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Prédictif : les Quants débarquent dans les RH

Les « quants » sont ces spécialistes des mathématiques et des algorithmes qui tentent de faire des prédictions financières. Plusieurs écoles américaines proposent désormais des formations de « quants RH ». En avance de phase sur la France ?

L'Université de New York va lancer un programme d'études pour devenir « Quant RH ». Ce cours combinera de l'analytique, des compétences technologiques et des connaissances en sciences comportementales et sociales. La directrice de ce nouveau programme, Anna Tavis, a déclaré que l'objectif est de constituer des « quants formés aux disciplines comportementales » et cela « en réponse à l'utilisation croissante de l'analytique dans les RH ».

Le nouveau programme, baptisé « MS in Human Capital Analytics and Technology » ne remplacera pas les autres programmes d'études supérieures, plus généraux, qui porte sur des aspects plus courants de la gestion, comme les intéressements ou la rémunération.

Compétences prédictives en contexte RH

Le nouveau programme combinera donc des compétences en Data Sciences avec un enseignement plus « sciences molles ». Les élèves se familiariseront avec l'Intelligence Artificielle, dont l'apprentissage automatique (Machine Learning), ainsi qu'avec l'éthique de l'application de ces technologies sur le lieu de travail, souligne Anna Tavis.

Selon elles, les RH se sont beaucoup rapprochées de l'IT, en raison justement de l'importance croissante qu'elles accordent à l'exploration des données et à la place centrale qu'elles tiennent dans la transformation numérique. Elles se rapprocheraient même du marketing, et s'éloigneraient petit à petit de la finance, le secteur auquel on les rattachaient traditionnellement via la paye.

Aujourd'hui, par exemple, l'acquisition de talents se fait de plus en plus à l'aide de « modèles fondés sur des données probantes et utilisant les technologies les plus récentes », illustre Anna Tavis.

Les formations en analytique RH, une discipline universitaire émergente

Les programmes d'études supérieures en analytique sont relativement récents. Mais les formations en analytique RH restent rares.

Les universités ont certes ajouté des cours d'analytique à leurs diplômes en gestion des ressources humaines. Elles ont également mis en place des formations spécifiques à l'analytique. Mais la demande des entreprises pour des personnes qualifiées et capables de mélanger les deux serait en nette augmentation. Ce qui explique pourquoi des universités comme celle de New York ou l'American University, qui a annoncé l'an dernier une maîtrise en analytique RH, y répondent aujourd'hui.

Le programme de l'Université de New York durera un an - ou jusqu'à 3 ans en alternance. Il sera également accessible en ligne, mais avec deux cours sur site au début et à la fin du cursus.

Anna Tavis s'attend à ce que ce glissement des programmes génériques en analytique vers des cours plus spécifiques à certains domaines se poursuive au delà des RH. « Il y aura une demande pour plus de compétences en analytique sportive, en analytique marketing ou en analytique des soins de santé, etc. » avance-t-elle. Pour elle, les entreprises veulent appliquer de manière efficace des outils dans des domaines spécifiques, et pour cela, les collaborateurs doivent avoir une expertise dans ces domaines spécifiques. Pour comprendre quelles questions poser, ainsi que ce que les données disent, « vous devez connaître parfaitement le domaine », conclut-elle.

L'Université a également fait appel à des professionnels de l'industrie IT pour l'aider à concevoir ce cursus et à enseigner  - y compris des Data Sciences d'IBM. Le premier cours débutera à l'automne. La première promotion devrait compter entre 20 et 35 élèves, voire un peu plus.

La formation de « Quant RH » sera-t-elle bientôt enseignée en France dans les facultés et les écoles de gestion ? Pas sûr. Appliquer des méthodes mathématiques au « vivant » semble moins bien accepté de ce côté de l'Atlantique. Mais si les premiers diplômés donnent satisfaction à leur employeurs américains, les entreprises françaises se laisseront peut-être tenter par ce mouvement de spécialisation.

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