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IDP : Cycloid adapte son modèle pour améliorer l’expérience développeur

L’éditeur français prévoit d’intégrer des plug-ins au sein de sa plateforme d’ingénierie. Un moyen de rassurer ses clients qui ne souhaitent pas repartir de zero dans la constitution d’une chaîne d’outils DevOps.

Le marché intéresse désormais Atlassian, ServiceNow, Datadog, Splunk, Dynatrace, Red Hat. Ce marché, c’est celui du platform engineering. Le principe ? Développer une chaîne d’outils, de services et de processus automatisés disponibles en libre-service, depuis un hub assurant la gouvernance des architectures et des infrastructures. La pratique, alignée avec les préceptes du DevOps et davantage dirigée par les Ops, passe par la mise en place d’une plateforme socle – un back-end – sur laquelle repose un portail interne des développeurs (IDP) – le front-end. Les deux sujets ont tendance à converger, selon Benjamin Brial, PDG et fondateur de Cycloid. D’où la nécessité pour la startup française de s’adapter.

« Historiquement, nous proposons une plateforme d’ingénierie », déclare-t-il. L’éditeur couvre déjà en grande partie la configuration, l’orchestration et la gouvernance des infrastructures à travers sa suite et une approche GitOps. Il s’agit maintenant d’améliorer l’expérience des développeurs.

« Nous avions déjà des éléments concernant l’observabilité pour donner des informations aux développeurs, mais nous étendons nos capacités dans ce domaine ».

Des plug-ins pour couvrir les besoins spécifiques des entreprises

Cycloid proposait cette notion de portail en libre-service pour déployer des instances et des composants logiciels clés. Mais certains de ses clients souhaitaient davantage de personnalisation. « Pour cela, nous avons revu tout notre back-end. Cela permet d’avoir une approche modulaire en proposant des fonctionnalités cœur que les entreprises souhaitent déployer ou non : le portail en libre-service, la plateforme d’orchestration, le suivi du cycle de vie des ressources, le FinOps et le GreenOps », explique-t-il.

A cela s’ajoutera d’ici à la fin du second semestre 2025, les plug-ins. Ceux-ci sont classés en trois niveaux : officiels, communautaires et spécifiques (« custom »). Cycloid prendra d’abord en charge Sentry, un logiciel APM et l’outil SAST/SCA SonarQube. Viendrons plus tard GitHub et Notion. « Avec le plug-in Sentry, nous faisons apparaître automatiquement les problèmes remontés [par l’APM] à différents endroits dans la plateforme », illustre Benjamin Brial. Le plug-in SonarQube surface les informations issues des scans de vulnérabilités et de détection de secrets dans le code.

Les plug-ins communautaires seront en premier lieu développés par des intégrateurs et des ESN. « Nous travaillons avec six des dix plus grands ESN du marché : Accenture, Capgemini, NTT, TCS, Sopra Steria et Orange Business », rappelle le fondateur.

Enfin, les plug-ins custom seront mis au point par les clients de Cycloid et les intégrateurs, en premier lieu pour leurs usages internes. Les développeurs auront accès à l’API de l’éditeur, des librairies VueJS et le langage de leur choix, dont Python, Go et JavaScript. « Les développeurs peuvent développer de nouvelles fonctions, de nouvelles tables sans que nous forcions la technologie », avance Benjamin Brial.

Il s’agit là de répondre au besoin de « 5 à 15 % » de spécifiques dont les entreprises ont besoin. « Aucun produit ne pourra y répondre, car cela concerne des flux de travail métier, des outils maison. Nous préférons concentrer nos moyens sur l’intégration aux 25 solutions les plus utilisées », justifie le dirigeant. « Cela nous permet de développer un écosystème ». De fait, les entreprises ont déjà déployé des solutions pour les Ops et les développeurs. Toutes n’adhèrent pas à la vision poussée par GitLab et GitHub consistant à remplacer l’ensemble de la chaine d’outils par une seule plateforme.

Après Sentry, SonarQube, Notion et GitHub, Cycloid envisage de créer des plug-ins pour Datadog, CyberArk, Splunk, Elasticsearch, ou encore ServiceNow.

