middleware au dessus de ses offres IaaS afin de bâtir leur propre solution PaaS. Il est ainsi possible d’acheter une VM avec Websphere ou DB2 pré-installé. Ce n’est pas encore du Paas complètement industrialisé, mais cela n’en est plus très loin…

IBM aussi présent dans le SaaS avec Lotus
Dévoilé à l’été 2010, LotusLive Notes est la déclinaison en mode SaaS de l’offre Notes/Domino. Le service constitue la ripose d’IBM aux offres de Microsoft et Google. LotusLive Notes s'appuie sur une implémentation multi-tenant de Domino, hébergée dans les datacenters de Big Blue. Le service propose aux entreprises de disposer de l'ensemble des fonctions de Notes sous forme "hébergée", pour un prix inférieur à 5$ par mois (pour 25 Go de stockage incluant les fonctions antivirus et antispam), soit un tarif équivalent à celui des offres de Microsoft et Google. Si une entreprise souhaite un package plus complet, incluant aussi les services de conférence web et de réseau social en nuage de l'offre LotusLive Engage (Réseau social, partage de fichiers, communautés, partage de bookmark,  forums...), IBM propose un bundle à 10 $ par mois et par utilisateur. LotusLive Notes est accessible soit via le client Notes (dont la licence est fournie gratuitement pour Windows, Mac ou Linux) soit via un navigateur web.Support des déploiements hybrides

L'une des caractéristiques intéressante de LotusLive Notes est le support des déploiements hybrides où une partie du domaine Domino reste hébergée dans les propres datacenters de l'entreprise et une autre partie est confiée à IBM (on peut par exemple choisir de gérer soit même la messagerie Notes pour la France et confier à IBM la gestion en Saas de l’e-mail des filiales internationales). Pour cela, le service permet à une entreprise de lier son annuaire interne à celui de l'offre hébergée.

L’offre LotusLive Notes devrait être complété dans le courant du second semestre par l’arrivée d’une offre bureautique en cloud baptisée LotusLive Symphony. LotusLive Symphony sera accessible gratuitement pour tous les utilisateurs actuels des services LotusLive. L’objectif d’IBM est de contrer les offres de Google (Google Apps) et Microsoft (Office 365) tout en fournissant des capacités d’éditions avancées pour compléter les autres éléments de son offre. Ce renforcement de l'offre cloud de Lotus devrait s'accompagner d'un renforcement des capacités d'hébergement de l'éditeur pour la desserte des clients européens.

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