Extreme Networks construit son réseau brique par brique

Revenant sur le devant de la scène, Extreme Networks clarifie sa gamme de produits et investit dans le logiciel, notamment en matière de sécurité.

Extreme Connect 2019, qui s’est déroulé à Nashville la semaine dernière, n'était que la 2e conférence utilisateur mondiale - même si dans les faits, elle était surtout américaine - et la première ouverte aux journalistes. Elle montre l'évolution d'Extreme Networks au cours des cinq dernières années, une croissance obtenue grâce notamment à des acquisitions ciblées. Celle d'Enterasys (2013), des assets Wifi de Zebra (2016), de l'activité datacenter de Brocade (2017), de la division réseau d'Avaya (2018).

Résultat, l'entreprise réalise désormais environ 1 Md$ de chiffre d'affaires et est passée en 2018 du fin fond du classement à la place de n°3 dans le quadrant magique du Gartner des fournisseurs d'accès réseau filaire et sans-fil, derrière Cisco et le numéro 2 Aruba : « Notre objectif, c'est la deuxième place. Mais nous resterons un pur spécialiste du réseau », espère le patron d'Extreme Networks, Ed Meyercord.

Des acquisitions technologiques, lors desquelles les ingénieurs des entreprises acquises ont été accueillis à bras ouverts, selon le PDG : « Les collaborateurs de Brocade étaient enchantés de revenir à leur cœur de métier, à savoir le réseau et uniquement le réseau ». Désormais, Extreme Networks compte investir 90 % de son budget R&D dans le logiciel. Une stratégie de fait identique à celle de son concurrent direct, Aruba.

Fabric Connect, l’originalité de l’offre

La pièce centrale d'Extreme Networks est la Fabric Connect. Elle est disponible en deux versions. La première, qui fait son originalité, exploite le protocole SPB (Shortest Path Bridging) pour gérer les VLAN. Alors que les fabrics n'agissent la plupart du temps qu'au niveau 2 de la couche réseau, Fabric Connect agit en plus sur les services de niveau 3 (routage et multicast IP).

La seconde version, plus classique, s'appuie sur  les fonctions de virtualisation réseau VXLAN  (lesquelles encapsulent des trames de niveau 2 dans des paquets UDP, de niveau 4). Les deux technologies ont chacune leurs avantages, SPB s'avérant plus simple en limitant le nombre de protocoles utilisés, VXLAN étant plus riche en fonctionnalités.

« Il n'y a plus lieu d'opposer ces technologies comme certains l'ont fait il y a quelques années. Nous proposons les deux, avec les mêmes fonctions », affirme Nabil Bukhari, Vice-Président exécutif.  « SPB crée des réseaux segmentés et sécurisés de manière automatique », tempère Mike Leibovitz, Senior Director of Product Management.

Des Elements pour monter son réseau

L'essentiel de la conférence utilisateur a été l'annonce des Extreme Network Elements. En réalité, il s'agit d'un vaste rebranding de l'ensemble des produits de la marque. A chacun de ces éléments correspond un produit, hardware ou software.

« L'idée est de donner aux entreprises les briques pour créer un réseau autonome. »
Nabil BukhariVP Extreme Networks

« Les choses bougent très rapidement. Par exemple, le cloud était considéré comme une extension du datacenter. Maintenant, avec le edge computing, le cloud est une extension du edge. Les définitions changent. Nous devons décrire le réseau d’une nouvelle manière. C’est pourquoi nous avons introduit ces Elements. L'idée est de donner aux entreprises les briques pour créer un réseau autonome. Bien sûr, ce réseau autonome est un objectif à long terme. Mais nous allons compléter au fur et à mesure ces briques par des applications », résume Nabil Bukhari.
Ce rebranding a de plus l'intérêt de clarifier l'offre, notamment vis-à-vis des partenaires d'Extreme Networks.

Lors de cette conférence utilisateur, Extreme Networks a dévoilé Fabric Connect VPN. Il s'agit de la première intrusion d'Extreme Networks dans le domaine du WAN. L'idée est de connecter par exemple un grand hôpital à une petite clinique, par une ligne spécialisée ou via Internet. Extreme Networks refuse d’évoquer le SD-WAN pour l'instant : « Nous allons dans le futur développer d'autres applications, mais aujourd’hui nous parlons de WAN », insiste Mike Leibovitz.

Tout comme Extreme évite le terme de SDN (Software defined network, que Mike Leibovitz détourne en... « Still does nothing »). Un premier pas tout de même vers le SD-WAN, qui pourrait s'accélérer par une éventuelle acquisition dans le domaine… comme l'a laissé percevoir le PDG de l'entreprise, interrogé à ce sujet par le MagIT.

Le NLP appliqué à la sécurité

Autre nouveauté au catalogue, ExtremeAI Security, une application destinée à la sécurisation des objets connectés, qui détecte les comportements déviants de la normale. L'application embarque des briques open-source, mais la société a développé ses propres routines. En particulier, elle exploite les technologies de NLP (Natural language processing), et ce qui est plutôt original, les modèles Word2vec, habituellement employés dans les réseaux de neurones pour le traitement du langage naturel.

Comme tout algorithme d'intelligence artificielle, ExtremeAI Security nécessite une large base de données. Cette application a été entraînée en interne par Extreme Networks et, une fois en place dans l'entreprise, elle est opérationnelle en 24 heures.

« Une intervention humaine est toujours possible. »
Nabil BukhariVice-Président exécutif, Extreme Networks

ExtremeAI Security s’intègre avec près de 2000 applications et, grâce à Workflow Composer (basée sur StackStorm), apporte des fonctions d’autoremédiation toujours dans l’objectif d’un réseau autonome.

« Mais l’humain a tendance à ne pas avoir confiance dans l’intelligence artificielle. Alors une intervention humaine est toujours possible. Par exemple, un délai d’attente de 60 secondes peut être paramétré, délai après lequel les corrections sont appliquées automatiquement si le personnel IT n’intervient pas », précise Nabil Bukhari.

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