« ERP War » : Oracle donne des noms de clients « pris » à SAP

Pour appuyer les dires de Larry Ellison, son CTO et fondateur, sur sa dynamique positive face à SAP, Oracle a communiqué au MagIT une dizaine de noms de clients ayant un existant SAP et qui auraient choisi son cloud aux dépens des offres de l’Allemand. Un début de réponse qui ne terminera a priori pas le débat.

Entre SAP et Oracle, la tension est palpable dans l’ERP. Même si en France, les deux dirigeants locaux vont participer à un échange que l’on sait déjà courtois au regard des personnalités de Karine Picard et de Gérald Karsenti, la bataille des déclarations au niveau « Corp » est beaucoup moins cordiale.

D’un côté, Oracle affirme que le saut technologique que représente HANA est une opportunité pour lui et qu’il n’a « même plus besoin de faire du marketing pour que les clients SAP viennent » à lui (sic). L’éditeur met également en cause la dynamique cloud de SAP qui jouerait sur les définitions de ce « cloud ». Dans son style habituel, Larry Ellison, le fondateur de l’éditeur, promettait pour sa part de donner le nom d’un très gros client de SAP qui aurait « déserté » pour fuir HANA et S/4HANA et qui aurait trouvé refuge dans son cloud (et les Fusion Apps).

De l’autre, SAP répliquait en demandant à Oracle de citer ce nom (ou les noms) de client(s) qui seraient passés à son ERP cloud. Le CFO de l’éditeur allemand, lassé d’attendre, est même allé jusqu’à accuser à demi-mots Oracle de mentir. « Oracle ne nous a pris aucun client », lançait-il devant des analystes financiers (ce qui n’est pas anodin), en soulignant qu’il avait vérifié lui-même.

Cette semaine, Frédéric Chauviré, le responsable France de SAP (qui a aussi passé dix ans chez Oracle) nous l’a confirmé à nouveau dans un entretien. En France, Oracle n’a « chipé » aucun client ERP à SAP, assure-t-il en substance. Au contraire, « un seul acteur du CAC 40 a changé d’ERP cette année… et il est venu chez nous », réplique-t-il dans un sourire. D’après nos sources, il s’agirait d’un des plus gros acteurs de la grande distribution, dont le nom sera dévoilé lundi prochain lors des résultats officiels.

Oracle donne des noms

Questionné par LeMagIT, Oracle a décidé de répondre (« finalement », diront certains) en rendant publique une liste de noms de clients ayant migré de SAP vers Oracle.

Cette liste commence par le Français Korian, qui gère des maisons de retraite médicalisées, et qui a « remplacé SAP en Allemagne dans le cadre d’un deal multi pays », nous précise Oracle ; et le groupe chimique Arkema. « Ils ont décidé de faire évoluer leur solution de gestion des transports pour avoir une chaîne d’approvisionnement plus souple et plus fluide et un meilleur service à la clientèle. La suite d’applications Oracle Logistics dans le cloud a été choisie pour l’avenir dans un environnement hybride SAP »).

Au Royaume-Uni, Oracle revendique d’avoir gagné la Lloyd’s Bank (depuis 2017, ce qui pose la question de pourquoi ne pas l’avoir plus communiqué) et le Birmingham City Council.

En Europe, ArcelorMittal a choisi Oracle Transportation Management « pour simplifier leurs opérations logistiques en Europe, en les aidant à réaliser des économies sur un marché mondial de l’acier très concurrentiel ». Oracle France assure qu’il s’agit d’une migration depuis SAP.

Aux États-Unis, Oracle aurait également gagné le fabricant de semi-conducteurs Cohu. Le constructeur est passé aux modules financiers d’Oracle Cloud ERP, à Oracle Cloud SCM et à Oracle CPQ (Configure, Price, Quote) depuis des applications SAP sur site.

Les autres références viennent des marchés émergents du Moyen-Orient – Vodafone Qatar, Batelco (teleco du Bahrain, ERP et HCM) – et en Inde – Randstad India (qui a choisi le HCM cloud d’Oracle plutôt que SuccessFactor, mais qui garde S/4HANA pour les autres modules) et Omega Healthcare (ERP et HCM).

Cette liste de clients cloud a le mérite d’être un début de réponse. Mais elle est aussi intéressante pour ce qui ne s’y trouve pas. Il y a de grands noms (Lloyd’s, ArcelorMittal). Il y a des migrations entières vers l’ERP cloud d’Oracle. Mais il n’y a pas les deux en même temps. Pas besoin de faire un prédictif pour en déduire que le débat entre les frères ennemis va continuer.

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