Au-delà des discours, Dell Technologies recycle (aussi)

Pour souligner son engagement social et articuler sa vision technologique à l’horizon 2030, le groupe utilise, encore et encore, des messages dont certains ont près de deux ans. Sans être devenus obsolètes, ils apparaissent un peu usés.

Pas question d’obsolescence programmée : l’usure naturelle suffit à expliquer l’enthousiasme plus que modéré que peut avoir suscité le discours de Michael Dell lors du Dell Technologies Summit auquel le groupe avait convié quelques dizaines d’analystes et de journalistes, cette semaine, à Austin, au Texas.

Car la vision technologique développée n’est pas nouvelle. Michael Dell la répète à l’envi depuis bientôt deux ans : « hier, en 2007, le réseau cellulaire américain a transporté 86 Po de données. Aujourd’hui, 86 Po de données circulent sur ce réseau en 18 heures. Dans 10 ans, ce sera en 10 minutes. C’est une multiplication par un facteur 1000. C’est pour cela que l’on parle de la décennie des données », pour celle qui s’ouvre prochainement et court jusqu’en 2030.

Mais ces données ne sont pas centralisées : elles sont distribuées dans des silos dont le nombre est appelé à se multiplier avec le développement de ce que l’on appelle désormais l’Edge Computing. Le concept reste flou, même s’il semble falloir imaginer une sorte de nébuleuse de points de terminaison où sont produites et traitées des données, loin du centre de calcul ou d’un cloud central – mais « l’edge » peut aussi être une sorte de nuée de micro/nano/pico-clouds d’extrémité.

C’est dont là, au niveau de cet « edge » polymorphe qu’il va falloir déployer de la puissance de calcul pour tirer profit des données en exploitant l’intelligence artificielle. Ce qui, en soi, est loin d’être simple : car dans des systèmes massivement distribués, comment faire en sorte que les algorithmes d’apprentissage automatique tirent profit de toutes ces données pour aider à prendre des décisions éclairées ?

La vision n’est pas forcément erronée ni inintéressante, mais le message qui doit la porter commence à avoir été entendu ; Michael Dell le délivrait déjà l’an dernier. Et pour ceux qui n’auraient pas compris, l’idée clé est bien simple : Dell Technologies est uniquement positionné pour offrir le socle qui permettra d’exploiter des données à l’échelle des zetta-octets, mais massivement dispersées. Mieux encore, pour Michael Dell, « l’opportunité, c’est mettre ces données au travail pour aider les gens », et justement, « c’est la raison d’exister de Dell Technologies ».

Pour ceux qui ne l’auraient pas vu venir, c’est là le pivot d’où le message passe de la technologie à l’humanisme, à la responsabilité sociale. Parce que cette opportunité, c’est celle « d’une génération ». C’est donc à l’échelle de décennies qu’il faut regarder, pas à celle de trimestres. Le clin d’œil aux marchés boursiers, quittés un temps pour mieux y revenir, n’échappera à personne. Il permet de le réaffirmer : il y a un pilote dans l’avion, et il regarde loin au-delà de l’horizon (trimestriel).

Dès lors, la lettre de mission rédigée par Michael Dell renvoie à 2030, mêlant environnement et engagement social – notamment en matière d’égalité homme-femme, mais également de lutte contre les discriminations.

L’horizon est assez lointain pour que l’on n’attende pas de résultat immédiat, bien sûr, mais également pour se fixer des objectifs sans encore savoir comment les attendre. C’est par exemple le cas du recyclage complet d’un produit abandonné pour chaque produit acheté : « nous ne savons pas comment le faire, aujourd’hui. Mais c’est justement l’intérêt de la chose ».

Pour d’autres objectifs, comme le recours au renouvelable pour 75 % de l’électricité consommée par les implantations Dell, voire 100 % en 2040, l’ambition peut paraître moins audacieuse. Mais cela donne une certaine latitude pour pouvoir affirmer, peut-être un jour, avoir accompli une bonne partie du chemin en avance sur l’échéance. Coïncidence ou pas, c’est justement le cas pour les objectifs à l’horizon 2020.

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