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Le cloud public de T-Systems serait 8 à 100 % plus rapide que les autres

Une étude comparative menée par Cloud Spectator indique que les VMs d’Open Telekom Cloud sont plus performantes que celles d’AWS, Google et Azure, au même prix. L'une des raisons serait l’utilisation d’OpenStack.

L’IaaS public de T-Systems, Open Telekom Cloud, serait celui qui affiche les meilleurs ratios performance/prix parmi les grands fournisseurs de cloud en Europe. C’est ce que révèle une étude menée par Cloud Spectator, un cabinet d’étude américain spécialisé dans l’évaluation des offres d’hébergement en ligne.

Selon ce rapport, dont le MagIT n’a consulté qu’un extrait, une machine virtuelle standard, appelée s2 sur OTC, serait 8 % plus rapide que son équivalent chez AWS EC2 sur le créneau des instances avec 8 vCPU et 48 % plus rapide sur celui des instances à 2 vCPU. Une machine virtuelle dite haute performance, dans laquelle un vCPU correspond exactement à un cœur physique et qui porte la dénomination c3 sur OTC, serait quant à elle plus rapide de 41 à 100 % par rapport aux VM qui ont autant de CPU et de RAM chez Amazon Web Services, chez Azure ou chez Google Compute Engine.

La vitesse des disques virtuels attachés aux VMs d’OTC serait 15 fois supérieure, en moyenne, à celle du stockage direct chez la concurrence. Des mesures indiquent ainsi que les accès grimpent à 103.000 IOPS sur une VM c3 et dépassent les 83.000 IOPS sur une VM s2. Toujours selon ce comparatif, les offres équivalentes chez Google et Azure plafonnent à environ 15.400 IOPS, tandis qu’une VM m5 chez AWS stagne à 2500 IOPS.

OpenStack meilleur pour éviter la sur-allocation de ressources ?

« Nos bons résultats s’expliquent. Pour être compétitifs face aux géants américains du cloud IaaS public, nous avons investi d’une part dans du matériel haut de gamme, avec des interconnexions en Infiniband entre nos serveurs là où d’autres installent de l’Ethernet. D’autre part, notre cloud public repose sur OpenStack, lequel nous permet de minimiser la sur-allocation de ressources », indique au MagIT François Baranger, le directeur technique de T-Systems pour la France.

La sur-allocation, alias « over-commit » ou « over-provisionning » en anglais, est le fait d’attribuer bien plus de ressources virtuelles qu’il n’y a de ressources physiques pour les supporter. La supposition que cette technique soit pratiquée à outrance chez AWS, Azure et Google avait déjà été évoquée lors du récent entretien que LeMagIT avait eu avec l’hébergeur de cloud français Scaleway.

Selon sa documentation officielle, le module Nova de la plateforme OpenStack applique par défaut une sur-allocation des processeurs avec un ratio de 16 cœurs virtuels par cœur physique et de la mémoire avec 1,5 Go de RAM virtuelle, pour chaque Go de RAM physiquement présent dans un serveur. L’idée générale est que ces ratios correspondent à l’usage le plus courant de machines virtuelles qui n’utilisent pas toutes en même temps les ressources disponibles. T-Systems ne précise pas s’il a baissé ces ratios par défaut sur les VMs s2 d’OTC. Il jure en revanche que les VMs c3 ont été configurées avec un ratio de 1 pour 1 entre les ressources virtuelles et physiques.

Précisons qu’OpenStack dispose d’au moins deux sécurités pour limiter les abus de la sur-allocation. D’une part, la ligne de commande nova-manage offre des paramètres assez complets pour éviter qu’une VM descende sous un seuil de ressources et l’on peut supposer que si T-Systems évoque si ardemment le sujet, c’est parce que ses ingénieurs les ont précisément utilisés. D’autre part, OpenStack interdit à une VM de se déployer sur un serveur physique qui ne disposerait pas de l’équivalent physique du maximum de ressources virtuelles dont elle pourrait avoir besoin.

Puisque l’on ignore comment fonctionnent exactement les couches de virtualisation des grands clouds publics américains, nous pouvons aussi supposer que leurs problèmes de lenteur sont plus dûs à un trop grand nombre de VMs hébergées qu’à un surbooking du hardware.

Palmarès des VMs les plus rentables : OTC, puis AWS, Google et Azure

Au final, Cloud Spectator attribue des indices de performance par euro. Dans le palmarès des 15 formules les plus rentables, la machine virtuelle en cloud public la plus intéressante en Europe serait donc la VM s2.Large.4 d’OTC (2 vCPU et 8 Go de RAM, à environ 10 centimes de l’heure) avec un indice de 67. Toujours chez OTC, la VM c3.Large.4 équivalente se hisse à la seconde place avec un indice de 64, à cause de son tarif d’environ 13 centimes de l’heure. OTC monopolise ainsi les cinq premières places avec les déclinaisons de ces VM en 4 ou 8 cœurs et 16 ou 32 Go de RAM.

AWS apparaît en 6ème et 7ème positions avec ses VMs m5.Large et m5.XLarge qui offrent respectivement 2 vCPU-8 Go à 10 centimes de l’heure pour un indice de 55 et 4 vCPU-16 Go à 20 centimes de l’heure pour un indice de 52. Viennent ensuite les VMs équivalentes chez Google avec des indices compris entre 48 et 42, puis celles d’Azure avec des indices compris entre 39 et 32.   

L’extrait consulté par LeMagIT ne mentionnait pas d’autres fournisseurs d’IaaS public en Europe, alors que Cloud Spectator inclut d’ordinaire des acteurs comme OVH ou 1&1 dans ses rapports. Selon le comparatif paru en fin d’année dernière et dans lequel OTC ne figurait d’ailleurs pas, ces acteurs, mais aussi IBM SoftLayer, avaient eux aussi de meilleures scores que, dans l’ordre décroissant des performances, Google, AWS et Azure.

Ce rapport évoquait par ailleurs une notion absente du dernier comparatif : la variabilité des performances. Ainsi, 1&1 avait beau avoir le meilleur indice, ses VMs avaient les plus grands écarts de vitesse entre deux mesures. De même, ni SoftLayer, ni OVH, ni aucune autre offre évaluée n’arrivaient à atteindre la stabilité de Google, Azure ou AWS.

En revanche, il semble bien que le dernier comparatif soit le premier dans lequel quelqu’un – OTC, en l’occurrence – parvient à proposer du stockage plus rapide que le trio américain.

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