Entretien avec Jon Gacek, CEO de Quantum

Le CEO de Quantum revient sur la stratégie de la firme en matière de stockage sur bande après le transfert de ses activités de fabrication à Benchmark. Il s'exprime aussi sur la déduplication et l'avenir du stockage objet.

LeMagIT a pu s'entretenir avec Jon Gacek, le CEO de Quantum pour faire le point sur la stratégie de la firme sur le marché de la bande, mais aussi sur ses ambitions dans le domaine de la sauvegarde sur disque et du stockage de masse de fichiers et d'objets avec ses technologies StorNext et Lattus. L'entretien s'est déroulé à la mi-juillet, à peine un mois après l'annonce par Quantum du transfert de son activité de fabrication de librairies de bandes à Benchmark Electronics. Ce dernier est un partenaire de fabrication de Quantum depuis plus de 10 ans et il va désormais prendre en charge l'ensemble de la fabrication des libraiaires Quantum.

LeMagIT : Votre annonce récente autour de la cession de vos activités de fabrication de librairies de bandes a été interprétée comme la dernière étape avant un éventuel retrait de ce marché. Pouvez-vous nous en dire plus sur la situation de votre activité bande ?

Jon Gacek : Nous avons annoncé pour la troisième ou quatrième fois que nous étendions notre partenariat avec Benchmark. Nous venions de terminer un important développement de produit et nous avons considéré que pour des raisons de synergies, il était temps de renforcer notre partenariat avec Benchmark. Ils fabriquent déjà la majorité de nos équipements. Il s’agit pour nous d’être plus flexibles, plus agressifs.

Si l’on regarde le marché de la bande, c’est un business qui recule depuis 10 ans parce que de nouvelles technologies, comme la sauvegarde sur disque ou la déduplication, ont fait leur apparition. Toutefois, notre activité dans la bande a progressé depuis 3 ans et on gagne des parts de marché en particulier sur Oracle. Certes, notre activité a reculé sur les douze derniers mois, mais pas autant que nos concurrents. Nous sommes donc très prudents sur nos projections. Mais en aucun cas, nous ne prévoyons une disparition de la bande. Il y a des marchés où les opportunités sont fortes notamment dans l’archivage et le Big Data.

 

LeMagIT : Vous avez été un des pionniers de la sauvegarde sur disque dédupliquée et pourtant, c’est un marché qui est aujourd’hui dominé de la tête et des épaules par EMC, votre ancien partenaire , avec ses appliances Data Domain [EMC a pendant quelques années revendu les appliances de Quantum avant d'acheter Data Domain, NDLR]. Que pouvez-vous faire pour regagner du terrain ?

Jon Gacek : Nous avons une part de marché de 3 à 4 % et nos concurrents sur ce marché sont bien plus gros que nous. Nous pensons toutefois que la part de marché d’EMC n’est pas naturelle et il ne nous paraît pas que la situation actuelle puisse durer [EMC contrôle plus des deux tiers du marché].Au cours des deux dernières années nous avons beaucoup  amélioré nos produits et notre compétitivité. Notre défi est maintenant de faire connaître notre technologie aux clients.

 

LeMagIT : Cela passe-t-il par des accords OEM avec des constructeurs plus grands que vous ?

Jon Gacek : On cherche une façon de travailler. Le recours à un partenariat en OEM  peut avoir du sens, nous avons par exemple un accord avec Fujitsu. Mais pour qu’un accord OEM fonctionne, il faut un désir des deux côtés et il faut que le produit soit de qualité. On n’a pas été agressif sur le sujet de l’OEM, parce que l’on pensait que nos produits n’étaient pas assez mûrs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

 

LeMagIT : EMC a historiquement abordé le marché de l’archivage avec des produits comme le Centera, mais on le voit de plus en plus revenir avec des offres comme DataDomain ou avec des appliances de stockage objet. Vous êtes aussi présent sur le marché de l’objet avec votre offre Lattus [dérivée d’un partenariat avec Amplidata]...

Jon Gacek : Nous avons fait un choix différent de celui d’EMC pour l’archivage. Nous avons déjà une activité important dans l’archivage avec StorNext. EMC a une approche datacenter. On a une approche de valorisation de la donnée. On est embarqué dans des workflows métiers. EMC insiste sur la déduplication. Pour eux, c’est une approche technique, horizontale. StorNext, de son côté, se concentre sur la valeur des données et notre approche est donc plus verticale dans des secteurs comme le HPC, les médias, la santé…

Nous n’avons pas la taille d’un EMC, et nous serions fous de vouloir les affronter de front. Nous cherchons donc à nous développer dans des verticaux, comme le marché des médias, où nous sommes déjà forts.

 

LeMagIT : Sur ce marché, le cloud n’est-il pas une menace ?

Jon Gacek : Le cloud n’est pas une question de technologie, mais d’accès aux clients. Les clients qui achètent à Amazon achetaient à quelqu’un avant, que ce soit HP, IBM ou Dell. Le cloud change la façon dont les gens achètent. Quantum a commencé à se positionner : nous proposons Q-Cloud avec le DXI. On va aussi vendre du virtual backup ou de l’archivage. Mais nous ne serons pas présents sur le stockage primaire, celui lié au « Compute ». Nous allons en revanche aider des VAR ou des grands fournisseurs de services à construire leurs propres offres de cloud.

 

LeMagIT : Pour revenir sur Lattus, il semble que les entreprises ne soient pas très demandeuses de stockage objet, car la plupart de leurs applications existantes n’utilisent pas ces interfaces, mais des interfaces SAN ou NAS traditionnelles. Est-ce le problème que vous tentez de résoudre avec Lattus ?

Jon Gacek : Nous avons effectué une large recherche avant de nouer un partenariat dans l'objet avec Amplidata. Ils ont des avantages stratégiques du fait de leurs performances et de leur aptitude à monter en charge. On a passé l’année écoulée à intégrer leur technologie avec StorNext. On pense effectivement que le stockage objet ne peut pas décoller en l'état dans les entreprises, car il lui manque des interfaces. Avec le couplage avec StorNext et sa performance ainsi que son aptitude à gérer le tiering de données, on ouvre le stockage objet à un éventail d’applications bien plus large. Nous pensons que Lattus va concurrencer le NAS avec des bénéfices additionnels comme la géo-répartition, mais aussi la possibilité d’héberger une partie de ses données en local ou dans le cloud selon les politiques définies par l’entreprise. Face à une telle solution, le NAS en mode Scale-out n’a aucune chance d’être une concurrence crédible.

Pour certains de nos clients StorNext, Lattus est une évolution naturelle. Certains ont en effet déjà des besoins de capacité de performance et de géo-distribution qui dépassent les capacités des NAS modernes. On voit la même chose dans le monde du HPC ou de l’analytique de masse.

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