Après 22 ans chez Oracle, Thomas Kurian débarque chez Google

L'ex-Président du Développement Produits d'Oracle avait quitté l'éditeur cette année après une brouille supposée avec son CTO. Il a été recruté pour prendre la succession de Diane Greene (ex-VMware) à la tête de Google Cloud. Sa mission : en faire un cloud réellement B2B.

Diane Greene, la présidente de Google Cloud, va quitter son poste après trois années passées chez le géant de la recherche en ligne. Elle avait initialement prévu d'occuper ce poste pendant deux ans.

La co-fondatrice de VMware avait accepté de rejoindre Google au moment du rachat d'une autre entreprise qu'elle avait créée, Bebop. La mission qui lui avait été proposée était de changer l'image de Google Cloud (IaaS, PaaS et SaaS) - une image très axée développeur et B2C - pour en faire un digne concurrent d'AWS, de Microsoft et d'IBM sur le marché des outils cloud professionnels.

Ce départ semble se faire dans des conditions apaisées et d'un commun accord.

Diane Greene restera au Board d'Alphabet, maison mère de Google. Elle a également été impliquée dans le recrutement de son successeur : Thomas Kurian.

« Sundar [Pinchai, NDR : PDG], Urs [Hölzle, NDR : SVP en charge de l'infrastructure] et moi avons interviewé Thomas. Je crois qu'il fera un super travail pour aider Google Cloud à passer une étape supérieure », écrit Diane Greene.

Thomas Kurian, le candidat idéal pour séduire les clients professionnels

Google pouvait difficilement choisir mieux pour continuer sa mission de séduction des grands groupes et des entreprises.

Thomas Kurian a passé 22 ans chez Oracle sont il était la pièce maitresse dans la stratégie produit - que ce soit dans les bases de données, les applications, ou le cloud (IaaS, PaaS, SaaS). Un signe parmi d'autres montrait son importance : lors des OpenWorld, il était un des trois porte-voix d'Oracle aux côtéx de Larry Ellison (fondateur et désormais CTO) et Mark Hurd (co-PDG).

Thomas Kurian avait subitement quitté l'éditeur cette année. Selon des rumeurs difficilement vérifiables, il se serait brouillé avec Larry Ellison suite à des divergences sur la stratégie cloud d'Oracle.

Il n'aura en tout cas pas mis longtemps à rebondir - ce qui n'est pas étonnant vu son CV. Il arrivera chez Google le 26 novembre, et en prendra réellement les commandes début 2019, après une période de transition avec Diane Greene.

Le titre exact de Diane Greene était « Chief Executive » (Directrice Générale) de Google Cloud, Thomas Kurian sera lui « Senior Vice President » (vice-président).

Un bilan positif pour Diane Greene, mais à concrétiser

Sous la direction de Diane Green, Google Cloud a changé de stature, mais il reste un challenger derrière AWS, Azure et même IBM.

« Nous avons fait passer Google Cloud d'une situation où nous avions deux clients importants et une ribambelle de startups, à une situation où de grandes entreprises du Fortune 1000 parient leur avenir sur notre cloud. Nous avons bâti une entreprise solide en intégrant les ventes, le marketing, Google Cloud Platform (GCP) et Google Apps/G Suite dans ce qui s'appelle maintenant Google Cloud », vante l'ex DG dans le billet de blog où elle annonce son départ.

« Nous avons mis sur pied des services de formation et de support professionnels, ainsi qu'un réseau de partenaires. Nous avons remanié notre ingénierie client. Nous avons également été les premiers à créer un Advanced Solutions Lab pour aider les entreprises à tirer parti de l'IA ».

Sous sa direction, Google a lancé deux nouvelles gammes (Cloud ML et Cloud IoT) et a réalisé une politique d'acquisition assez cohérente avec Apigee (gestion des APIs), Kaggle (outils et communauté de Data Scientistes), qwiklabs (outils de formation pour le cloud) « et plusieurs superbes petites startups ».

Parmi ses autres initiatives, elle cite la mise en place d'une organisation par verticaux qui rappelle celle des grands de l'ERP. « Nous avons réalisé une percée dans la santé, les services financiers, la grande distribution, les jeux et les médias, l'énergie et la fabrication, et le transport ».

Résultat, « nous sommes maintenant reconnus comme un leader dans 11 Magic Quadrants Gartner et Forrester Waves », se félicite Diane Greene qui conclue son bilan en évoquant une participation à son événement annuel Google Cloud Next 2018 multipliée par 10 (23 000 participants) en trois ans.

Insuffler une culture B2B « à la Oracle » chez Google

Il n'en reste pas moins que Google Cloud reste la quatrième plateforme cloud derrière AWS, Azure et IBM selon des chiffres de Synergy Research communiqués au média américain CNBC. Et que la dernière présentation des résultats de Google - qui n'a pas précisé la croissance de Google Cloud - a nourri le scepticisme des analystes.

Thomas Kurian aura donc la tâche de continuer à développer Google Cloud dans l'IA et, peut-être plus difficile, d'apporter « une culture à la Oracle » chez Google.

De son côté, Diane Greene - en plus de siéger au conseil d'administration de Google - indique qu'elle se consacrera au mentorat et au financement de projets, notamment pour aider les femmes dans le monde de l'ingénierie et de l'entreprenariat.

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