Google Cloud Next : Google veut être le facilitateur commercial des éditeurs open source

Datastax, Confluent, MongoDB, Redis Labs, Neo4J, Elastic et InfluxData se retrouvent intégrés en tant que services managés sur GCP. Google souhaite se faire levier commercial pour ces éditeurs open source. Mais pas un concurrent.

A l’occasion de Google Cloud Next qui démarre ce jour aux Etats-Unis,  Google a décidé de montrer qu’il savait structurer ses relations commerciales avec les éditeurs et les communautés open source. Le groupe de Mountain View a présenté un vaste partenariat scellé avec sept éditeurs open source du monde de la donnée afin de « mettre en place une relation commerciale avec le monde de l’open source », ont confirmé des responsables de Google. Les partenaires technologiques qui forment aujourd’hui cette alliance sont Confluent, MongoDB (pour Atlas, son service DBaaS), Elastic.co, Neo4j, Redis Labs, InfluxData et Datastax. A l’exception de ces deux derniers, tous ont récemment décidé d’adapter leur licencing pour « protéger leur modèle économique (sic) ».

« Nous souhaitons favoriser l’innovation et accompagner les éditeurs open source à construire leur modèle, alors que justement d’autres avancent avec le visage d’un concurrent », lance sans ambage Google, rappelant les déboires que connait actuellement AWS avec ces mêmes partenaires.

« La communauté open source a récemment estimé que les fournisseurs de cloud n’étaient pas des partenaires et tentaient de monétiser l’open source », explique à son tour, Thomas Kurian, le CEO de Google Cloud. La fronde était venue de Redis Labs, mais d’autres lui ont depuis emboîté le pas, à l’image de MongoDB ou Confluent qui ont tous pris la décision de basculer dans un modèle plus fermé de l’Open Core.

Google Cloud Next 2019
Google Cloud Next 2019

Mais qu’apporte ce partenariat avec Google Cloud ? Schématiquement, il s’agit de proposer à ces partenaires de poser leurs solutions sur la Google Cloud Platform en tant que service managé et d’en faciliter la consommation via la plateforme Google. Ces solutions sont gérées depuis une marketplace avec un modèle économique bâti sur le partage de revenus.

Ce choix de partenaires issus du monde de la gestion de la donnée est lié au fait que les clients étaient demandeurs, rappelle Dominic Preuss, Directeur, Product Management, chez Google Cloud. Google a certes noué des partenariats précédents avec Elastic ou encore Redis Labs - et « l’apport pour GCP est important » - , mais la demande des clients était aussi forte pour accéder aux versions entreprises de ces éditeurs. Google proposait jusqu’alors des implémentations de briques open source d’Elastic et de Redis par exemple. Mais « les clients veulent aussi les composants des versions premium », ajoute le responsable. 

Une console unique pour le billing

Dans le cadre de ce partenariat, Google a développé une console qui révèle d’importants travaux d’intégration dont le but est « d’améliorer l’expérience utilisateur et de faciliter les usages », assure Dominic Preuss. Ces partenaires technologies apportent eux-mêmes leurs services.

Les travaux d’intégration de Google portent d’abord sur les services cloud de la marque. Les socles technologiques des éditeurs partenaires ont été étroitement couplés aux services de gestion d’identité et d’accès, aux outils de monitoring et de gestion des logs, aux capacités de Machine Learning induites par TensorFlow, mais aussi aux fondamentaux d’architecture, comme Kubernetes.

De cette console prennent ainsi forme les autres éléments métier de l'intégration. Outre l’unification des opérations d’administration, cette plateforme centralise le support, – et là est un point important – le billing.  Car si les éditeurs partenaires gèrent leurs clients, une partie repose notamment sur des opérations de cross-selling. C’est par exemple le cas chez MongoDB.

« Les équipes de ventes de GCP pourront revendre MongoDB Atlas, ainsi qu’une série d’autres services GCP », précise quant à lui Seong Park, vice-président Developer Advocacy & Product chez MongoDB. « Atlas tourne depuis 2 ans sur GCP. Depuis, nos équipes communes ont une bonne relation de travail ainsi qu’un modèle de support pour les applications critiques de nos clients », ajoute-t-il.

Faire de Google le tiers de facturation est aussi un argument clé de ces partenariats, lance à son tour Urs Hölzle, vice-président de l’infrastructure chez Google Cloud. « L’open source est devenue clé pour les entreprises au fil des ans. Le cloud en a changé la consommation. L’ouverture est importante tout autant que le modèle économique. Beaucoup d’entreprises nous disent qu’elles ne veulent pas gérer plusieurs comptes pour le billing », ajoute-t-il.

Visibilité accrue et modèle cloud-natif

Mais l’intérêt principal de cette plateforme unifiée est de fondre ces solutions dans l’expérience utilisateur apportée par Google Cloud. En se rapprochant de la GCP, ces éditeurs souhaitent ainsi faciliter l’accès à leurs outils et surtout leur achat dans les mêmes conditions que les services GCP.

 « Monétiser l’open source a toujours un challenge, d’autant plus dans le cloud », commente Ofer Bengal, CEO Redis Labs, présent lors de l’événement.  Ce que reconnait également Billy Bosworth, le CEO de DataStax. « L’open source devient difficile lorsque les entités derrière les socles open source ont des problèmes de modèle. »

De son côté, Emi Eifrem, CEO de Neo4J  voit dans ce partenariat avec Google Cloud, la possibilité de se projeter dans le monde du cloud-natif et donc de Kubernetes. Outre le fait de bénéficier de l’élan de Google sur certains marchés verticaux, Il considère d’abord ce passage sur GCP comme une « rampe de lancement » vers l’orchestrateur de containers. Tout comme Jay Kreps, CEO Confluent, d’ailleurs ou encore Evan Kaplan, le CEO de InfluxData. Pour eux, cet accord permet de « ré-imaginer les projets open source sous la forme de véritables solutions natives » souligne le premier, « là où réside notre valeur et notre stratégie », conclut le second.

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