En mars, il avait présenté la notion de composants afin d’obtenir une vue plus fine des éléments primaires qui propulsent une application. Depuis, l’éditeur a renforcé sa prise en charge d’OAuth, il permet à ses clients d’obliger la connexion à sa plateforme depuis un SSO (Azure AD ou GitHub) et a intégré un système de notifications à des fins de supervision. Il améliore le versionnage des stacks, des templates de configuration d’infrastructure et les fichiers associés. Il entend aussi simplifier la création de templates incluant des variables Cycloid, ainsi que la configuration visuelle de Terraform. En sus des plug-ins, au second semestre, l’acteur français prévoit d’optimiser la gestion des politiques de sécurité, des permissions et l’intégration avec les consoles de gestion des comptes des fournisseurs cloud.

Cycloid croit avoir sa place au milieu de Datadog, Red Hat ou ServiceNow

Oui, Cycloid dispose d’une certaine maîtrise en matière de gestion des infrastructures, mais les acteurs comme ServiceNow et Datadog tentent d’étendre leurs capacités sur le créneau de l’éditeur français. De fait, comme la startup, les éditeurs américains ont constaté la difficulté pour les entreprises de déployer leur propre plateforme d’ingénierie et portail interne de développeurs.

« C’est une excellence chose pour nous. Certains de nos clients qui ont déjà déployé les plateformes de ces acteurs nous expliquent qu’ils ne veulent pas être bloqués avec une approche propriétaire. Nos fondations et beaucoup de ce que nous proposons sont open source », assure Benjamin Brial.

« Nous nous sommes spécialisés sur le sujet de l’ingénierie de plateforme depuis cinq ans et nous pouvons déployer notre plateforme sur site et dans le cloud ».

Un positionnement qui séduirait de grandes organisations publiques de ce côté de l’Atlantique et de l’autre.

« Je ne pensais pas que le président des États-Unis favoriserait notre activité », s’amuse le dirigeant.

Auprès de ses « 250 à 300 clients », Cycloid déploierait en moyenne sa solution pour 100 à 500 ingénieurs et développeurs. « Nous ne facturons pas à la ressource, mais au nombre de sièges », relate Benjamin Brial. Une approche qui rassurerait les entreprises, puisque ce modèle est prévisible. « Si les scale-up diminuent leur investissement, nous avons de plus en plus de grands clients ».

Convaincre des organisations de plus petite taille est aussi un axe de développement pour l’éditeur. « D’ici l’année prochaine, nous espérons ouvrir notre plateforme en mode full SaaS avec un tier gratuit pour quelques personnes, ce qui devrait nous permettre d’attirer plus facilement de plus petites équipes », envisage le fondateur.

IA : Cycloid ne voit pas d’intérêt à « surfer sur la vibe »

Concernant l’IA, Benjamin Brial n’a pas changé d’avis. « Oui, il y a des cas d’usage, nous avons une équipe dédiée afin d’approfondir le sujet de l’IA, pour ne pas passer à côté, mais s’il s’agit d’ajouter des fonctionnalités au chausse-pied parce qu’il faut faire comme tout le monde, cela ne m’intéresse pas ». Certains parlent de vibe coding. « Nous n’avons pas le luxe de surfer sur la vibe », répond le fondateur de Cycloid.

« D’autant plus que nous tenons à notre certification B Corp que nous venons d’obtenir. Nous cherchons donc à limiter l’usage de très grands modèles de langage », poursuit-il.

Des fonctionnalités liées à l’IA générative arriveront du côté de Cycloid en 2026. Cela jouera pour « 5 à 10 % de l’expérience développeur ». Mais pour l’instant, ses clients « ne parlent jamais d’IA ». « Les DevOps que je connais ne prennent pas du code Terraform générée par une IA pour le pousser en production. Ils ne sont pas confiants quant au fait que cela fonctionne », illustre Benjamin Brial. « Nos clients ont des enjeux de montée à l’échelle de leur plateforme d’ingénierie, d’adoption de leur portail interne de développeurs. Rajouter de la complexité sur ces aspects n’en vaut pas la peine ».

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