Avec MobileIron et Pulse Secure, Ivanti se prépare de grands chantiers d’intégration
L’éditeur n’est pas étranger aux défis induits par les grosses acquisitions. Mais les redondances sont là nombreuses et d’importantes coupes peuvent être attendues.
Ivanti vient d’annoncer les rachats « stratégiques » de MobileIron et de Pulse Secure, avec l’aide de Clearlake Capital et TA Associates. L’opération valorise le premier à plus de 870 M$. Les conditions financières de l’acquisition du second n’ont pas été communiquées.
Dans un communiqué de presse, Ivanti indique concrétiser sa vision « en donnant à la périphérie Edge autonome avec autoréparation, le pouvoir d’assurer aux télétravailleurs une sécurité adaptative, et une expérience contextuelle et personnalisée ». Et d’assurer que la combinaison des trois éditeurs va « renforcer la position de leader d’Ivanti en matière de gestion unifiée du poste client, de sécurité Zero Trust et de gestion des services d’entreprise, fonctions critiques dans l’environnement de télétravail actuel ».
Concrètement, ces deux acquisitions ne manquent pas de soulever de nombreuses questions, tant les redondances semblent plus évidentes que les potentielles synergies.
Ivanti n’est pas étranger au marché de l’administration unifiée des terminaux des utilisateurs (UEM). Il figurait dans le carré des challengers de l’édition 2019 du quadrant magique de Gartner consacré à ce marché. MobileIron figurait lui dans le carré des leaders, aux côtés de Microsoft, VMware, IBM, BlackBerry, et Citrix.
Et pour cause : Ivanti a construit son offre d’UEM en s’appuyant notamment les outils d’administration de postes de travail traditionnels du portefeuille de Landesk. En puisant dans ses racines, en somme : c’est fin janvier 2017 que Clealake Capital a finalisé le rachat de Landesk à Thoma Bravo pour le fusionner avec Heat Software et faire naître ainsi Ivanti.
Au cours de ses années Thoma Bravo, LANDesk avait renforcé son offre avec plusieurs acquisitions, dont celles de LetMobile début 2014, dans le domaine des applications mobiles, de Naurtech un peu plus tard, dans celui des terminaux mobiles durcis, et d’AppSense, dans celui de l’administration du poste client.
De son côté, MobileIron est venu de la mobilité. Mais l’éditeur semblait quelque peu à la peine ces dernières années. Le départ surprise de son PDG arrivé début 2016, Barry Mainz, à l’automne 2017, a été vu par certains comme un signe. Simon Biddiscompe était directeur financier de MobileIron avant de prendre la succession de Barry Mainz. Fin 2017, Maribel Lopez, analyste et fondatrice de Lopez Research, n’y allait pas par quatre chemins : « lorsque vous nommez le directeur financier au poste de PDG, vous cherchez à vous vendre ».
Les redondances ne sont pas à chercher qu’entre Ivanti et MobileIron. Elles sont également présentes entre ce dernier et Pulse Secure. Avec Sentry et Tunnel, MobileIron avait commencé à avancer sur le terrain de l’accès distant sécurisé aux ressources de l’entreprise. Mais Pulse Secure est mieux établi sur ce marché, avec ses offres de VPN, mais également d’accès réseau sans confiance (zero-trust network access, ZTNA). Et ce n’est pas tout. Pulse Secure a également fait quelques avancées sur le terrain de l’UEM.
Pas de doute, donc, s’il y a des synergies, il y aura également des coupes à attendre dans ces redondances. Ce qui ne va d’ailleurs pas sans rappeler un peu les conditions du rachat de RES Software par Ivanti en juillet 2017. Quelques mois plus tôt, dans un entretien avec la rédaction, Al Monserrat, alors PDG de RES Software, expliquait ainsi que l’éditeur était « devenu très comparable à un éditeur comme Ivanti ».
Pour Hythem El-Nazer et Harry Taylor, directeurs exécutifs de TA Associates, « l’union entre Ivanti, MobileIron et Pulse Secure crée une plateforme unique dotée de capacités importantes et d’une équipe de direction très expérimentée ». Mais les efforts d’intégration seront importants. Comme le soulignait Al Montserrat, « le risque est toujours de finir avec une suite de produits qui ne sont pas bien intégrés, qui présentent des interfaces différentes, sans compter une base de code différente. L’intégration peut prendre des années ».
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