Eclipse : 10 ans et un projet d’infrastructure de développement unifiée Desktop / Cloud

La fondation travaille à un projet baptisé Flight dont l’objectif est de revoir en profondeur la conception d’atelier de développement dans le cloud en proposant une nouvelle architecture d’ensemble. Un projet qui marque une des évolutions de la fondation qui fête ses 10 années d’existence.

Aux côtés de l’Internet des objets, du M2M, de la géolocalisation et des outils de développements pour le secteur très critique de l’embarqué, les outils de développements dans le navigateur et dans le cloud sont les nouveaux secteurs de croissance de la communauté Eclipse, avait affirmé Mike Milinkovich, le directeur exécutif de la très sérieuse fondation, pour fêter le 10e anniversaire de l’Eclipse Foundation, début février.

Comme un écho à ces propos, la fondation Eclipse a démarré un nouveau projet, baptisé Flight, dont le but est de « concevoir et implémenter une nouvelle architecture et infrastructure pour intégrer des outils de développement entre le poste de travail, le navigateur et le serveur » indique la fondation sur la page du projet. L’objectif est de proposer une plate-forme et une infrastructure très flexibles qui permettent aux nouveaux composants cloud d’être fortement découplés des uns des autres, et de combler le fossé avec les IDE desktop en même temps », ajoute-t-il.

Toutefois, il ne s’agit pas ici de transposer littéralement dans le cloud les fonctions des IDE installés sur le poste de travail, executables dans le navigateur ; « ce qui semble être la mauvaise approche », assure la page du projet. Les développeurs qui doivent avoir recours à des outils de développement cloud « doivent abandonner leurs outils existants [pour ceux du cloud, NDLR] alors que ceux proposés dans le cloud manquent de fonctionnalités clés utilisées tous les jours avec les IDE classiques. Il existe un vrai besoin de combler ce fossé », explique encore la fondation, qui décrit le projet.

Dans le détail, Flight, mené par Martin Lippert et John Arthorne (l’un des développeurs du projet de l’IDE Web, Orion) entend faire émerger des connecteurs pour les IDE les plus courants, comme Eclipse, IntelliJ, Netbeans ou encore les éditeurs de textes. A cela des outils cloud seront développés au dessus de cette infrastructure, avec d'abord le support de Java et Javascript, qui sera implémenté en ré-utilisant des composants de JDT et Orion.

Pour mémoire, Orion constitue la vision d’Eclipse d’un IDE Javascript qui s’exécute dans le navigateur. Les outils y sont d’ailleurs codés dans le langage Javascript. Toutefois, si Flight emprunte bien certaines pratiques à Orion, les deux projets, qui reposent sur des architectures différentes, ne se chevauchent pas et  sont « fortement complémentaires », indique encore la fondation. « Le principal axe d’Orion était de proposer des outils et une intégration dans le navigateur qui s’exécutent côté client. Flight fournit une architecture de service d’outillage côté serveur qui permet une intégration à fois entre outils côté serveurs, entre le serveur et le client (navigateur) et entre les serveurs et les clients desktops traditionnels », explique ainsi la page du projet. Une nouvelle approche bien dans la stratégie Web souhaitée par la fondation.

Internet des objets, développement dans le navigateur, moteurs de la fondation

Ce projet Flight sera ainsi l’un des symboles qui alimenteront le tube à essai que constitue la fondation Eclipse en matière d’outils de développement et de standards du genre. Si en 10 ans, la fondation est parvenue à s’extraire d’un monde purement Java pour faire de son IDE le standard de facto C et C++ notamment dans le monde de l’embarqué, l’organisation a peu à peu entamé sa mue vers un "un consortium de consortia", comme l’avait indiqué Ralph Mueller, directeur Eco-système Eclipse pour l’Europe en 2011, lors de la seconde édition de l’Eclipse Day Paris. Comprendre la création de groupes de travail censés fédérer des projets, plus orientés métiers et verticalisés: d’abord Polarsys, né en France, qui porte sur le support à très long terme des outils de développement pour les secteurs très critiques de l’embarqué (comme l’avionique), puis un autre sur la géolocalisation baptisé LocationTech. Sans oublier ceux dédiés à l’industrie automobile ou encore au support longue durée des outils de développement Eclipse (Eclipse LTS). Et surtout, celui consacré au M2M et, plus globalement à l’Internet des objets qui constituera comme le pense le directeur de l’institution Mike Milinkovitch, l’un des moteurs de la fondation pour les années à venir.

A condition toutefois que la fondation ait les ressources nécessaires pour poursuivre sereinement ses travaux. Selon son directeur, la fondation a dépensé plus qu’elle n’a reçu en 2013 (4,4 M$ de revenus pour 4,7 M$ de dépenses l’année dernière), et la tendance devrait être identique en 2014. On se souvient également que Google avait fait, dans l’urgence, une donation de quelque 20 000 $ à la fondation afin que celle-ci puisse renforcer son infrastructure et ses équipes de test et garantir les performances des outils de développement. Mike Milinkovitch avait alors évoqué le manque de contributions tant financières qu’humaines. 

La fondation compte 203 membres selon les chiffres de novembre 2013.

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