Près de cinq ans après le scandale, où en est Satyam ?

Celui qui figurait parmi les quatre premières SSII indiennes a été sauvé de justesse de la disparition après la révélation d’une fraude interne massive début 2009. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?

En janvier 2009, Ramalinga Raju, alors patron de Satyam, admettait avoir falsifié les comptes de la SSII, gonflant les chiffres de sa trésorerie de près de 1 Md€. Après une phase difficile, l’entreprise est de retour. Avant cet épisode douloureux, Satyam figurait parmi les géants indiens, aux côtés de Wipro, Infosys, TCS ou encore HCL. En intégrant Cognizant, vraie-fausse SSII nord-américaine, l’ensemble formait ce qu’il était convenu d’appeler le groupe Switch.

Intégrer Satyam au sein de Tech Mahindra

Les activités de Satyam ont désormais intégré Tech Mahindra, après que cet ancien centre offshore captif de British Telecom en a fait l’acquisition. Une opportunité de développer son expertise dans le domaine des services IT. Et Satyam n’est pas qu'une simple pièce rapportée : la SSII compte pour la majorité du chiffre d’affaires de Tech Mahindra, de 3 Md$, et lui a donc permis de doubler sa taille. De fait, Tech Mahindra affichait un chiffre d’affaires de 1,2 Md$ avant le regroupement des deux entités - contre 175 M$ en 2003. L’entreprise emploie désormais 90 000 personnes, dont 65 000 en Inde.

Le nom de Satyam s’est peut-être effacé, mais ses activités vont porter Tech Mahindra alors que les télécommunications et l’IT deviennent indissociables à l’heure du numérique.

Vikram Nair, patron de l’activité Europe de Tech Mahindra, relève que la plus importante étape récente a consisté au regroupement de toutes les activités du groupe sous la même marque. Jusqu’àlors, on parlait de Mahindra Satyam : « en interne, nous n’étions qu’une seule et même entreprise, mais à l’extérieur, nous restions perçus comme deux entités. »

Expertise et force combinées

Cette combinaison permet d’aller chercher des contrats plus importants et plus nombreux. Pour Nair, les fruits de cette fusion sont déjà là : « par le passé, Tech Mahindra se concentrait sur la fourniture de systèmes d’exploitation et de facturation aux opérateurs de télécommunications. Mais maintenant, avec l’expertise de Satyam, nous pouvons offrir des solutions autour d’ERP et du décisionnel, par exemple », explique Nair. Et de préciser que, « dans d’autres secteurs, plutôt que de nous concentrer uniquement sur les ERP et le décisionnel, nous pouvons proposer des systèmes de facturation et de gestion de la relation client. Les grands groupes utilisent les télécommunications pour se transformer ».

La SSII est désormais en mesure de concourir pour de grands contrats portant sur l’infrastructure IT. Auparavant, ni Satyam ni Tech Mahindra n’avait les reins assez solides pour accompagner de grands groupes dans un contrat d’infrastructure complet, intégrant la connectivité réseau.

Mais Nair relève également une autre tendance : la croissance de la demande pour l’externalisation des opérations : « nous avons commencé avec l’externalisation IT, puis est venue l’externalisation des processus métiers, et maintenant l’externalisation des opérations. Les clients ne veulent plus avoir à se préoccuper de technologie. Nous pouvons leur proposer de reprendre leurs systèmes et de les leur proposer comme un service », explique-t-il.

Et de prendre l’exemple de la manière dont la SSII a ainsi repris le système de gestion des données de référence d’une grande banque d’investissement - UBS - pour lui fournir désormais un service externalisé et l’étendre, en retour, à d’autres banques d’investissement : « nous avons acheté le système et nous proposons des économies sur les coûts opérationnels. » Pour Nair, cet exemple s’inscrit dans le cadre d’une tendance plus vaste d’industrialisation des services.

Satyam se développe en outre sur le terrain des services réseau administrés : « actuellement, les services réseau sont proposés par les équipementiers télécoms, mais le rapprochement de l’IT et des télécoms nous permet de cibler ce marché. » Un marché qu’il estime vaste, jusqu’à trois fois plus que celui des services IT.

Expansion européenne

En Europe, Tech Mahindra génère un chiffre d’affaires d’environ 800 M$. Mais elle se développe rapidement, avec un effectif de 3 000 personnes, largement spécialisées dans la fourniture de services. Des centres de services ont ainsi été ouverts à Eindhoven, La Hague, Bruxelles, Cologne, Hambourg et en Suède, au cours des douze derniers mois. La SSII dispose également de deux centres au Royaume-Uni. « La croissance est plus rapide en Europe continentale car nous avions là un certain retard », explique Nair.

Tech Mahindra dispose de responsables pays au travers de l’Europe. La SSII emploie également des européens expérimentés pour accompagner sa quête de grands contrats : « De nombreux conseillers nous aident. C’est important pour les grands contrats car ces personnes ont une influence », indique Nair. Jean-Louis Bravard, directeur chez Burnt-Oak Partners, et ancien responsable monde des services financiers chez EDS, est l’un d’eux. Il estime que Tech Mahindra va chercher à compter parmi les plus grands prestataires indiens : « elle est actuellement au tête du groupe de second rang, mais elle va chercher à entrer dans le club du premier rang. »

John Keppel, patron Europe du Nord d’ISG, estime que l’histoire Satyam est « une saga lamentable marquée par une fin heureuse ». Pour lui, l’activité de Tech Mahindra au Royaume-Uni « se porte bien. Elle se concentre sur ses forces et vise à revenir parmi les principaux fournisseurs indiens ».

Adapté de l'anglais par la rédaction.

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