Cloud hybride : Pure Storage virtualise ses baies de stockage sur AWS
Le nouveau service en ligne Cloud Block Store d’AWS revient à une baie FlashArray virtuelle qui dispose de la même console, du même contrat et des mêmes performances que les SAN déployées sur site.
Pure Storage décline désormais des versions virtuelles de ses baies FlashArray dans le cloud public AWS. Ce service, appelé Cloud Block Store (CBS) est censé faciliter le passage au cloud hybride puisque les SANs déployés en ligne seront gérés par la même console Pure1 et le même contrat ES2 que les FlashArray installées sur site.
Une offre qui rappelle spontanément les baies SANs virtuelles CVO (Cloud Volume OnTap) que NetApp propose depuis déjà un moment sur AWS et plus récemment sur Azure. Pure Storage s’oppose néanmoins vigoureusement à cet amalgame.
« Nous ne nous sommes pas contentés de mettre en ligne une machine virtuelle qui mime les fonctions de nos baies, contrairement à nos concurrents ! », lance Rob Lee, l’architecte en chef de Pure Storage, lors d’un entretien accordé au MagIT qui a eu lieu dans le cadre de l’événement américain PureAccelerate organisé mi-septembre à Austin.
« Notre service CBS est un vrai développement qui utilise plusieurs rouages d’AWS pour garantir aux entreprises que les SAN Pure Storage qui y fonctionnent ont les mêmes performances qu’une FlashArray//X20. »
Basé sur EC2, EBS et S3
Dans la pratique, une baie SAN virtuelle CBS utilise une ou deux machines virtuelles EC2 – à des fins de haute disponibilité – qui exécutent le système d’exploitation classique Purity. Ces VMs enregistrent et lisent leurs données via des disques durs virtuels EBS. Ces derniers ne servent en réalité que de cache, car l’essentiel des données est stocké sur S3, le stockage objet d’AWS. L’ensemble doit garantir que les applications exécutées depuis AWS accèdent à leurs informations en moins d’une milliseconde.
« Il y a deux avantages techniques dans cette solution. Le premier est que nous utilisons majoritairement le stockage S3, qui coûte bien moins cher que les disques virtuels EBS dont se contentent nos concurrents. Le second est que Purity se charge en amont de dédupliquer les données, de sorte que l’on accède à un stockage utile quatre fois plus important que celui pour lequel on paie vraiment », ajoute Rob Lee.
Pour le coût de ce service, il faudra néanmoins sortir sa calculette. Si CBS est bien facturé au nombre de To utilisés, la licence concerne seulement l’exécution de Purity. Pour le reste, l’entreprise cliente devra payer elle-même à AWS les ressources EC2, EBS et S3 utilisées.
« Évidemment, cela va coûter plus cher que l’utilisation directe de disques EBS si vous ne mettez qu’un seul téra-octet en cloud. Les économies deviennent en revanche substantielles à partir du moment où l’entreprise stocke en ligne plus de 100 To », concède l’architecte en chef de Pure Storage.
Parmi les cas d’usages possibles de CBS, Pure Storage met en avant la possibilité d’activer en cloud une extension du datacenter en cas de pics d’activité ou une copie de secours des baies de stockage dans le cadre d’un PRA. L’intérêt du cloud étant de ne payer que lorsque l’on s’en sert, les baies virtuelles CBS seraient générées à la demande à partir des snapshots des baies physiques, éventuellement déjà stockés sur S3 via le service CloudSnap que proposait déjà Pure Storage.
Une seule souscription pour de la capacité sur site ou en cloud
Du point de vue commercial, CBS sera facturé selon les modalités du programme ES2 qui couvrait déjà la précédente offre CloudSnap on AWS.
Le programme ES2, qui consiste à payer des souscriptions selon la capacité utilisée, s’étend d’ailleurs désormais aux baies physiques elles-mêmes. « Ainsi, en payant exactement la même souscription mensuelle, vous pouvez par exemple commencer par déployer 500 To dans votre datacenter, puis décider au bout de quelques mois que vous n’utiliserez plus sur site que 250 To tandis que vous mettrez les autres 250 To sur CBS ou CloudSnap », explique au MagIT Matt Kixmoeller, en charge de la stratégie chez Pure Storage.
On notera que Pure Storage a profité de son événement pour changer les termes un peu confus du programme, à commencer par son nom : ES2 ne signifie plus Evergreen Storage Services mais Everything Storage Services
Pure Storage joue le cavalier seul
Il y a par ailleurs deux limites techniques à Cloud Block Store. La première est qu’il est à ce point lié aux rouages d’AWS qu’il faudra attendre un moment pour en voir des déclinaisons sur d’autres clouds publics ; autant dire que les banques, les principaux clients de Pure Storage en France, ne sont pas près de voir arriver CBS sur un cloud public souverain.
Un fait notable à ce propos est que Pure Storage a annoncé lors de son événement un nouveau partenariat avec Azure, le cloud public de Microsoft. Néanmoins, celui-ci ne concerne que le portage de CloudSnap.
La seconde limite est que, bien que la plus grande catégorie des clients de Pure Storage soit les utilisateurs de VMware, CBS est rigoureusement incompatible avec l’offre de cloud hybride VMware Cloud on AWS.
« VMware Cloud on AWS ne supporte que le système de stockage vSAN. Les entreprises pourront si elles le veulent nous voir comme un concurrent de VMware dans leurs projets de migration en cloud public. Mais sur ce marché, les concurrents ont tôt fait de devenir des partenaires. Des choses sont en cours. Nous trouverons peut-être un accord dans un proche avenir pour rendre CBS compatible avec VMware Cloud on AWS », glisse Rob Lee.
« Les partenaires sont justement ce qu’il manque aux ambitions cloud de Pure Storage », observe l’analyste James Governor, du cabinet RedMonk. « Pure Storage met tous les moyens en œuvre pour déplacer de manière transparente les traitements actuels du datacenter vers le cloud. Mais les entreprises qui passent au cloud hybride aspirent à transformer leur IT en un modèle où règnent les DevOps, les bases NoSQL ou encore Kubernetes. Pour embrasser cette transformation, Pure Storage doit s’associer à Google Cloud Platform, à Red Hat, à Github même », martèle-t-il.